Toujours dans ma recherche de complétude, j'ai eu envie de lire cette oeuvre un peu annexe de
Jirô Taniguchi qui fleure bon le passé. J'ai eu pour cela la chance de le trouver à petit prix en occasion parce que je ne sais pas si je me serais lancée autrement.
Furari, qui signifie en français "au gré du vent", c'est un peu le mélange de deux de ses oeuvres :
L'homme qui marche et Rêveries d'un gourmet solitaire. On se met dans les pas et les rêves d'un japonais retraité dans l'Edo du XIXe siècle et on suit ses déambulations dans la ville. Ce héros, inspiré d'un personnage historique tout comme plusieurs autres qu'il croise, est un géomètre et cartographe qui arpente la ville en comptant ses pas pour en mesure les distances et dresser la première carte moderne du Japon.
Un sujet intéressant sur le papier, original même, car jamais traité, mais qui dans la forme ne m'a pas toujours passionnée. Suivre un homme qui passe son temps à compter ses pas, ça peut lasser, surtout que l'auteur aime bien répéter les mêmes scènes et la même trame narrative. Ajoutez en plus une promesse pas vraiment tenue quant à la réalisation de la fameuse première carte moderne du Japon, et vous comprendrez peut-être ma légère déception après avoir refermé ce livre.
Pourtant, l'ambiance est très plaisante, lente mais poétique et onirique. le mangaka aime mélanger chapitres très terre à terre ayant trait à la science qu'est la cartographie, et chapitres plus poétiques où le héros se laisse emporter par sa folle imagination. J'ai beaucoup aimé ces derniers. C'était très beau de le voir suivre dans la peau d'un oiseau, d'un chat ou encore d'une fourmi, une rythme animalière peu utilisée dans le manga et pourtant très riche en terme de point de vue notamment.
Il se dégage aussi un je ne sais quoi de très chaleureux dans cette histoire où l'on suit un retraité passionné par la mesure. Sa relation avec sa compagne est attendrissante, celle-ci comprenant ses petits tocs et travers et l'accompagnant dans tout, en bonne épouse japonaise à l'ancienne. le Japon d'autrefois est d'ailleurs très bien retranscrit. C'est peut-être ce qui m'a le plus plu dans le titre. J'ai passé énormément de temps à regarder dans les moindres recoins les nombreuses cases consacrées à la vie dans l'ancien Edo et
Jirô Taniguchi s'est bien attardé là-dessus lui aussi, proposant des cases fourmillants de détails, des tenues aux postures, en passant par les métiers, actions de la vie quotidienne ou encore les décors. C'est un vrai petit cours d'Histoire de la vie à Edo au XIXe.
C'est justement grâce au talent de conteur graphique du mangaka que cela fut permis. Si j'ai eu un peu de mal avec la trop grosse tête du héros par rapport à son corps, j'ai par contre été enchantée par le trait précis, vif et foisonnant du décor urbain aussi bien que naturel ainsi que des costumes. C'est un vrai régal visuel comme presque toujours avec lui.
Ainsi n'eut été cette promesse non tenue et cette lenteur dû à une intrigue racontée sur le mode des tranches de vie, je pense que j'aurais passé un très beau moment. Ici, ça se traine un peu et ça ne va pas jusqu'au bout du propos. Cela reste donc, comme je le pensais, un Taniguchi mineur.
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