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4,18

sur 430 notes
Prenant.

Dans un pays fictif dictatorial à la culture et avancement technologique contemporains, qui ferait rougir de honte la Corée du Nord, un programme militaire oblige une classe entière de jeune adolescents à se battre à mort sur sur une île. Tous les coups sont permis. Il ne peut en rester qu'un.

Si le pays est fictif, l'oeuvre étant japonaise, vous n'aurez peut être pas tous les codes de lecture, mais cela passe très bien.
L'oeuvre est arrivée dans ma PAL au moment de la sortie des premiers Hunger Games, une dizaine d'année après. Avec polémique à la clé et faux procès en intention de plagiat. Cela a redonné de la visibilité à ce roman bien plus mature, adulte, édifiant et puissant que sa pale copie pour ado.

Loin d'être un roman gore ou d'action, loin d'un destination finale avec ses images et ses sanguinolentes et spectaculaires morts en cascade, Battle royale nous emmène dans les profondeurs de la psyché humaine en parcourant les 42 individualités, leurs réactions et leur passé.
Si ce n'est pas non plus une mièvrerie dégoulinante de bons sentiments pour future adaptation de blockbuster américain, les personnages principaux restent extrêmement attachants et le fil rouge de leur devenir nous pousse à dévorer ce livre.
On pourra s'agacer de quelques longueurs destinées à donner plus de profondeur à quelques futurs morts et de consistance à l'univers crée par l'auteur qui a l'intelligence de ne pas en faire une resucée de 1984 avec son cortège de « vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir », car son roman aurait été alors trop glauque pour attirer les foules.

Il y a de l'espoir, souvent déçu, de la passion, des bons sentiments car aucun de ces jeunes n'étaient destinés à devenir des monstres. Un voyage au bout de l'enfer mais en croisière cinq étoiles.
A lire.
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Pour la classe de 3èB du collège municipal de Shiroiwa, ce qui aurait dû être un sympathique voyage scolaire se transforme en cauchemar lorsque, après avoir été endormis par un gaz, ils se réveillent dans une salle de classe inconnue devant trois soldats armés et un homme qui prétend être leur nouveau professeur principal. La surprise passée, s'installe la terreur. Leur classe a été choisie pour participer au Programme. Et le principe en est simple : ils sont 42 et à la fin il n'en restera qu'un. Lâchés sur une île déserte de la mer de Seto, ils ont pour seule consigne de s'entretuer...

Dans un Japon devenu La Grande République d'Asie, un régime totalitaire commandé par un Reichsführer, le Programme peut concerner à tout moment n'importe laquelle des classe de 3è. Les élèves sont alors isolés, souvent sur une île, armés et le cou enserré d'un collier explosif qui permet de les localiser et de les éliminer s'ils pénètrent dans une zone interdite ou si le commandant estime que le jeu traîne en longueur.
Bien sûr c'est un choc pour ces adolescents qui n'imaginaient pas devoir un jour faire du mal à un camarade de classe, un ami peut-être. Certains, naïfs, ne peuvent croire qu'un des leurs se prendra au jeu et pourtant, la 3èB du collège municipal de Shiroiwa n'est pas composée d'enfants de choeur. C'est une classe hétéroclite avec ses sportifs, ses geeks, ses mauvais garçons, et les filles ne sont pas en reste, parmi elles, certaines sont douces, amoureuses, bonnes élèves, d'autres sont plus délurées, pragmatiques, prêtes à tout pour sauver leur peau.
Car là est bien le problème auxquels ils seront confrontés : à qui se fier ? Quand les amis d'hier deviennent des ennemis sanguinaires, quand accorder sa confiance peut s'avérer fatal, on ne peut plus compter que sur soi-même et affronter son destin.
Parmi les élèves, Shûya Nanahara, sportif accompli et fan de rock américain, une musique jugée subversive par le pouvoir en place, imagine réunir ses camarades pour tenter d'attaquer les militaires qui les surveillent. Mais cela reste un voeu pieux et très vite les morts s'enchaînent. Pourtant, il réussit à retrouver la jolie Noriko dont son meilleur ami était amoureux et s'associe à Kawada, un nouvel élève venu de Kobé. le trio ainsi constitué va essayer de survivre, porté par Kawada qui aurait LA solution pour s'évader de l'île. Mais pour cela il faut survivre au milieu des tirs, des attaques surprises, des trahisons, des faux rapprochements...
Souvent comparé à Hunger Games, Battle Royale est à la fois plus dur et plus fin que son célèbre successeur. Plus dur parce que le sang coule à flots, que les meurtres sont décrits avec minutie dans toute leur horreur, parce qu'il ne faut s'attacher à aucun personnage tant il est susceptible, bon ou mauvais, de se faire trucider la page suivante. Et plus fin parce que la psychologie des personnages est plus approfondie et les mécanismes de survie mieux analysés. C'est aussi un roman plus politique, un pamphlet contre le Japon, décrit comme une société obéissante, peu prompte à se rebeller contre les décisions iniques du pouvoir, un pays apte à basculer vers la dictature avec l'accord tacite d'un peuple de moutons.
Mais Koushun Takami sait doser ses effets et au milieu de toute cette noirceur il ménage à son lecteur des plages d'éclaircies illuminées par l'amour, l'amitié vraie et la possibilité pour chaque individu de rester humain et intègre en toute circonstance. Ainsi que de vraies pistes de réflexion sur les sentiments, la confiance, l'instinct de survie, le sens moral, la politique.
Même si le style n'est pas fabuleux, Battle Royale se dévore tout de même de bout en bout et réserve son lots de surprises jusqu'à la toute fin. Glaçant et réaliste.
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Ce que j'ai ressenti:…Foudroyante Battle de coeurs battants…



