Ce tome comprend les épisodes 1 à 6 d'une nouvelle série débutée en 2012, se déroulant dans une réalité parallèle de l'univers partagé DC (une réalité alternative du multivers). le scénario est de
James Robinson, les dessins de
Nicola Scott, l'encrage de
Trevor Scott, et la mise en couleurs d'
Alex Sinclair, Pete Pantazis et
Tony Avina.
Alors que l'histoire commence, la Terre est soumise à une invasion de paradémons (créatures belliqueuses en provenance d'Apokolips). Les 3 superhéros existants (Superman, Batman et Wonder Woman, la trinité DC) réussissent à stopper cette invasion au prix de leur vie. Quelque temps plus tard, Michael Holt (alias Mister Terrific, issu de la Terre principale) se matérialise dans cette réalité et est immédiatement neutralisé par Terry Sloane. Jay Garrick voit apparaître devant lui le dieu Hermès qui lui confère des pouvoirs de vitesse. Alan Scott est victime d'un accident ferroviaire au cours duquel une mystérieuse force verte lui confère un pouvoir immense. 2 autres superhéros apparaissent encore en cours d'histoire. Garrick et Scott ont reçu le même avertissement : une menace d'une ampleur sans précédant va se matérialiser et ils devront tout faire pour protéger la Terre.
En 1961 dans un épisode de la série "Flash" (intitulé "Flash of two worlds"), DC Comics introduit la notion de réalité parallèle pour pouvoir faire coexister les superhéros de l'âge d'or (fin des années 1930), avec ceux de l'âge d'argent apparus dans les années 1960. C'est ainsi que le nouveau Flash (Barry Allen) vit sur la Terre 1 (dans la réalité principale), alors que l'ancien Flash (Jay Garrick) vit sur la Terre 2 (Earth 2). En 1985, le nombre de Terres parallèles est hors de contrôle, et DC Comics décide de tout faire repartir de zéro avec une seule et unique Terre, ce bouleversement cosmique se produit dans Crisis on infinite earths. Dans le courant des années 2000, le lecteur sent bien que DC Comics cherche à réintroduire de manière élégante le concept de terres parallèles : cela commence dans Infinite crisis, et c'est officialisé dans Final crisis. En 2011, DC Comics fait à nouveau table rase de sa continuité dans l'histoire Flashpoint, et le redémarrage est baptisé New 52.
En 2012, DC Comics lance une nouvelle série intitulée "Earth 2" qui se déroule sur une terre parallèle à celle de "New 52", écrite par
James Robinson connu pour sa série Starman et le personnage The Shade. Il doit donc développer l'historique d'une Terre parallèle, développer de nouvelles versions des superhéros DC (à la manière d'un "Elseworlds", ou d'un "What if... ?"), et réaliser un travail assez consistant pour que d'autres scénaristes puissent venir jouer dans cette continuité dérivée de l'originale.
Le premier épisode est d'une intensité surprenante.
Nicola Scott réalise des dessins minutieux, entièrement dédiés à mettre en valeur les superhéros (il ne manque pas une oeillère pour le laçage du body de Diana), avec des couleurs brillantes, des postures dynamiques mettant en valeur la force et la vivacité des personnages, sans oublier les décors. Robinson ne s'appesantit pas sur l'origine des paradémons ; il prend le raccourci d'en faire des ennemis génériques sans âmes que les superhéros peuvent tuer sans remords. C'est rapide, efficace, dépaysant, presque parfait (à l'exception de ces héros qui tuent sans remord).
La suite baisse un peu en intensité, à la fois d'un point de vue visuel, et d'un point de vue narratif. Les superhéros sont toujours dessinés avec une grande vivacité, toujours en mouvement avec des effets spéciaux adaptés pour leurs superpouvoirs. Scott insère de temps à autres des décors fouillés et développés (les rues de New York, un train à grande vitesse au Japon, le centre de commande de l'Armée Mondiale). Mais au fur et à mesure du combat contre l'entité néfaste, le lecteur constate qu'il se déroule avec un arrière plan grisâtre indéfini dont l'absence de caractéristiques finit par se faire remarquer, et par diminuer d'autant l'attrait visuel.
Coté scénario, Robinson construit un récit qui justifie de manière organique la convergence de 4 nouveaux superhéros pour lutter contre la même menace. Il n'a rien perdu de sa capacité à faire ressortir la personnalité d'un individu. le lecteur découvre donc ainsi un jeune superhéros idéaliste (un peu naïf même) que les autres tournent gentiment en dérision, un autre plus mûr et plus sûr de lui, un soldat discipliné et une femme indépendante. La menace est assez originale pour maintenir l'attention du lecteur, même si elle s'avère au final un peu vague.
James Robinson et
Nicola Scott conçoivent plusieurs scènes d'action impressionnantes et imaginatives. le tome se clôt avec une fin claire sur ce premier affrontement, et le lecteur ressort avec l'envie d'en savoir plus sur ces personnages, et une grosse interrogation sur le niveau de puissance de Green Lantern.
Après un premier épisode constituant une entrée en matière fracassante, le niveau baisse un petit peu, tout en restant d'une bonne qualité. Robinson et Scott ont imaginé des variations sur les personnages traditionnels de l'univers DC qui captent l'attention et qui constituent une alternative significativement différente de l'univers principal. Il reste à voir si les tomes suivants sauront maintenir cette saveur différente, ou si la tentation de revenir à des situations plus traditionnelles sera la plus forte.