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EAN : 9782843377655
172 pages
Anne Carrière (30/04/2015)
3.61/5   110 notes
Résumé :
Bilodo a vingt-sept ans, il est facteur et mène une existence tranquille. À l'ère des mails et des téléphones portables, il n'a plus souvent l'occasion d'acheminer une lettre personnelle.
Alors, quand il en trouve une dans le flot de courriers administratifs et de publicités, il ne la livre pas tout de suite et, chez lui, le soir venu, ouvre l'enveloppe à la vapeur pour en découvrir le contenu. Sagement, le lendemain, il la remet à son destinataire. Son petit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
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Les amateurs de haïkus devraient se régaler en lisant ce petit livre.

L'histoire est celle d'un jeune facteur, Bilodo, célibataire, vivant une vie tranquille et aseptisée. Sauf que Bilodo ne recevant jamais de lettres décide de subtiliser les lettres qu'il doit poster, oh, à peine 24h, le temps d'une photocopie puis hop, il remet la lettre à son destinataire. Sa vie bascule quand il découvre les haïkus que s'adressent Ségolène, une guadeloupéenne et Gaston Grandpré, un écrivain en mal de notoriété.

Bilodo tombe fou d'amour pour Ségolène et décide de devenir poète à ses heures. S'en suit une progressive métamorphose où les haïkus viendront enflammer l'esprit de ce facteur émotif.

Un roman assez étrange, surtout par sa fin qui me laisse pantoise, un style contemporain avec comme une envie de le modeler à la sauce asiatique.
J'ai certes passé un bon moment avec ce livre qui nous donnerait bien envie d'échanger des haïkus à gauche à droite, de devenir poète pour charmer celui où celle que l'on convoite.
Juste un chouïa désarçonnée par cette confusion de style et par cette fin abrupte que je n'ai pas cernée, car un peu trop tirée par les cheveux ou sortie d'une formule perlimpinpin.
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À 27 ans, Bilodo est facteur. Employé assidu, il sait accomplir l'ensemble de ses tâches avec diligence et non sans un certain sentiment d'être utile aux gens du quartier. Depuis 5 ans il parcourt le même circuit, dans Saint-Janvier-des-âmes. Il déjeune tous les midis au Madelinot, sort très peu, sauf lorsque son meilleur ami, Robert, assiste pour qu'il l'accompagne, et s'adonne à la calligraphie, une pratique que ses collègues ne comprennent guère. Sa vie routinière lui plait ainsi. Facteur indiscret, Bilodo s'amuse à lire parfois le courrier de ses clients. Il décolle l'enveloppe le soir chez lui, lit la lettre qu'il dépose ni vu ni connu dans la boite aux lettres le lendemain. C'est ainsi qu'il fait la connaissance de Ségolène. Celle-ci envoie régulièrement, de Pointe-à-Pitre, du courrier à l'un de ses clients, un certain Gaston Grandpré. Un courrier ne contenant qu'un haïku et rien d'autre. Au fil de ses lectures, le facteur est tombé amoureux de Ségolène. Un événement aussi incroyable qu'improbable va alors changer le cours de sa vie...

Voilà un conte tout à fait contemporain qui nous plonge malgré tout dans une ambiance d'un autre temps... Bilodo, facteur de profession, va voir sa vie, jusqu'ici tranquille, bouleversée par l'arrivée de Ségolène. S'immisçant dans les échanges entre elle et Gaston Grandpré, il va se passionner pour la poésie japonaise, la calligraphie et se métamorphoser jusqu'à devenir un autre. Subtil, poétique, ce court roman surprend (notamment de par sa fin inattendue) tout autant qu'il émeut et nous plonge dans une atmosphère ouateuse, pleine de fraîcheur et de sensibilité. Délicieux, ce conte est servi par une plume délicate et aérienne.
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"Je n'étais qu'hiver
vos mots furent mon printemps
votre amour l'été
Que nous prépare l'automne
avec ses roux et ses ocres ?" (p. 151)

Deux dernières lectures épatantes, émouvantes, pleines d'espoir, de bienveillance, de poésie, de fantaisie: "Les oubliés du dimanche" et "Le Facteur émotif" sur lequel je vais tenter d'écrire quelques lignes.