Au final, il n'en restera qu'un…

Ceci n'est pas une mauvaise blague, ni la bande annonce de « The Voice »… Les « Battle » sont bel et bien mortels, cruellement réels, sauvagement sanglants. Cette classe de 3ème n'aurait jamais pensé être l'élue du Programme, et pourtant, il va falloir à ses jeunes gens beaucoup de courage et de détermination, pour ce réveil effroyable sur cette île retirée, terrain de jeu miné, il faudra survivre… Survivre aux autres.

« Aujourd'hui, mes petits amis, vous allez vous amuser à vous entre-tuer! »

Quand tu tiens en main ce beau volume de quelques 800 pages et que tu devines par avance, que ça ne va pas être de la guimauve: prévois-toi dans ton planning, une sacrée plage de moments dans lequel tu vas pouvoir te confronter à l'ignoble, à l'éventuel monde imaginaire de violence extrême , et appréhender une nouvelle façon de jouer. Je te mets juste en garde, ô toi le lecteur curieux, parce que ça envoie niveau émotions diverses ainsi que mises en scènes atroces…Et pourtant, il y a une certaine addiction qui se crée, car tu ne peux laisser à leur triste sort, ses enfants…Jusqu'à la dernière page, tu espères : que le jeu s'enraye, que l'humanité triomphe…

"Ni peur, ni doute, jamais…"

Koushun Takami ne se contente pas de livrer une histoire morbide sans morale, non, il nous livre dans cette trame d'horreur, une étude psychologique de la peur, avec en exemple, des adolescents pleins de sentiments contraires dû à leur âge difficile, sur une aire prédéterminée, avec une règle du jeu implacable. Il nous fait réaliser à quel point le doute peut envahir les esprits fragiles, comme il s'insère insidieusement dans les comportements, jusqu'à quel point, il peut rendre fou…Une classe entière de gamins, plus ou moins unis dans le quotidien va être contrainte d'éliminer, un à un, ses camarades, au dépit de l'amitié, au détriment de l'amour…Il suffit d'une étincelle, parfois, pour que le carnage se déclenche…L'auteur réussit le pari à créer cette atmosphère de tension très particulière de confiance bafouée, au delà des volontés premières des participants. C'est le Jeu, parce que l'Autre le joue. C'est l'Instinct de survie qui domine parce que les règles sont ainsi. Toute l'horreur se tient là, toute l'intensité se joue là. Dans cet unique sentiment: la peur…

"Parce que si tu commences à douter, alors oui, tu peux douter de tout, absolument de la moindre petite chose, tu peux douter. Mais si tu doutes de tout, il faudra que tu t'entoures de tellement de précautions que tu ne pourras bientôt plus bouger le petit doigt."

