Laurence Tardieu a réussi ce petit miracle : me faire aimer un roman d'un genre que je n'apprécie guère : une étude psychologique des personnages, de la première à la dernière page. Mais elle le fait différemment, et l'écriture est remarquable.
Hannah est cette mère qui n'a pas aimé son bébé à la naissance, car il perturbait sa vie de peintre à succès. Mais petit à petit, les sourires de Lorette ont fait fondre la glace, sa fille est devenue sa raison d'exister, elle a rangé ses pinceaux. Un beau jour, sans prévenir, Lorette, grande adolescente, disparaît pour ne plus jamais revenir, sans donner le moindre signe de vie. le séisme est total pour Hannah.
L'autrice a découpé son récit en trois parties : la première se situe après le drame, Hannah est entourée par ses proches et ses amis qui tentent de la soutenir. Marche arrière pour la deuxième partie dans laquelle refluent tous les souvenirs qu'elle a de Lorette. le roman se termine par quelques pages dans lesquelles la noirceur de la vie fait subitement place au bonheur de vivre (un peu gros quand même)
du début à la fin donc,
Laurence Tardieu nous fait entrer dans ses personnages, mais ses propos n'ont rien d'un froid discours de psy, comme c'est souvent le cas. Hannah nous est décrite par ses réactions aux souvenirs qu'elle évoque, par mille et un détails de la vie quotidienne, par ses réflexions sur la vie, la mort, l'amour, l'amitié. Tout cela dans un style fluide, vivant, qui ne lasse jamais, qui transforme le lecteur en spectateur attentif.
A part dans ses dernières pages, le roman est assez noir et m'a parfois plongé dans la mélancolie : à quoi bon vivre quand on sait que la mort est au bout du chemin.
Mais
Laurence Tardieu, quel talent !