fascination et répulsion des
Irezumi.
Le roman tire son nom d'une technique de tatouage japonais qui couvre une très grande partie du corps. Tatouage tabou et déprécié dans les années 40 puisque pratiqué en générale par les Yakuza et leur compagne.
Kinué Nomura, fille aux moeurs plutôt légères d'un célèbre tatoueur en porte un qui attire toutes les convoitises. Un Orochimaru si bien réalisé qu'on le dirait vivant sur la peau de sa propriétaire. Quelques jours après avoir remporté un prix de beauté, la belle est retrouvée assassinée, du moins quelques morceaux seulement, puisque son tronc et son magnifique tatouage manque à l'appel.
Au prétexte de retrouver le fameux corps manquant, l'auteur nous entraine dans un polar en chambre close (enfin en salle de bain close ici) à la façon nippone dans un Japon d'après guerre. Culturellement enrichissant et teinté d'une modernité qu'on n'aurait pas cru trouver ici,
Irezumi est un roman intéressant.
Par son rythme déjà. Paru en 1948 au Japon, il ne faut pas s'attendre au rythme effervescent des polars d'aujourd'hui, la police est clairement dépassée et préfère s'adjoindre les services d'un prodige qui résoudra l'enquête en deux coups de cuillères. Une enquête et résolution vraiment bien ficelée et alambiquée quand on connait le fin mot de l'histoire mais qui n'a pas sa priorité ici. Comme si elle semblait être un prétexte à l'histoire avec un grand H. Situé deux ans après la guerre, le Japon émerge à peine du chaos, les traumatismes se ressentent et pèsent sur l'ambiance.
Par son ode, ensuite, sensuelle aux tatouages dont les motifs érotisés et encrés dans l'ombre à l'abri des autorités sont sujets à l'obsession. Collection macabre de peaux post-mortem pouvant conduire jusqu'au meurtre ? A vous de voir.