Si les minutes et l'espace de jeu se réduisent inexorablement pour ces petits héros malgré eux, pour toi aussi, lecteur, le temps prend soudain une autre forme, il s'étire aux souffles de vie qui se perdent… Te voilà confronté à un régime politique totalitaire, à une hécatombe d'innocents, à l'horreur de Battle Royale. J'ai lu ses pages, avec la gorge serrée, heureusement qu'il y avait des notes de douceur auxquelles se raccrocher parfois, mais clairement ce livre te hante. Cette folie t'accompagne dans ton espace intérieur, te déstabilise dans cette illusion de jeunesse candide, te frappe aussi sûrement que le plus déterminé des joueurs, t'atteint en plein coeur de tes convictions utopistes…

S'il n'en restait qu'une, pour vous convaincre de lire ce livre, je serai celle là…

Ma note Plaisir de Lecture 10/10.


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Avant la série Hunger Games, il y a eu Battle Royale. Les ressemblances sont à ce point inouïes qu'il semble impossible qu'un roman n'ait pas influencé l'autre. Dans l'oeuvre de Koshun Takami, écrite et se déroulant dans un univers dystopique à la fin du XXe siècle, l'empire japonais est devenu la République de Grande Asie dirigée par le Reichsführer. Est-ce que la Seconde Guerre mondiale aurait tourné en faveur de l'Axe ? Ou est-ce que la défaite aurait plongé le pays du soleil levant encore davantage dans le totalitarisme ? Ce n'est jamais éclairci mais je suppose que ce n'est pas si important. Il suffit de savoir que, chaque année, on procède au Programme. Il s'agit d'une simulation (très réelle) de combat : «laisser se battre entre eux les élèves d'une classe jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un seul survivant, l'objectif étant de recueillir diverses données statistiques sur le temps mis par le champion à exterminer le reste de la classe.» (p. 51) Par la force des choses, c'est devenu un outil de propagande.

Cette explication ne m'a pas complètement convaincu. À quoi servent ces données ? Pourquoi recourir à ce moyen en particulier pour les recueillir (n'en existerait-il pas d'autres moins couteux en vies humaines) et, surtout, pourquoi y recourir depuis si longtemps ? On y sacrifie année après année cinquante classes de 42 élèves, soit 2100 jeunes. C'est beaucoup d'adolescents à envoyer à l'abattoir ! À part le Programme, le reste de l'univers n'est pas particulièrement expliqué, encore moins décrit. Les quelques souvenirs racontés en flashback ne laissent deviner qu'un pays assez semblable au Japon moderne, exception faite du régime totalitaire.

Quoiqu'il en soit, on ne s'y attarde pas. Assez rapidement, les adolescents sont transportés sur une île et, tout aussi rapidement, la violence commence. En effet, dès les premières minutes du «jeu», les participants tombent les uns après les autres. La première journée est un véritable carnage. Ceci dit, c'était nécessaire : 42 jeunes, ça fait beaucoup de personnages à retenir. Surtout avec tous ces noms japonais qui peuvent devenir difficile à mémoriser ou distinguer. Même après que la moitié fut tombée, je mélangeais encore plusieurs des survivants.

Heureusement, l'intrigue suit principalement une poignée des adolescents, en particulier Shûya Nanahara (un athlète un peu rebelle (selon les critères japonais)), Noriko Nakawada (la copine de son meilleur ami) et Shôgo Kawada (le survivant d'un des Programmes de l'année précédente). Ces trois-là formeront assez tôt une alliance qui leur permettra de figurer parmi les derniers survivants. Puis, l'intrigue attache une certaine importance à d'autres qui qui luttent pour leur survie comme Shinji Mimura (le génie informatique) ou d'autres qui se lancent à fond dans le jeu, indifférents à tuer tout le monde, comme le froid et calculateur Kazuo Kiriyama.

La plupart des autres adolescents ont droit à une quelconque présentation, allant de quelques lignes à quelques pages. À leur minute de gloire, en quelque sorte ! En fait, c'est plutôt intelligent de la part de l'auteur (ou cruel, selon le point de vue) : beaucoup de ces personnages secondaires et leur petite histoire personnelle, ils sont présentés quelques moments seulement avant leur mort. Ainsi, on les apprivoise, on apprend à les connaître, à s'intéresser à eux alors qu'il est presque trop tard.

Parlons-en, de leur mort ! Certaines scènes sont assez crues. Je dois reconnaître l'imagination de l'auteur. Prévoir la chute d'autant de jeunes sans que ça devienne répétitif, c'était tout un défi. le lecteur a droit è des duels, des luttes serrées au corps à corps, des attaques embusquées, des fusillades, des explosions, des empoisonnements, etc. Que ceux qui n'aiment pas la violence s'abstiennent.

