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Citations sur Le coeur battant du monde (160)

Quand elles se pointent chez lui, dans son petit cabinet coincé entre les tanneries de Bermondsey et les sauciers de Sarson’s, c’est qu’elles portent une vie de trop, un enfant non voulu, ou bien des maladies qualifiées de gênantes, honteuses pour le client, invalidantes pour elles.
Markos Malte n’est certainement pas le meilleur médecin de Londres, loin s’en faut. Il n’est pas le seul à œuvrer dans l’East End. Il y a ceux des hospices, les médecins de l’hôpital, ceux qui ont pignon sur rue avec des cabinets bien propres, bien hygiéniques, des batteries d’infirmières et de grandes salles d’attente.
Malte n’a rien de tout cela. Pourtant, tout le monde le connaît dans l’ « Abîme », avec sa grosse besace qui lui plombe le dos et ses talons en bois usés comme des coins de menuisier. Personne ne lui a demandé s’il avait des diplômes. Il est réputé pour ses pilules à tout faire, pas cher et efficace. Il connaît son malheur. Il le pratique chaque jour. Pourtant rien ne le prédestinait à cette vie-là.
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Charlotte sent ses doigts contre sa gorge et la lame qui s’enfonce. Il s’agite. Elle se crispe. Elle étouffe.
Grey glisse la clef dans la serrure du tiroir. Elle entend le froissement des billets de banque.
Ma vie vaut moins que ce papier, pense-t-elle.
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Engels a gardé de ce jour la conviction vissée que toutes les bondieuseries n'étaient que des fadaises, qu'il n'y avait pas de destin, qu'il n'y avait pas de providence, que toutes les prières du monde n'étaient que des comptines bonnes à berner les sots, à rassurer les faibles, comme les superstitions. Adieu le bon Dieu ! Adieu ses anges !
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"Voilà un des secrets du plus beau bleu du monde. Et ne me demande pas pourquoi. J'en sais rien. Je sais juste que c'est vrai. C'est vrai depuis que mon père fait ça. Et mon grand-père aussi."
Freddy se déboutonne devant les cuves de tête, celles du premier rang. Toute la nuit, il va boire et pisser et parler avec Saltz.
Freddy aimerait lui ressembler.
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Engels aime ces slogans, ces appels à l'union, la plus large possible. Il l'encourage chez lui, dans sa propre usine. Ses ouvrières sont syndiquées. Elles sont probablement parmi les mieux payées du Lancashire et elles travaillent seulement treize heures par jour.
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Pour l'heure, elle dispose d'une adresse, à Eccles. C'est celle de l'usine qui porte son nom : Ermen &Engels.
Elle va bientôt savoir combien vaut son secret.
Charlotte arrache un peu de bourre au matelas. Elle la malaxe et la tasse pour en faire deux masses rondes qu'elle glisse dans sa chemise. Elle la referme puis la lace très serré pour gonfler sa poitrine.
"C'est mieux" pense-t-elle en remontant ses seins. Elle se trouve un peu plus digne et presque désirable. Il faut ça pour qu'un homme ouvre sa porte sans raison. Elle palpe ses hanches et sent le manche de son couteau de Sheffield. On ne sait jamais...
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Le cimetière est comme lui : en creux. il a été bâti un peu plus bas que le reste de la ville pour échapper au regard des vivants.
Freddy rassemble les fleurs balayées par le vent. Demain, ses violettes auront probablement roulé sur la tombe d'à côté. Quelle importance ! Il ne croit ni aux messes, ni aux cierges, ni aux cieux. Les prières sont pour lui des aveux de faiblesse et les fleurs, une sottise. Aucune pelletée de terre, aucun chant même sacré ne pourra combler le vide que Charlotte laisse.
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Charlotte rentre le ventre. À Londres, les filles-mères sans attaches finissent dans des workhouses à ravauder des tonnes de linge pour une bouchée de pain, tandis que leurs enfants sont confiés aux bons soins de l’Assistance
publique.
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Le Maure guette le moment. Il est à pied d’œuvre pour fonder une autre ligue. Plus étendue et surtout plus puissante. Une internationale qu’il a décidé de loger au cœur même du cœur battant du monde capitaliste. Ici, à Londres, capitale de l’empire le plus puissant de l’histoire. C’est de là que viendra le grand bouleversement. Car l’Empire britannique porte en lui ses propres contradictions. Les cloaques des faubourgs étendent leur lie jusqu’au pied des beaux quartiers. La fortune des machines, puissantes, increvables, aggrave la misère des serre-boulons parqués dans des taudis. Ce système est un mensonge. L’argent est un vampire sans maître, jamais rassasié. 
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Que représente un shilling pour ce couple d’étrangers ? Une misère ! À peine le prix d’un billet d’entrée pour la Grande Exposition universelle de 1851. Ils sont des milliers à débarquer chaque jour pour la visiter. Ils viennent de France ou d’Allemagne. La reine Victoria a fait construire un vaste bâtiment au beau milieu de Hyde Park. Un édifice de verre et de fonte baptisé le Palais de Cristal. Depuis le mois de mai dernier, il abrite en son sein toutes les vanités du monde moderne : un piano automate, une locomotive à vapeur, des métiers mécaniques et des dizaines de machines à vapeur capables de filer le coton, de le tisser ou de laminer l’acier. À l’entrée de l’exposition, un immense bloc de houille, d’une bonne vingtaine de tonnes, est érigé comme un totem. C’est lui qui fait tourner les usines d’Angleterre. Ce bloc est le cœur sec et froid d’un nouveau monde sans cœur.
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