La fiction d'un auteur québeccois que je lis pour la première fois. Les thèmes m'attiraient et je l'avais noté dans mes envies de découvertes !

Un jeune facteur de 27 ans, célibataire, lors de ses journées de travail, regrette que de trop rares personnes s'écrivent désormais de vraies lettres. Alors quand il en trouve lors du tri et de ses tournées... il les met de côté, les décachète délicatement le soir, en rentrant , et se transporte dans d'autres vies, d'autres histoires dont celle de Ségolène... qui va envahir, capter son existence, ses rêves d'amour.

Ségolène qui écrit régulièrement de beaux haïkus à un certain Gaston Grandpré. Un évènement brutal va permettre à notre jeune facteur de rentrer plus directement dans son existence, et se passionner pour la poésie , et la poésie japonaise , en particulier. Il se met par passion pour les mots, l'écriture mais aussi par amour fou pour cette femme "lointaine, ", à travailler, s'exercer pour lui rédiger des haïkus...

Nous le voyons par étapes souffrir sur la page blanche... Et par cette incursion de ce personnage prédominant, qui est la Poésie... j'ai appris de nombreux éléments sur les haïkus, les poètes japonais les plus significatifs dans le genre, et les différences avec une autre forme de poème, le "tanka"...

"Le -tanka" était-il vraiment le meilleur outil lorsqu'il s'agissait de ciseler le désir , cette forme qui avait si bien servi Bilodo lorsqu'il était question d'expliciter les sentiments commençait maintenant à lui peser, lui semblait trop cérébrale. Cherchant un moyen de délester sa plume, il décida de revenir à la simplicité fondamentale du haïku, mieux apte, croyait-il, à faire sourdre les pulsions artésiennes. (...)
L'histoire de la naissance du haïku se trouvait ainsi répétée: dépouillée des mots en trop comme de vêtements abandonnés sur le chemin de la chambre, la poésie se révélait dans son essentielle nudité."
(p.143)


"L'écriture de Ségolène, c'était un parfum pour l'œil, un élixir, une ode, c'était une symphonie graphique, une apothéose, c'était beau à pleurer. Ayant lu quelque part que l'écriture était le reflet de l'âme, Bilodo concluait volontiers que celle de Ségolène devait être d'une pureté sans pareille. Si les anges écrivaient, c'était sûrement ainsi." (p.28)

"Etrangement lucide, Bilodo sut qu'il ne pourrait continué d'exister sans Ségolène, qu'il ne survivrait pas, que rien n'aurait plus d'intérêt ni de sens, qu'il n'y aurait plus jamais de beauté ni de désir, que la sérénité deviendrait un concept abstrait dérivant au large des sentiments improbables, et que lui-même ne serait plus qu'un vaisseau fantôme sans propulsion ni personne à la barre (...) (p. 52)

" Ne devait-il pas saisir cette chance unique d'accueillir Ségolène ? Ne désirait-il pas communier avec elle par la chair autant que par les mots ? Ne voulait-il pas l'aimer autrement qu'en songe, fût-ce dans la peau d'un autre,
l'aimer réellement comme elle le méritait, comme ils le méritaient tous deux, et commencer enfin à vivre pour de vrai ? (p.167)...

et là , suspens, je n'en dirai pas plus...la chute sera des plus inattendues et insolites.

Initialement désarçonnée, un peu déroutée, je dois admettre que le choix de la "fin" convient on ne peut mieux à cette fiction aussi romantique que fantaisiste...prodigue pour tous les amoureux de poésie, des mots, de la belle écriture(calligraphie), du Japon, et de ce trésor de la Correspondance, qui rassemble tant d'émotions et d'échanges uniques entre les personnes !... sans omettre la quête de l'amour , universelle !