Un autre aspect dans lequel l'auteur excelle, c'est dans le suspense. Et ça, du début jusqu'à la fin. Ceux qui semblent les plus forts tombent rapidement, ceux qui sortent indemne de duels époustouflants meurent bêtement peu après, ceux qui en réchappent de peine et de misère, blessés, restent en vie plus longtemps que ce à quoi on se serait attendu. C'est le monde à l'envers. Mais bon, quand l'instinct de survie est en jeu, n'importe quoi peu arriver. Aussi, véritables intentions de plusieurs adolescents restent cachées. Dans un jeu où seul le dernier survivant gagne, est-il possible de faire confiance aux autres ? Même aux amis d'enfance ! Certaines alliances se créent, mais constituent-elles un moyen de survie temporaire ? Qui trahira qui ? Dans un tel contexte, que valent l'amitié et l'amour ?

En somme, comme pour beaucoup de romans de science-fiction, l'idée est original mais le style est plutôt ordinaire. On est entrainé par l'action et le suspense (très réussis) mais on y retrouvait beaucoup de longueurs. Une fois la lecture terminée, qu'en reste-t-il ? Je l'ai appréciée sur le coup mais ce n'est pas le genre de livre que j'aurais envie de relire.
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Comme beaucoup, j'ai lu Hunger Games et puis j'ai entendu dire qu'il était inspiré d'un roman encore plus noir, Battle royale.
Plus noir, il l'est indéniablement, mais pas seulement. Les aspects psychologique et politique y sont traités de manière bien plus poussée, puisqu'ici les jeunes participants sont des camarades de classe.
Imaginez-vous. Vous êtes en classe de 3ème, en plein préparatifs pour une sortie scolaire. Mais vous vous réveillez avec vos camarades dans une salle lugubre, face à un professeur d'un genre spécial, pour le plus ignoble des jeux : une île, des armes, un seul survivant.
Impossible de tuer ses amis ? Pas si sûr, Koshûn Takami décortique l'âme humaine dans cette dystopie qui semble terriblement plausible, et dans laquelle les messages sur la politique en Asie (et ailleurs) ne manquent pas.
Les 800 et quelques pages ne seront pas un souci, tant ce roman vous tiendra en haleine et à bout de souffle dans cette course effrénée pour la vie.
Alors, et vous, seriez-vous le tueur ou le héros ?
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Avertissement : Battle Royale peut générer des troubles momentanés dans votre quotidien (cauchemars, insomnies, nausées). Chez certains lecteurs, cet ouvrage peut également occasionner un dédoublement fonctionnel : assurez-vous donc que vous pouvez lire en vidant votre lave-vaisselle, en vous brossant les dents, en marchant (!) – liste non exhaustive – avant de vous lancer.

Vous l'aurez sans doute compris, Battle Royale exerce une attraction hors du commun.

Il agit sur l'humain comme un aimant dont les pôles seraient différents – oui car je rappelle que les pôles identiques, eux, se repoussent et je ferme cette parenthèse électro-magnétique avant de perdre définitivement votre attention. Il est donc absolument impossible, et ce bien qu'il ne soit pas exempt de défauts, de le lire autrement qu'en le dévorant.

Cette accoutumance résulte selon moi de la combinaison de deux éléments : une intrigue angoissante qui attise fatalement la curiosité morbide du lecteur (puisqu'il ne peut en rester qu'un, qui diable va s'en sortir ?) et une construction narrative plurielle qui alterne, à chaque chapitre ou presque les points de vue – construction qui semble d'ailleurs avoir le vent en poupe ces derniers temps cf. Sorry ou encore Game Of Thrones. Battle Royale repose, en conséquence, sur une structure sadomasochiste qui dépeint des personnages voués à mourir.

L'unique oeuvre de Koushun Takami est donc indissociable d'une extrême violence : physique d'une part car l'auteur y décrit avec un réalisme mi gore mi glacial les différents meurtres, psychologique d'autre part car il y révèle avec une minutie particulièrement déstabilisante les réactions de tout à chacun face à une mort programmée. D'une certaine manière, Koushun Takami reprend la plus célèbre des interrogations littéraire ("To be or not to be, that is the question") mais y insuffle une intensité nouvelle : assassiner ou être assassiné ?

