Un prof en enfer

- Personnellement, je vis très bien avec le principe d'incertitude. C'est ce qui me rend beaucoup plus tolérant que ceux qui vous assènent leur vérité. D'ailleurs, je n'exclus rien ni personne. dans mon monde idéal, les cultures se côtoient en paix, se respectent, se marient même.

Essayez donc de vous imaginez un instant en situation : c'est la guerre des tranchées. Tu sors la tête à découvert, livrant tes pensées, tes croyances et tes points faibles, t'es mort ! À tout instant, et sans prévenir, on t'expédie dans la figure des obus sous forme d'embrouilles aux multiples visages. A chaque instant, Un shrapnell de ricanements et de moqueries perfides peut péter au-dessus de toi et te transpercer le cœur. Tu tentes une sortie, ce sont les mitrailleuses de l'incompréhension, du mauvais esprit – et du mauvais goût–, voire de la méchanceté qui te terrassent. Je me rends chaque matin au collège, le dos courbé d'affliction, tel le fantassin qui sait qu'il va en baver des ronds de chapeau... Et pourtant, il faut bien tenir. Coûte que coûte. Pour la gloire !

J'exerce le plus utile et le plus beau métier du monde, celui qui devrait me valoir le respect et la reconnaissance de tous. Car au fond, en quoi consiste-t-il, sinon à donner le meilleur de soi pour aider les enfants des autres à bâtir les fondations d'un destin le plus favorable possible?

Parce que pour les parents , si leurs gamins ne fichent rien en français, c'est de votre faute. C'est à vous qu'ils reprochent leurs notes déplorables et leur indiscipline.