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Critique publiée sur Senscritique (2011)

Abdellah Taïa est un jeune marocain de Salé. C'est un beau garçon, qui ressemble un peu à Ali Baddou, en plus mince. Dans l'Armée du Salut, il raconte ses premières amours : l'éveil à la sexualité avec le fantasme de ce grand frère dont il se dit volontiers avoir été amoureux ; la rencontre de Jean, ce professeur de littérature française de Genève qui lui offrit tout à la fois l'amour, la culture et la douleur ; la langue française, son cinéma, sa littérature, qui l'ont mené en Europe.

L'histoire est parfois délicate, avec cette arrivée à Genève, abandonné de tous, trois francs six sous en poche, obligé de se tourner vers l'Armée du Salut pour dormir au chaud les premières nuits. Nul doute qu'en matière d'espoirs, Abdellah Taïa avait imaginé son arrivée en Europe différemment.

Qu'importe les coups durs et les coups bas : l'auteur tient bon, sourit, remercie, reste curieux et sensible, ne pleure pas, ne baisse pas les bras. C'est sa force : son courage. Un beau roman, un récit dont j'ai évidemment envie de découvrir la suite.
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Mon Avis : Saddhu

Ce livre m'a beaucoup touché dans ce qu'il sous entend de l'amour équivoque mais, surtout de respect pour ce grand frère porteur de tous les espoirs d'une famille. Mais également, car bien que non musulman, j'ai reçu une culture assez proche. Un garçon est fait pour se marier et fonder sa propre famille, car sans elle, point d'existence propre.

La lucidité qu'il porte sur les européens venant en vacances dans son pays pour comme il le dit : "... Se faire de petits marocains..." est sans appel. Il est conscient de l'image que les jeunes avides de quitter leur pays pour l'Europe, renvoient à tort ou a raison, mais lorsqu'il est pris pour un de ceux-là, aucun colère, aucune rancune, seulement de la tristesse et de la honte. Car on lui déni en tant que jeune homosexuel marocain, le droit d'avoir des sentiments vrais, non calculés.

Quant à son attente désespérée, d'un soi-disant ami, à son arrivée en Suisse, elle est éloquente de ce que pense d'eux ceux qui viennent pour faire dans un pays étranger ce qu'ils ne pourraient se permettre chez eux...des jouets, des gosselines dont on se débarrasse lorsque ils ont fini de plaire.

Ce livre est magnifique, plein de sensualité, d'émotions mais également de couleurs, de senteurs fortes rappelant que la plupart de l'histoire se déroule dans un pays du soleil ou tout est exacerbé.
Lien : http://chezvolodia.canalblog..
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Jai adoré ce roman, plein de délicatesse, de pudeur, de beauté. Les choses simples décrites avec précision. Tout se tient devant soi, comme un parcours. le récit du Maroc semble à mille lieux de l'image que l'on a de ce pays. Les gens ne sont pas toujours ceux que l'on croit et souvent à des années lumières de l'image qu'ils affichent, volontairement ou non.
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𝐿'𝐴𝑟𝑚é𝑒 𝑑𝑢 𝑆𝑎𝑙𝑢𝑡 aux éditions du Seuil est un récit autobiographique intime en trois parties. L'enfance, à Salé avec ses parents à l'histoire d'amour complexe, ses frères et ses soeurs. L'adolescence au Maroc, les premiers émois, les premières émotions, et l'augmentation du désir pour son frère ainé qui devient un modèle. Sa vie de jeune adulte, son arrivée en Europe rempli d'espoirs et de rêves afin d'intégrer l'université de Genève pour poursuivre ses études de Lettres. Cette arrivée commence à l'Armée du Salut. Dans les pissotières Suisses, il découvre ces hommes qui se matent, se désirent, se touchent…