Je ne peux résister à cette ultime transcription:
" Il n'est aucun lieu
ni nulle minute
où vous ne m'accompagniez
Avant votre poésie
j'ignorais que j'étais seule" (p.149)

Une fiction jubilatoire, amoureuse, poétique qui est une vraie pépite...

© Soazic Boucard- Tous droits réservés- 9 août 2015
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Bilodo a vingt-sept ans, il est facteur et encore célibataire. Depuis que les gens communiquent par mails les lettres sont devenues rares, Bilodo en éprouve de la nostalgie aussi lorsqu'il y a des lettres à délivrer dans sa tournée de facteur, il les met de côté. Le soir, chez lui, il les ouvre à la vapeur et, après lecture le lendemain il les dépose dans la boîte aux lettres du destinataire. Il sait que c'est une faute grave mais il ne peut s'en empêcher. C'est ainsi qu'un jour, il découvre un échange de correspondance entre une guadeloupéenne, Ségolène, et Gaston Grandpré. Au fil des jours des lectures des lettres de Ségolène, il en devient amoureux. Chaque missive renferme un haïku, dès lors il se renseigne à la bibliothèque sur ces étranges petits poèmes inconnus de lui.
Denis Thériault raconte une histoire qui révèle bien des surprises. Le facteur émotif a remporté le Prix littéraire Canada-Japon 2006.
Un auteur à suivre.
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« Tourbillonnant comme l'eau
contre le rocher
le temps fait des boucles »

Le facteur émotif fait sa tournée à vélo, toujours la même, il tourne en rond.
Dans sa sacoche, parfois une lettre manuscrite que précieusement il dérobe, avant de la remettre à son destinataire.
Un jour il rencontre la poésie, trois petits vers et puis… une image. Le haïku entre dans son univers avec tout ce qu'il représente d'esprit zen.
Pureté, simplicité, nudité de l'instant. Rassemblant dans un ensemble à la fois l'immuable et l'éphémère, l'infini et le grain de sable.
Un facteur pas comme les autres, amoureux de calligraphie, ensorcelé du parfum des mots, pour une histoire étonnante, un instant magique, un instant troublant.
Du début à la fin cette poésie, si timide par sa brièveté, si pure dans sa simplicité, nous invite à entrer dans la ronde.
On découvre, on redécouvre, l'envie de se poser, de regarder, de prendre note, d'épurer chaque instant de ce qui nous tourmente, de n'en garder qu'une couleur.
Et la boucle se referme à peine, nous laissant voir l'invisible, l'harmonie, l'équilibre. Le cercle Enso. L'éternel recommencement.

