Alors… que dire de ce roman précurseur sur les tueurs en séries… 888 pages d'impressions à résumer va être difficile.
Partant sur un ouvrage policier basique, j'ai été très surprise. On est bien loin des clichés que l'on retrouve dans tous les livres du genre. Ici, nous ne sommes pas dans la tête d'un quelconque policier ou protagoniste mais… dans celle du tueur, au plus près du mal…
Les passages peuvent parfois en devenir choquants. Non pas par les faits mais surtout parce qu'abordés du côté de Bishop, les meurtres ne sont pas critiqués en eux-mêmes sur le moment mais considérés comme normaux, voire justiciables et surtout, avec plaisir…
Curieusement pourtant, ce tueur à la fois sexy et sanglant devient fascinant pour le lecteur. de la même manière que Kenton, le journaliste, on finit par penser un peu de la même manière que Chess Man. On en vient à espérer que la traque des policiers sera vaine, en ne montrant absolument aucune empathie pour les femmes massacrées. Si on ne peut toutefois excuser Bishop, on lui laissera le bénéfice de sa non éducation et de son traumatisme (avec réserves).
Vous l'aurez compris, ce roman est bien loin de
Mary Higgins Clark et, s'il n'est pas d'un suspense palpitant (puisque nous savons où se trouve le tueur et qui il est, contrairement aux autorités) on ne peut le lâcher pour autant.
Spécial donc mais très intéressant au niveau du point de vu meurtrier abordé ici.
Si j'ai également trouvé les passages sur Kenton captivants, certains autres m'ont paru très longs, notamment ceux avec les politiciens. Magouilles, sexe, corruption… ça fait parfois beaucoup. Surtout lorsque les descriptions s'éternisent… Ces longueurs m'ont parfois perdue, et si je me serais bien passée de certaines d'entre elles, il s'agit toutefois de faits réels pour la plupart. Chessman fut bel et bien exécuté en 1960, posa la question de la peine de mort et créa polémique aux USA. Peut-on aborder ce sujet en évitant la politique… pas sûr.
Politiciens cyniques, police incompétente, journalistes prêts à tout, quoi qu'il en soit, le mal est partout !
On se demandera tout de même si l'auteur n'est pas lui-même quelque peu misogyne… en effet aucune des femmes rencontrée dans le roman ne tient de place de choix. Elles restent décrites comme naïves ou manipulatrices et aucune ne sort du lot tout au long du récit…
[SPOILER]
La fin m'a laissée assez perplexe… l'auteur laisse planer le doute d'un échange de bébés à la maternité et je me suis demandé s'il ne cherchait pas également à induire la possibilité de deux tueurs ayant évolués en parallèle (comme cela avait été envisagé par les enquêteurs). Quoi qu'il en soit, pour moi, si une telle idée est à se poser, elle arrive comme un cheveu sur la soupe et je préfère laisser cette partie de la fin de côté. Cela ne me convainc pas du tout.
[FIN DU SPOILER]
En conclusion,
Au-delà du mal est d'un réalisme cru, parfois dérangeant comportant quelques longueurs et je vous le recommande fortement. Si vous êtes une femme, évitez toutefois de le lire avant de vous rendre dans un bar où vous risqueriez de rencontrer un beau jeune homme…