Parce qu'il anéantit toute frontière entre victimes et bourreaux, Battle Royale livre, selon moi, avant tout une réflexion morale. Il oblige en effet à redéfinir complètement nos présupposés éthiques : est-il acceptable de tuer pour survivre (autrement dit, la fin justifie t-elle les moyens ?). Au gré des chapitres, Koushun Takami pose également la question la plus fondamentale en matière de relations humaines : peut-on – et surtout faut-il – avoir confiance ? Cette interrogation est d'autant plus cruciale que l'amour et l'amitié s'évaporent aisément dans un monde alternatif comme celui-ci.

L'auteur rend donc compte, à mon sens, d'une crise humaine généralisée mais pas que. En effet, Battle Royale est également un roman satirique qui analyse de manière acerbe les mécanismes sur lesquels repose une dictature. Il dénonce notamment l'acceptation tacite voire la passivité totale des citoyens qui, disons le clairement, tolèrent qu'un tel programme subsiste et tue leurs enfants. L'absurdité et la cruauté – les armes étant distribuées au hasard, certains doivent combattre avec des armes à feu, d'autres avec une fourchette... – font quant à elles indubitablement écho au nazisme et plus spécifiquement aux camps de concentration.

Cette chasse-à-l'homme se déroule en effet sur une île où cohabitent règle et désordre, un monde où la discipline temporelle, spatiale et hiérarchique coïncide étrangement avec un dérèglement total des valeurs, voire une absence totale de logique. Or il est vrai que si l'on s'attarde ne serait-ce que sur l'organisation de la terreur durant la Seconde Guerre mondiale – le sadisme mêlé à un semblant d'incohérence terrorisait d'autant plus les déportés – il semble que tout ait été régi à la perfection. Cette dualité permanente et propre aux deux univers renvoie donc, indirectement, au caractère ubuesque dont parle David Rousset dans L'Univers concentrationnaire pour qualifier les camps.

Afin sans doute d'édulcorer quelque peu cet univers, Koushun Takami glisse toutefois dans son roman pléthores d'amourettes qui confèrent, toutes, une tonalité "fleur bleue" au récit ce qui peut agacer les lecteurs les moins tolérants. J'ai également noté quelques invraisemblances telles que l'extrême maturité de certains personnages alors qu'ils n'ont que 15 ans ou encore la composition étonnamment diversifiée de la classe (prostituées, sociopathes, athlètes, McGyvers en devenir...). Autre bémol, le traitement assez stéréotypé des personnages (je pense notamment à Mitsuko Soma et Sho Tsukioka mais ne peux malheureusement pas vous en dire plus) et également à la psychologie du héros qui est, ô surprise, le rebelle-sportif-artiste (la totale quoi !).

Difficile toutefois d'en vouloir à un auteur dont le récit est parsemé de Bruce Springsteen ("Cause tramps like us, baby we were born to run").

À mi chemin entre le thriller, la dystopie et le roman gore, Battle Royale est donc un ouvrage singulier, à la fois naïf et cruel, qui parvient à à captiver de bout en bout – on doute jusqu'à la dernière page – et qui propose une réflexion éthique et politique résolument moderne.

Un grand classique.

Plus de détails (mes rubriques "n'hésitez pas si ; fuyez si ; le petit plus ; le conseil (in)utile, en savoir plus sur l'auteur") en cliquant sur le lien ci-dessous.
Lien : http://blopblopblopblopblopb..
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J'étais tombée sur Battle Royale à la bibliothèque, et je l'avais emprunté sans trop réfléchir. En tant qu'immeeeense fan d'Hunger Games, je m'étais dit que ça avait des chances de me plaire.
Résultat ?
C'est un coup de coeuuuuuuuur, mais ouiiii !!

Effectivement, Hunger Games est une version plus moderne de Battle Royale. Ici c'est plus "rapide", il n'y a pas toute la mise en scène qu'il y a dans Hunger Games : non, nous sommes dans l'action direct. Ce qui diverge avec la trilogie de Suzanne Collins, c'est aussi qu'ici, ce sont des camarades de classe. Hmm, oui, ça joue. Les personnages ont tous mon âge, donc je m'y identifie plus facilement. (même si je pense que si j'avais dû être dans Battle Royale, j'aurais probablement crevé dès les premiers instants, mais bon...)