« Tourbillonnant comme l'eau
contre le rocher
le temps fait des boucles »
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Citations et extraits (69) Voir plus Ajouter une citation
Bilodo ne désirait pas visiter physiquement la Guadeloupe : il voulait seulement pouvoir se l'imaginer de manière détaillée afin d'alimenter ses rêves et de les situer dans un paysage réaliste apte à mettre Ségolène en valeur. Ainsi pouvait-il fantasmer sur elle en haute définition, avec toute la technologie mentale nécessaire.
Il rêvait d'elle roulant à bicyclette sur l'allée Dumanoir que bordaient orgueilleusement les palmiers royaux. Il rêvait d'elle se promenant sur la Darse, l’après-midi, au sortir du lycée, allant faire ses courses au marché Saint-Antoine, déambulant sous la grande halle parmi les étals multicolores où s'entassaient figues-pommes et ignames, patates douces et piments forts, ananas, madère, malangas et caramboles - sans oublier les épices, cannelle, colombo, safran, vanille, bois d'Inde et Curry dont les punchs et les sirops, les friandises et la vannerie, les fleurs, les perruches et les balais - sans oublier les potions, eaux de délivrance et de fidélité, de finance ou d'amour sans fin, et autres philtres magiques destinés à guérir tous les maux du monde. Chaque nuit il rêvait d'elle, et le décor de ces films oniriques où Ségolène tenait le premier rôle, c’était la Guadeloupe toute entière avec ses routes sinueuses et ses champs de canne à sucre, ses jungles aux sentes escarpées plantées de fougères géantes et constellées d’orchidées, ses monts aux temps vertes et aux fronts embrumés, aux joues moussues desquelles pendaient des chapelets de chutes et de cascades. C’était la Soufrière qui culminait, endormie mais toujours menaçante, et les villages lumineux aux toits de tôle rouge, aux cimetières plantés de tombes à damiers décorées de coquillages, c’était le carnaval, la musique, les joueurs de gwoda, les diablesses tout de rouge vêtues être autres danseurs aux costumes bigarrés se trémoussant au rythme des tambours bolas tandis que coulait le rhum. C’était les goyaves, les palétuviers et les mangroves, les îlots et les îles, les raies mantas planant à fleur d'eau, la dentelle des coraux, les rougets, les mérous et les poissons volants, les pêcheurs saintois coiffés de salakos et réparant leur filets, les cotes de calcaire déchiquetées au nord de Basse-Terre que punissait l’océan, puis tout à coup les anses au calme surprenant, les plages blondes, et Ségolène qui se baignait dans les rouleaux d'une mer turquoise comme ses yeux, et le soleil qui s'empressait de la reconquérir dès qu'elle en sortait, nouvelle Venus, qu'elle regagnait la plage et la foulait d'un pas souple, nue mais pourtant pudique alors que l'eau perlait ses seins, ruisselait sur l'or duveteux de son ventre.
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(...) à la différence du haïku, poème bref qui s'adressait aux sens et s'intéressait à l'observation de la nature, le -tanka- se voulait lyrique, exquis, raffiné; il avait pour propos l'exploration de thèmes et de sentiments nobles tels que l'amour , la solitude, la mort, et se dédiait à l'expression d'émotions complexes. (...)

Une forme favorisant l'expression des sentiments. N'était-ce pas justement ce à quoi Bilodo aspirait ? Ne lui était-il pas arrivé de se sentir coincé aux entournures par les limites qu'imposait le haïku ? Franchement, n'en avait-il pas assez d'évoquer la météo, les petits oiseaux et les cordes à linge ? N'était-il pas temps d'envisager de plus grandes et belles choses, de faire éclater les coutures du vêtement trop étroit ? (p. 113)
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Au fond le principe en était plutôt simple: le haïku visait la juxtaposition de l'immuable et de l'éphémère. Un bon haïku contenait idéalement une référence à la nature (kigo) ou à une réalité pas seulement humaine. (..)
L'art du haïku était celui de l'instantané, du détail. Il pouvait s'agir d'un fragment de vie, d'un souvenir, d'un rêve, mais c'était avant tout un poème concret en appelant aux sens et non aux idées. (p.65)
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Il y avait deux ans que Bilodo interceptait ses lettres, et lorsqu'il en trouvait une en classant le courrier, il éprouvait toujours le même ébranlement, le même frisson sacré. Il glissait discrètement la lettre dans sa veste, et ce n'était qu'une fois seul sur la route qu'il la ressortait, la tournait et la retournait, palpant l'excitante promesse et laissant libre cours à son émotion. Certes, il aurait pu l'ouvrir l'ouvrir sur-le-champ et s'en repaître déjà, mais il préférait attendre ; ne s'accordant que le plaisir fugitif de respirer l'effluve d'orange qui imprégnait l'enveloppe, puis il la remettait bravement dans sa poche et, toute la journée, il la gardait contre son cœur, résistant à la tentation, prolongeant le plaisir de l'attente jusqu'au soir.
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La mort de Grandpré ne suscita que peu d'émoi dans le quartier car on ne le connaissait guère. [...] C'était donc ainsi qu'on passait dans la vie, constata Bilodo : fortuitement, sans créer de remous, sans que perdure le sillage, comme une hirondelle traverse le ciel, et aussi vite était-on oublié que l'écureuil écrasé par mégarde sur la route.
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