Ce qui frappe à la lecture de ce roman, c'est l'extrême réalisme de toutes les situations. Et c'est pour cela que j'ai été autant touchée par ce texte.
Le noeud de cette histoire c'est la relation qui lie Zoé à sa grand-mère, l'amour que l'une porte à l'autre et inversement. Zoé, qui voit sa grand-mère perdre la tête, devenir dépendante, vieillir, reste très présente, bienveillante, aidante. C'est très beau toute cette abnégation. Parce qu'avec Zoé, on assiste au meilleur, comme au pire. Les descriptions de moments de grande complicité, d'émotions et de souvenirs partagés contrastent avec celles des épisodes plus concrets de ce que peut aussi être la perte d'autonomie...
Tout cet aspect, jusqu'au dénouement, m'a vraiment prise aux tripes, trouvant écho dans mon propre vécu.
Alan Stratton n'épargne aucun détail. Et c'est aussi le cas pour tous les autres sujets traités dans ce livre. Et mine de rien, ils sont nombreux, variés et originaux !
Zoé vit avec ses parents une relation compliquée. Sans cesse dévalorisée, comparée à sa cousine Madi -qu'elle surnomme "Lèche-cul"- la jeune fille est en colère. Elle a d'ailleurs toutes les raisons de l'être. Madi est une véritable peste avec elle et s'amuse à mettre Zoé dans des situations compromettantes. Les parents de Madi, Jess et Chad, ne cessent également de se moquer de la situation un peu précaire des parents de Zoé, mettant en avant la leur, plus aisée. C'est assez horrible aussi tout ce pan du roman où l'on voit l'héroïne complètement embourbée dans une situation tendue que personne ne semble vouloir voir. Zoé se noie et Madi continue de lui maintenir la tête sous l'eau. L'auteur met à jour une autre forme de harcèlement, dans la cellule familiale.
De fait, un événement terrible (dont Madi est responsable) va précipiter la fugue de Zoé avec sa grand-mère. Comme un ultime appel à l'aide, toutes deux vont partir, fuir à Toronto, à la recherche de Teddy.
Le prénom de cet oncle mystérieux revient sans cesse mais on ne sait rien à part qu'autour de lui plane un secret honteux. Avec Teddy, on met le doigt sur un autre sujet, très important et peu traité dans la littérature ado. Dois-je vous en dire plus? Je ne crois pas non si je ne veux pas révéler un élément clé et surprenant du récit.
Harcèlement, vieillesse, conflits familiaux, problématiques adolescentes... tout est traité sans filtre, durement, et c'est ça qui est bien justement.
Il y a quelques passages un peu plus farfelus, incroyables - lors de la virée de Zoé et Mamie à Toronto notamment- mais il faut bien aussi un peu de piment, un peu de fantaisie pour éclairer la noirceur de l'ensemble.
La maison des Oiseaux est dur, violent, sombre mais il est aussi empli de la lumière et du bonheur au coeur de la relation privilégiée entre la grand-mère et sa petite fille.
C'est un roman très touchant qui, par la diversité des sujets abordés, l'émotion débordante, la violence inhérente, le réalisme percutant, ne pourra pas vous laisser complètement indifférent.
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