Bref. Au premier chapitre, j'ai eu peur, car comme c'est une oeuvre japonaise, je ne suis pas habituée et pour moi tous les noms se ressemblaient. J'étais donc en train de me dire que je n'arriverais jamais à retenir les prénoms des personnages.
Mais honnêtement... ça allait, et j'ai accroché dès le début. On est embarqué avec la classe de 3B. On n'a pas envie de s'attacher à eux sachant ce qui les attendent, mais c'est impossible, surtout qu'on a le point de vue de tous les personnages (contrairement à Hunger Games !), et un chapitre suffit à nous attacher au personnage en question (ou à le détester, à voir)... Ce qui est assez sadique vu que peu de temps après on le voit mourir...

Donc, non, ce n'est pas gai. L'histoire est sombre, sanglante, c'est bien plus dur qu'Hunger Games (qui à côté fait vraiment très soft !). Après ça ne m'a pas dérangé, même si visualiser les morts dans mon esprit me faisaient grimacer xD. Je ne crois pas que je verrai le film vu ma sensibilité... :')
N'empêche que, clairement, les décès des personnages les uns après les autres m'ont attristé pour la plupart. C'est horrible, y a pas d'autres mots... :/ (surtout pour deux morts en particulier, mais je ne les citerai pas pour ne pas spoiler)

Et... la fin ?
La fin... ?
Comment vous parler de cette fin ???
Cet ascenseur émotionnel que j'ai eu en lisant les quarante dernières pages d'un coup !?
Quatre retournements de situations en quarante pages, non mais vous imaginez ??
Non sérieusement, je n'en suis toujours pas remise. Mais c'était très fort de la part de l'auteur, je ne peux le nier !
N'empêche que j'étais pas bien, vraiment... 0_0 Les lecteurs de ce livre comprendront, je pense... xD

Bref, c'était incroyable. J'ai a-do-ré. J'ai lu des critiques géniales sur ce livre, bien rédigées et très constructives. Ma critique n'a rien de tout ça, mais elle exprime juste à quel point j'ai aimé ce roman et à quel point l'histoire est addictive !!
Un roman noir, tragique, dur, mais qui traite aussi de certains sujets comme l'amour et l'amitié...
C'est un coup de coeur, cela ne fait aucun doute !

Après... même si, certes, Hunger Games à côté, est un cran en-dessous, je préfère quand même HG, qui restera toujours pour moi une trilogie coup de coeur symbolique à mes yeux. :) Battle Royale ne le dépasse pas car ce que j'aime dans Hunger Games, ce n'est pas seulement la partie dans l'arène. C'est tout ce qu'il y a autour, cette mise en scène, justement, ainsi que la révolte du tome 3, et les personnages. c'est ce qui me fait autant kiffer cette trilogie, en plus de l'arène.

Mais Battle Royale restera longtemps dans ma mémoire, et je le conseille très vivement à tout le monde !!

Foncez lire ce pavé !! :) (surtout si vous avez aimé Hunger Games ! c'est très différent, mais d'un autre côté c'est le même principe de base ^^)
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Un roman qu'on pourrait qualifier de roman-jeunesse puisque c'est un texte facile à lire, qui met en scène des adolescents (et qu'on n'y retrouve pas de scènes de sexualité explicite)...

C'est l'histoire d'une classe de 42 jeunes de l'imaginaire « Grande Asie » qui sont déposés ensemble sur une île et qui doivent s'entretuer, car un seul d'entre eux doit en sortir vivant. Un peu comme dans les plus récents « Hunger Games », mais dans un tout autre contexte : ce sont des jeunes qui se connaissent et ils ne sont pas sous l'oeil de la caméra.

Vous aurez compris que ce roman à suspens contiendra donc des morts atroces, de la douleur et des descriptions sanglantes, mais dans cette brique de 800 pages, il y a de la place pour beaucoup d'autres choses, des questions proches des adolescents :

— L'Amour, qu'est-ce que l'amour? Les émois secrets, pas toujours réciproques… L'amour différent du désir ou de la popularité... L'Amour, est-ce que c'est faire confiance à l'autre, tout faire pour retrouver son amour et se soucier du bien-être de l'autre au risque de sa vie? Est-ce que c'est préférer mourir ensemble plutôt que de vivre sans l'autre? Un peu de romantisme et de douceur dans ce chaos mortel…

— Qu'est-ce que l'amitié? Connaît-on vraiment les gens qui nous entourent? À qui ferait-on confiance au point de risquer sa vie? Les autres sont-ils sincères ou veulent-ils nous utiliser pour nous trahir ensuite? La faillibilité du jugement qu'on porte sur les autres, mais surtout la valeur de l'amitié vraie qui aide à survivre…

