De belles vacances en Espagne en bord de mer suivies du retour chez soi en Suisse. C'est le moment de vider les valises, de mettre le linge sale dans la corbeille, de coucher les enfants plus tôt.
Le lendemain sera le retour à la réalité, la reprise du boulot et de l'école.
Moment de nostalgie qui flotte...
Imaginez que vous preniez un verre au calme sur votre terrasse avec votre conjoint, chacun une partie du journal partagé entre les mains. Un de vos enfants se met à chouiner. Vous vous déplacez pour le calmer.
Le temps de faire quelques corvées par obligation, vous ne vous êtes aperçue de rien. Votre mari s'est levé du banc où il était assis, a franchi le portail de la maison et est parti en pleine nuit.
C'est ce qui se passe pour Astrid, la quarantaine et mère au foyer.
Le matin au réveil elle constate que Thomas n'est pas là. le soir il ne rentrera pas. Sa secrétaire ne l'aura pas vu au boulot de la journée.
Thomas a disparu dans la nuit. Comme ça, tout à coup, sans préméditation. La fuite. Comme pour arrêter le présent.
L'un l'autre, séparés de corps mais éternellement inséparables par la pensée et plus proches que jamais ? Décision irréfléchie, ras-le-bol ou volonté d'arrêter le temps ?
Astrid commence à comprendre qu'il ne reviendra pas. Dès lors on suit sa vie routinière à la maison. Ses interrogations et réflexions intérieures.
Dans un premier temps elle va mentir à ses enfants, Ella et Konrad, puis à la secrétaire de son époux par crainte du qu'en-dira-t-on. Puis elle va finir par prévenir la police.
Pendant ce temps c'est une vie d'errance pour Thomas qui est parti à pied, se cache des gens, creuse le plus de distance possible avec son domicile, marche pendant la nuit et se repose peu.
Il poursuit son chemin à travers champs, hameaux, villes, forêts et montagnes helvètes... Mais dans quel but et pourquoi ?
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L'un l'autre " est un roman déroutant et assez déstabilisant où il faut savoir lire entre les lignes pour distinguer la fiction de la réalité.
L'auteur s'est débrouillé habilement pour nous donner deux versions de l'histoire qui partent d'un élément crucial dévoilé dans le quatrième de couverture, et nous embrouille l'esprit par la même occasion. A nous de ne pas tomber dans le piège.
A quoi se fier ? A ce qu'on croit être la vérité ou préfére t-on la part de rêve et d'imagination ?
Peter Stamm parle dans ce livre du vide laissé par l'absence, de la solitude, des souvenirs, des non-dits. Il laisse planer des interrogations sur le couple, un homme une femme qui croient se connaître parce qu'ils vivent ensemble. Mais au final tout ça n'est que l'arbre qui cache la forêt enfouie dans la tête de chacun de nous. L'un ne peut voir les arbres torturés de l'autre.
Une belle écriture fluide de l'auteur, des descriptions magnifiques de la nature. Thomas est un personnage lambda qui plaque tout du jour au lendemain pour se perdre dans un " Into the wild " à la sauce helvète assaissonnée d'un zeste de noirceur.