C'est l'histoire d'un facteur diligent, efficace dans son travail et qui n'a qu'un vice (assez dérangeant malgré tout quand on y pense) : il aime lire les lettres privées qui passent entre ses mains. Parmi celles-ci, celles que Ségolène écrit à Grandpré sortent du lot, ce sont des haïkus.
A la mort accidentelle de celui-ci, désespéré de perdre ce contact fortuit avec celle qu'il aime, il va prendre sa place et, ainsi, entrer dans la boucle.
Je n'ai jamais été émue par les haïkus ou la poésie japonaise (que j'avais lue jusqu'ici). Je n'en retire rien. Pourtant, à la lecture de certains de ceux échangés par Ségolène et Bilodo, les haïkus et les tankas qui ont suivi, je dois admettre y avoir découvert un certain attrait.
Les personnages sont intéressants, mais sans plus. Ce qui les dévoile n'étant, pour Ségolène et Grandpré, que les poèmes qu'ils écrivent, c'est parfois peu pour réussir à en cerner les caractères. le récit est raconté du point de vue de Bilodo et j'ai trouvé que ça manquait parfois de finesse ou de précisions dans l'analyse des autres personnages. Robert, qui est l' "ami" du personnage principal, et qui est également en partie la cause de sa chute est, selon moi, exagéré à l'excès.
L'idée de la boucle, d'un retour de toutes choses, de la fusion en quelque sorte des personnages de Bilodo et de Grandpré était très bien amenée… et suscitait, à dessein surement, un malaise déséquilibrant.
le facteur émotif dans ce livre n'est pas juste une manière de désigner Bilodo mais également, il me semble, cette idée que l'émotion, le "facteur émotif" de cette équation qu'est la vie, est ce qui peut tout changer, ce qui déclenche le pire comme le meilleur.
Donc voilà. Une belle plongée dans la culture japonaise, dans les fonctionnements de sa poésie (j'ai appris plein de choses), mais une fin un peu crispante. Lecture facile qui me laisse une impression de « bien, mais sans plus ».