Ce livre m'a beaucoup touché et bouleversé. Il permet de comprendre certains éléments des récits plus récents. L'écriture est franche, délicate, touchante, pudique. de nombreuses questions se posent. L'une d'entre elles transpercent cet ouvrage : Que signifie être libre ?
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On ne peut comprendre le pourquoi et le comment de ce court roman si l'on n'a pas à l'esprit ces mots :
-" le pain nu de Mohamed Choukri, qui m'a révélé à la littérature, c'est lui. Qui d'autre chez nous, sinon Abdelkébir, aurait pu acheter un livre pareil et, parce qu'il était interdit à l'époque, lui enlever sa couverture et le cacher, sous la bibliothèque, au milieu de ses slips tâchés de sperme ? J'ai lu et relu sans m'en lasser ce roman de la vie dure et terrible de Mohamed Choukri à Tanger."
Ces mots écrits par Abdellah Taïa disent tout de la raison pour laquelle il a écrit - L'armée du salut -, ainsi que comment et pourquoi son livre autobiographique a pu voir le jour, vivre sa vie littéraire sans être inquiété par la censure.
Mohamed Choukri, l'illustre référence avait déblayé le chemin, fait sauter les verrous de l'inquisition marocaine et détabouisé pour partie la sexualité et ses multiples composantes tels l'inceste et l'homosexualité ; il était devenu possible ( est-ce toujours le cas ? ) grâce à son roman - le pain nu -, que les plumes puissent se délier et que les auteurs abordent sans crainte des sujets jusque-là voués aux gémonies, à l'ostracisme, voire pire encore !!!...
À présent je suis perplexe car habitué à essayer de faire des présentations qui disent certaines choses, qui achalandent ou pas des lecteurs, vous révéler ne serait-ce qu'une infime partie de cette oeuvre très courte, n'est-ce pas priver le lecteur d'un peu ( mais ce peu est peut-être déjà trop ...) du plaisir auquel il a droit en acquérant ce livre sans savoir ce que disent les mots qu'Abdellah Taïa a confiés à chacune de ses pages et qui en constituent le sel de ce que sera votre découverte ?
Sachez néanmoins que le roman est en deux parties.
La première traite de l'enfance de l'auteur, son quotidien au sein d'une famille "aux liens très, très étroits", avec des parents et une fratrie très "typés"...
Ses relations de grande proximité de cadet avec son frère aîné.
Sa sexualité dans un contexte où le sexe est vécu d'une certaine façon.
Son adolescence et son homosexualité assumée.
La seconde relate un séjour en Suisse où l'auteur a obtenu une bourse pour parfaire ses études littéraires.
Son ami et amant devait l'attendre ; il n'est pas au rendez-vous.
Quelles vont être les conséquences pour ce Marocain de cette défection ?
C'est à vous de le découvrir.
Après la tempête Choukri, nous sommes dans des eaux qui peuvent paraître troubles... mais de l'eau a coulé sous les ponts du Maroc et d'ailleurs.
J'ai aimé lire les deux parties.
Celle marocaine est plus excitante, plus romanesque, peut-être parce que anthropologiquement, sociologiquement et culturellement plus exotique.
Mais la seconde a peu à lui envier, sinon le fait d'être un peu moins riche... un peu plus "européanisée" ou européanisante.
En conclusion, je vous conseille de lire d'abord - le pain nu - avant de vous attaquer aux sandwichs au gruyère de - L'armée du salut -
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Dans ce roman, Abdellah Taïa revient sur certains épisodes de son passé, de ses années d'enfance marocaines à celles où, jeune adulte, il découvrit l'Europe en vivant à Genève puis à Paris.

Une grande partie de "L'armée du salut" est consacrée à l'amour qu'il vouait à son frère aîné, Abdelkébir. Un amour inconditionnel, possessif, sensuel, qui semble avoir constitué les prémices à sa découverte du désir, à son attirance pour le corps masculin.
Il y évoque certains des autres membres de sa famille, parmi lesquels sa mère, M'Barka, femme charismatique et un peu sorcière, ou encore son père Mohamed, à qui est d'ailleurs dédié ce livre.
Par la description de scènes de la vie quotidienne parfois théâtrales (les disputes entre les deux parents sont de véritables moments d'anthologie !), de souvenirs parfois très intimes, le lecteur a un aperçu de l'ambiance qui régnait au sein de cette grande famille (Abdellah a au total huit frères et soeurs) où l'on vivait dans la promiscuité, mêlant les odeurs, la sensation des peaux les unes contre les autres, le souffle des respirations, le bruit familier des ronflements ...

"Dans ma tête, la réalité de notre famille a un très fort goût sexuel, c'est comme si nous avions été des partenaires les uns pour les autres, nous nous mélangions sans cesse, sans aucune culpabilité".

Le récit fait ensuite un bond quelques années plus tard : nous retrouvons Abdellah en Suisse ; il vient y poursuivre ses études dans l'université où enseigne Jean, l'amant qu'il a quitté récemment.
La personne qui devait venir le chercher à l'aéroport de Genève lui a fait faux bond, et il se retrouve seul, perdu, frigorifié. C'est ainsi qu'il échoue à l'Armée du salut.