— Comment réagir dans des situations critiques? La peur, la panique peuvent-elles engendrer la violence? Avec des agressions qui se prennent pour des défenses légitimes? Même si la Battle Royale n'existe pas, n'est-ce pas les mêmes réactions qu'on retrouve en temps de guerre? Les combattants ne ressemblaient-ils pas aux appelés des conscriptions obligatoires? de la psychologie humaine pour comprendre ce qui arrive…

On peut aussi y trouver d'autres thèmes comme la musique, la mode, une réflexion sur la société et le conformisme social, l'absurdité d'une situation qui se perpétue parce que personne n'ose l'arrêter…

Un bon roman pour ceux qui sont jeunes ou ceux qui veulent se souvenir de l'avoir été…
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On pourra dire que j'ai subi cette lecture. J'avais espéré une dystopie intelligente, socialement et géopolitiquement beaucoup plus détaillée, mais rien ou presque nous est fourni dans ce pavé. Il ne nous reste plus que la tuerie que ce livre cette quarantaine d'élèves.Et je dois dire qu'en plus de moments plutôt pathétiques, tout ceci devient vite redondant, et donc lassant. J'ai le vague souvenir d'un film bien meilleur.
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J'avais très envie de lire ce livre depuis bien longtemps, encore plus après ma lecture de Hunger Games, afin de voir ce que la version japonaise de l'idée pouvait donner. Grand bien m'en a pris, car l'auteur nous offre ici un roman tout bonnement incroyable! Ce huit-clos palpitant, angoissant, fut largement à la hauteur de mes espérances.

Nous sommes transportés dans un monde qui pourrait être le nôtre. Les pays, les gens, les villes, ressemblent à ce que nous connaissons si ce n'est qu'une puissance asiatique contrôle une grande partie de la terre. Cette puissance est construite sur un système ressemblant très fortement à celui des nazis, avec les mêmes grades et un même type de dirigeant. Dans ce système totalitaire exigeant et violent, chaque année une classe de 3ème est choisie au hasard et envoyée pour un massacre en masse sur une île solitaire vidée de ses occupants.

Commence alors une Battle grandeur nature où un seul survivant pourra rentrer chez lui. Les élèves vont donc devoir s'entretuer pour s'en sortir. Mais tous ne voient pas cette obligation de la même manière et les comportements des uns et des autres vont être très différents entre naïveté, sadisme, violence, manipulations et autres. Autant dire que le rythme est soutenu et l'ambiance oppressante puisque nous suivons les différents élèves dans leur calvaire quotidien.

Du coup, le début est un peu compliqué car nous avons quand même 42 personnes au départ de la Battle! Autant dire que les noms se mélangent vite et qu'il est parfois difficile de se rappeler qui ils sont. Pourtant, cela ne gêne en rien notre compréhension, car il faut bien admettre que le nombre descend assez vite... Aussi le tri se fait rapidement! J'ai adoré découvrir les différentes réactions et points de vue face à cette épreuve. Tout le panel du genre humain nous est présenté dans sa noirceur, sa bonté, sa confiance en l'autre... ou non...

Vraiment je n'ai rien à lui reprocher! le récit est très bien ficelé et l'attente insoutenable. Nous angoissons autant que les personnages et la sensation d'être enfermés avec eux sur cette île est très forte, ce qui rend le livre d'autant plus palpitant. le système totalitaire est aussi très bien présenté et très intéressant à découvrir. L'auteur a pensé à tout jusqu'aux moindres détail, de quoi nous donner envie d'en apprendre toujours plus. Ce livre est un pavé, oui, mais l'ennui n'est pas au rendez-vous, même dans les phases plus descriptives. Attention toutefois à quelques passages bien sanglants lors de certains meurtres qui pourraient choquer les âmes sensibles.

En bref, j'ai dévoré ce roman et je ne suis pas prête de l'oublier! Cette petite perle vaut le détour et mérite d'être découverte bien plus que Hunger Games qui passe pour un enfant de coeur à côté (enfin à mon avis), ce qui est tout à fait normal en fait puisque ce dernier est un peu plus jeunesse. Si vous ne l'avez pas lu, jetez-vous dessus le plus rapidement possible, car vous passeriez à côté d'un chef-d'oeuvre indémodable!
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