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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Si André Theuriet fut un romancier très inspiré à la fin du XIXème siècle, il le fut un peu moins dans les dernières années de sa vie, non que l'inspiration lui manquât mais ayant sans doute conscience que son public vieillissait avec lui, ses portraits de femmes perdaient beaucoup de leur sensualité première, et plus encore de leurs audaces, même si Theuriet ne fut jamais un libertin déguisé comme le fut, par exemple, son collègue Marcel Prévost.
« La Petite Dernière » est moins un roman qu'une sorte de longue nouvelle publiée dans la collection « Excelsior » de la Librairie Nilsson, une des séries illustrées de cet éditeur, fort audacieuses pour leur temps, car au lieu de gravures, elles proposaient des photographies, réalisées en studio devant des décors peints, avec des figurants spécialement choisis et vêtus pour coller au texte et au contexte. le résultat était discutable, non seulement parce que le rendu noir et blanc était moins détaillé qu'une gravure, mais aussi parce que la dimension moyenne des volumes, et la taille fort réduite des photos, enlevait beaucoup de charme au procédé. Enfin, détail trivial mais hélas constant, particulièrement dans ce volume, les modèles féminins n'avaient ni forcément le jeune âge ni les attraits des personnages qu'ils incarnaient. Curieusement, les modèles masculins étaient généralement plus fidèles aux récits.
Toujours est-il que la cinquantaine de photographies, plus ou moins pertinentes, qui parsèment les pages de ce roman, en phagocytant à chaque fois le tiers, les deux tiers ou l'intégralité d'une page, réduisent considérablement la place allouée au texte. Ici, les 300 pages annoncées ne couvrent réellement qu'un court récit d'à peine une centaine de pages.
Ce fut certainement un problème pour André Theuriet, qui avait quand même besoin de place pour créer une atmosphère. S'il a pu assez bien concentrer ici sa rédaction, c'est au détriment de son intrigue, qui se révèle assez succincte : dans une famille bourgeoise, en vacances en Bretagne, trois jeunes soeurs rencontrent deux artistes quelque peu bohèmes. L'une d'elle s'amourache d'un peintre, tandis que l'aînée lui préfère son ami poète, mais celui-ci a un faible pour la cadette. Seulement, Paulette, la petite dernière, est encore trop prude pour céder au jeune homme, et surtout ses parents lui ont d'ores et déjà trouvé un mari : un vieux barbon de capitaine, sexagénaire mais fortuné, que la petite demoiselle aime bien, mais comme on aime un grand-père. Lorsque ses parents signifient à Paulette qu'elle est sommée d'épouser le capitaine LeDantec, elle en pleure de chagrin… Mais en 1901, impossible de désobéir à ses parents alors qu'on est encore mineure…
Paulette, 17 ans, épouse donc le capitaine LeDantec, qui a un demi-siècle de plus qu'elle. Ce dernier, conscient qu'une jeune femme s'embêtera bien sur la très pluvieuse côte bretonne, installe sa jeune épouse dans une propriété cossue qu'il possède à Massy, dans la grande banlieue parisienne. Contre toute attente, la jeune fille se plaît dans cette région verdoyante – car oui, Massy en 1901, est encore une campagne boisée et verdoyante, avec des forêts et des étangs -, d'autant plus que l'on comprend à demi-mots que le capitaine n'est plus de la première verdeur, et que lorsqu'il se couche aux côtés de son épouse, c'est souvent pour dormir.
Paulette se surprend à goûter une intense satisfaction à cette vie morne, aux côtés d'un mari qui a surtout envers elle la tendresse d'un père, et la vie pourrait s'écouler tranquillement, d'autant plus que le capitaine ayant ses affaires en Bretagne, il s'absente parfois une semaine en laissant seule son épouse, si hélas, le jeune poète dont elle s'était amourachée malgré elle ne se révélait être son voisin (Ça alors ! Quelle coïncidence !), et ne la poursuivait de ses assiduités, avec la complicité revancharde de la soeur aînée de Paulette, vexée de ne pas avoir été choisie par le poète, et bien décidée à faire capoter le mariage de sa cadette par pure rancoeur.
Dans n'importe quel roman de ce style, on verrait la jeune épouse résignée sentir son coeur s'éveiller pour le jeune soupirant romantique. Mais André Theuriet ne l'entendait pas ainsi : car le poète, dévoyé et noceur comme tous les gens de sa race de bohèmes, n'ambitionne que la possession charnelle de celle qui lui a échappé, tandis que Paulette, dégoûtée par le sexe et la sensualité comme toute fille honnête devait l'être en ce temps-là, se trouve finalement heureuse dans son rôle de maîtresse de maison d'un vieillard, et réalisera la chance qui est la sienne d'avoir un mari sexagénaire dont elle soit, elle-même, "la petite dernière", celle qui aura la chance, pour reprendre les mots de Sacha Guitry, de "fermer ses yeux et d'ouvrir ses tiroirs".
Évidemment, un siècle plus tard, tout cela est quand même un peu gênant, d'autant plus quand on sait qu'en 1901, André Theuriet avait 67 ans, que son épouse était à l'agonie, qu'il possédait une superbe propriété en grande banlieue parisienne (pas à Massy mais à Bourg-La-Reine) et que ses traits ressemblent furieusement à ceux du capitaine LeDantec.
S'est-il laissé aller à une rêverie personnelle sur un remariage très avantageux ? On est un peu mal à l'aise à l'idée de le supposer, mais il faut bien reconnaître que ça fait sens. Il n'empêche qu'on referme ce roman avec le sentiment plus que mitigé d'avoir parcouru un assez sordide appel d'offres, même si le récit réserve quelques passages fort intéressants, sur les côtes bretonnes et surtout sur la forêt entourant alors la gare de Massy, et où André Theuriet se révèle, comme à son habitude, un sublime chantre de la nature et de ses magnificences.
Néanmoins, on ne trouvera dans ce récit que l'ombre du remarquable écrivain qu'il fut jusque au tournant du siècle, et il vaut mieux éviter d'aborder son oeuvre par cet assez triste caprice de vieillard.
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