Avec
le manoir des glaces,
Camilla Sten mise sur une intrigue de départ assez originale, puisque la protagoniste principale, Eleanor, est atteinte de prosopagnosie, c'est-à-dire qu'elle ne reconnaît pas les visages. Aussi, lorsqu'elle va croiser la personne qui vient tout juste d'assassiner sa grand-mère Vivianne, elle sera bien incapable d'en fournir une description à la police. Quelque temps plus tard, elle est convoquée au domaine familial de Haut Soleil par l'avocat de Vivianne, avec sa tante Veronika, pour finaliser la succession.
On découvre Eleanor, encore sous le choc du meurtre de sa grand-mère. Depuis ce jour, elle semble vivre dans un autre monde, où règnent peurs et cauchemars. Une grand-mère qu'elle n'avait pourtant pas l'air d'apprécier beaucoup, conséquence directe d'une histoire familiale complexe. Heureusement, son fiancé Sébastian est là pour la soutenir, et c'est à ses côtés qu'elle découvrira Haut Soleil, domaine isolé en pleine campagne, dont elle ignorait totalement l'existence jusqu'à présent.
S'il y a bien un point que je reconnais et apprécie chez
Camilla Sten, c'est sa façon de retranscrire l'ambiance. À peine arrivés à Haut Soleil, on sent se profiler le huis clos, et on reste sur nos gardes, attentifs au moindre détail, au moindre craquement dans la forêt, à la moindre petite ombre qui sortirait de l'ordinaire. Oui, car nous vivons tout sous le prisme d'Eleanor et de son handicap. Et, quand le gestionnaire du domaine, censé nous accueillir, demeure aux abonnés absents, une alarme s'allume dans notre esprit et on attend la suite du récit, non sans appréhension.
Camilla Sten use d'une construction narrative qui a fait ses preuves, la fameuse alternance passé présent. Grâce au journal intime d'une jeune polonaise, Anushka, nous allons découvrir l'histoire de Haut Soleil et de ses résidents, dans les années 60. Deux temporalités, deux récits, qui finiront inévitablement par révéler tous leurs secrets.
Pour faire monter la pression, l'autrice joue sur les grands classiques, tempête de neige, coupure de courant, etc., et la plupart du temps, cela fonctionne. Par ailleurs, le rythme est posé, assez lent même, permettant ainsi au lecteur de s'imprégner de chaque scène. L'intrigue est intéressante, et
Camilla Sten tire plutôt bien son épingle du jeu, même si j'en avais deviné une petite partie.
Cela dit, j'aurais aimé que l'autrice joue davantage sur la dimension psychologique du personnage d'Eleanor, car, avec sa prosopagnosie, il y aurait eu matière à rendre le suspense beaucoup plus haletant, plus addictif. En effet, il m'a manqué un je-ne-sais-quoi pour rendre l'ensemble véritablement captivant à mes yeux. J'aurais parfois aimé vivre plus intensément ma lecture, recevoir une bonne dose d'adrénaline à certains moments, de celles qui accélèrent le rythme cardiaque et vous donnent les mains moites.
J'ai passé un agréable moment de lecture avec
le manoir des glaces, mais j'en oublierais sans doute assez vite les détails, contrairement au Village perdu, qui est encore très frais dans ma mémoire, presque trois ans après l'avoir terminé.
Je remercie Babelio et la maison d'édition pour l'envoi de ce roman.
Ma chronique est sur le blog.
Caroline - le murmure des âmes livres