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Citations sur Le téléphérique et autres nouvelles (51)

C'est un deuxième petit recueil de nouvelles, comme pour L'éternel retour, cité dans ma critique précédente. Des Folio à deux euros, achetés dans un hypermarché qui depuis toujours propose aussi de la culture, non pas en rayons comme les yaourts, mais dans un espace librairie qui en vaut d'autres.
L'une des nouvelles, La ligne, est empreinte à la fois de sensualité et de poésie. Je vous en livre un extrait ; l'un des personnages y raconte deux nuits sans électricité à cause d'une panne :
"Avec Svieta, on n'a jamais baisé comme ces deux nuits-là, mon vieux. On avait allumé les bougies sur la table et il y avait la vieille lampe-tempête de mon grand-père posée devant l'icône de la Vierge de Notre-Dame-des-Affligés. Svieta ? Elle est devenue serpente, elle se cambrait et regardait le cerne de sa croupe vacillante, souple, projetée sur le mur de rondins par la flamme des bougies. (...) Elle est devenue une ombre. Une ombre, c'est attaché à son objet, ça essaie de s'échapper, ça se tord de douleur, ça supplie qu'on la libère. Elle frémissait, s'assouplissait. Une flamme noire vivante, je te dis ! Et les lueurs donnaient vie à sa peau. Elle miroitait, mon vieux ! Davantage encore que la surface gelée d'un lac saupoudré de soleil à travers les nuages. Sa peau, je ne l'avais jamais vue comme ça. On ne devrait regarder les femmes qu'à la lueur des cierges ou de l'acétylène. (...) De la neige sous un soleil rasant : le moindre grain en était révélé !"
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La ville puait la violence, même la poussière été chargée de nervosité.
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L’eau des lacs de retenue couvrait d’un linceul la patience et le génie ancestraux des cultivateurs de rizière. Il ne restait plus rien de l’habit arlequin de ces campagnes rizicoles, de ces plaines pareils à des vitraux. Elles avaient donné à la Chine sa civilisation en forçant les hommes à inventer des systèmes de culture d’une complexité extrême. Des milliers de kilomètres carrés de marqueterie immémoriale avaient été engloutis. Des temples séculaires, des grottes ornées de fresques bouddhistes, des arpents de forêt primaires : tout avait été noyé sous quarante milliards de mètres cubes d’eau.
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Les autorités, dans leur infini respect de la personne humaine, n’avaient pas tenu à noyer les hommes. Près de deux millions de cultivateurs avaient été déplacés, relogés dans des HLM de béton où ils pouvaient ajouter aux cataractes du barrage la fontaine de leurs sanglots. Comme le fleuve, ils n’étaient plus que des morts-vivants canalisés entre des murs.
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La nuit, tout est plus long. Pas de paysage pour se désennuyer. L’effort de la marche s’augmente de l’inexistence des repères. L’impossibilité de tronçonner la distance à abattre décourage les plus vaillants. A la lumière, le marcheur se fixe des objectifs, prend ses amers, se replie en lui-même en attendant d’atteindre son point de visée, puis en détermine un autre et renouvelle l’opération jusqu’à la halte. Mais dans le noir, on erre. La nuit, cette mangrove aspire la volonté. Alors, pour marcher, il faut une sacrée raison.
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Une ou deux fois je l’ai accompagné, c’était un drôle de spectacle : il s’adressait aux choses, il saluait les oiseaux, il caressait les arbres, il demandait de leurs nouvelles aux fleurs, parfois il se penchait sur un petit champignon et il le félicitait de sa bonne couleur rose ou bien il voyait que le travail d’une fourmilière n’avait pas beaucoup avancé et il disait doucement : «Ce n’est pas bien, petites mères, l’hiver approche et vous n’êtes pas prêtes. » Pour tout dire, il était cinglé.
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Imaginez l’hiver, seul, dans un cube de rondins. Dehors ; -40°C., le vent, le soleil qui rôde, malade, pendant cinq ou six heures, dans un ciel de clinique et les heures blanches, épouvantablement silencieuses qui passent, qui tombent, une à une, identiques, et lui, devant la fenêtre, à regarder le cadavre de l’hiver.
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D’habitude voyager, c’est faire voir du pays à sa déception. 
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En France, on dit "Faire d'une pierre deux coups"
En russe, "Le même coup de knout pour deux innocents"
(poche p. 62)
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Des fleuves, disait-elle, comme des hommes : ils commencent leur vie en vagissant et la terminent calmement, acceptant la mer, c'est-à-dire la mort
(poche p. 17)
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