Recueil de poèmes, de satires et d'épigrammes du XVIIème siècle. Écrits par un groupe de libertins convaincus, rien n'échappe à leurs griffes : on convoite les femmes des autres, on profite de la messe pour lancer quelques oeillades pleines de promesse, on loue les moeurs "contre-nature". Parfois tendres, souvent paillards, ces poèmes nous rappellent que l'irrévérence a toujours existé.
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Vous avez la fesse soudaine,
Alors qu'on vous presse le flanc ?
Le cul sans cesse me demeine
Comme l'esguille d'un quadranc.
Qui vous voit la mine si froide,
Ne vous croit point le cul si chaud.
C'est au con qu'il faut un vit roide,
Ce n'est point au front qu'il le faut.
Pourquoi ne me veux tu donner sans jalousie
De ta femme un portrait pour soulager mon mal ?
De peur qu'ayant receu de moy cette copie
Tu ne voulusse après avoir l'original.
Du cabinet des Dieux la porte plus jolie,
Ne se peut esgaler à cette porte icy,
Avant qu'entrer en une il faut perdre la vie,
Et sans vit on ne peut entrer en celle-cy.
Epigramme, par le sieur Frenicle.
Vous qui censurez la satyre,
Bien que pour vous la faire lire
On a tant de difficulté,
Ne donnez-vous pas un indice
En fuyant le blâme du vice,
Que vous aimez l'impiété?
Rencontre proposée par Yves le Pestipon. Théophile de Viau, Avis au lecteur, 1623, du début à «suspectes de fausseté».
Il y eut une affaire Théophile de Viau. Les jésuites, et en particulier le père Garasse l'accusèrent, non sans quelques raisons, d'avoir publié des poèmes licencieux. Il fut condamné à être brûlé en 1623, ce qu'il parvint à éviter, mais il mourut trois ans plus tard des suites de son arrestation. Cette affaire est un moment important de l'histoire de la censure, donc de la littérature, en France, parce que Théophile se défendit. Face aux attaques, il écrivit force textes, dont l'«avis au lecteur» de l'édition de ses oeuvres en 1623. C'est un texte magnifique face à la calomnie. Il pourrait être employé aujourd'hui par ceux qui font face aux «mauvais» et «faux bruits», et dont le «silence» seul pourrait passer pour «crime».
Très petite bibliographie
Libertins du 17esiècle, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1998.
Théophile de Viau, Oeuvres poétiques, Classiques Garnier jaune, 2008.
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08/04/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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