Abdellah Taïa donne vraiment l'impression, dans ce roman, de se mettre à nu. Il s'exprime avec une sorte de candeur sincère, presque enfantine, sans tabou, laissant parler son coeur. Il en résulte un récit fort touchant, parfois troublant, qui met en évidence la spontanéité, la générosité et le criant besoin d'amour du narrateur (qui, vous l'aurez compris, est aussi l'auteur).


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Voici un roman court dont j'ai beaucoup entendu parler, celui ci raconte la vie d'un jeune adolescent qui découvre ses premiers émois, la découverte de l'amour mais surtout de son homosexualité.
L'auteur d'origine marocaine va nous raconter comment tout cela a commencer, l'admiration de son frère qui suscite de nombreuses sensations, l'admiration, l'amour, l'envie mais aussi la jalousie lorsque son frère décidera de sa marier, il va perdre son "mentor".
En grandissant il découvriras de nombreuses expériences.
Ce roman est puissant et admirablement sincère, l'auteur se livre sans pudeur.
Une belle découverte.
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Que dire sur ce roman autobiographique? En un mot: touchant. L'histoire d'Abdellah Taia est touchante ainsi que son écriture est captivante. Abdellah Taia dit toujours dans des émission " qu'il faut donner des coups à la langue française" et ce qu'il fait! Personnellement, j'ai pris un réel plaisir à le lire, je me suis identifiée à lui: la vie au Maroc entre familles nombreuses et pauvreté et surtout l'espoir d'une liberté. Cette liberté qu'il pensait l'avoir en Occident mais avant de jouir d'elle, il a du affronter beaucoup choses dures comme dormir à la rue. Heureusement, qu'il existe des associations, organisations humanitaires telles que l'Armée du salut...
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Ce récit autobiographique est très touchant. L'auteur se dévoile, nous partageant des souvenirs intimes, des sentiments, des expériences, mais tout en pudeur. J'ai beaucoup apprécié sa plume qui est belle et douce, ainsi que le rythme qu'il a donné au récit, entremêlant des époques et des souvenirs.
J'ai été quelque peu étonné par autant de franchise et par la façon dont il évoque des sujets "tabous", notamment l'amour excessif qu'il porte à son grand-frère (que l'on pourrait considérer comme de l'inceste), et l'homosexualité qui est encore un sujet sensible au Maroc. Ce jeune homme découvre la vie, il aime la littérature et désire aller vivre à Paris, mais il se rend compte que cela ne se passe pas toujours comme nous le souhaitons. Il aime un homme qu'il ne comprend pas toujours, et se retrouve un peu perdu loin de chez lui et de sa mère.
J'ai été un peu étonnée par cette franchise quelque peu glaçante parfois, notamment concernant le regard que l'auteur porte sur certain(e)s de ses compatriotes prêts à tout pour quitter le pays (comprenez par là mettre le grapin sur un Occidental).
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Ce livre m'a beaucoup touché dans ce qu'il sous entend de l'amour équivoque mais, surtout de respect pour ce grand frère porteur de tous les espoirs d'une famille. Mais également, car bien que non musulman, j'ai reçu une culture assez proche. Un garçon est fait pour se marier et fonder sa propre famille, car sans elle, point d'existence propre.

La lucidité qu'il porte sur les européens venant en vacances dans son pays pour comme il le dit : "... Se faire de petits marocains..." est sans appel. Il est conscient de l'image que les jeunes avides de quitter leur pays pour l'Europe, renvoient à tort ou a raison, mais lorsqu'il est pris pour un de ceux-là, aucun colère, aucune rancune, seulement de la tristesse et de la honte. Car on lui déni en tant que jeune homosexuel marocain, le droit d'avoir des sentiments vrais, non calculés.

Quant à son attente désespérée, d'un soi-disant ami, à son arrivée en Suisse, elle est éloquente de ce que pense d'eux ceux qui viennent pour faire dans un pays étranger ce qu'ils ne pourraient se permettre chez eux...des jouets, des gosselines dont on se débarrasse lorsque ils ont fini de plaire.

Ce livre est magnifique, plein de sensualité, d'émotions mais également de couleurs, de senteurs fortes rappelant que la plupart de l'histoire se déroule dans un pays du soleil ou tout est exacerbé.
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