Ce tome fait bien sûr suite à Brothers Of The Blade and other stories (épisodes 52 à 59). Il contient les épisodes 60 à 63, 65, et 69 à 71. Tous les scénarios sont de Roy Thomas.
Épisodes 60 à 63 (dessins de
John Buscema, encrage de
Steve Gan) - Bêlit décide de faire une escale auprès de la tribu des Watambi pour qu'ils lui payent leur tribut. Mais cette fois-ci, ils n'ont rien à offrir à la déesse blanche car ils ont été pillés par des hommes chevauchant des crocodiles d'une taille impressionnante qui eux-mêmes reversent le fruit de leurs rapines à Amra, le seigneur des lions.
L'épisode 64 était une réédition d'un épisode précédent, c'est la raison pour laquelle il ne figure pas dans ce tome.
Épisode 65 (Adaptation d'une histoire de
R.E. Howard, dessins de
John Buscema, encrés par
Tony DeZuniga et ses assistants) - La Tigresse (le vaisseau de Bêlit) aborde une île inconnue. Conan découvre le cadavre d'un géant mystérieusement préservé des outrages du temps pendant des décennies, dans une hutte sur la plage. Un peuple descend d'un escalier à flanc de roche et attaque les pirates.
Les épisodes 66 à 68 ne sont pas inclus dans cette réédition car Red Sonja y apparaît et les droits du personnage sont détenus, au moment de cette réédition, par Dynamite (un autre éditeur).
Épisodes 69 (Dessins de
Val Mayerik, encrage de DeZuniga et consort) - Conan raconte à Bêlit les circonstances dans lesquelles il a vu la mer pour la première fois.
Épisodes 70 (dessins et encrage de
John Buscema) et 71 (dessins de
John Buscema, encrage d'Ernie Chan) - L'équipage de la Tigresse aborde une île inconnue. Ils y découvrent une citadelle séculaire. Une horde de males primitifs en sort pour les attaquer. le conflit s'arrête net quand un marchand gras sort à son tour pour proposer d'engager les pirates comme mercenaires, afin de repousser une attaque de pirates sans merci.
Dans les pages de fin, Roy Thomas commente la genèse de chaque épisode. Il indique que la première histoire est née de son envie de faire se rencontrer Conan et Tarzan (ou un personnage qui lui ressemble beaucoup). C'est donc parti pour une expédition dans la jungle, une citée monumentale de pierre, en ruine, des crocodiles plus grands que nature, et des créatures innommables tapies dans l'obscurité. le récit est solidement structuré et il emmène le lecteur vers une résolution définitive satisfaisante. La narration souffre de ces petites cases de texte ampoulé. Roy Thomas ne peut toujours pas se passer de cet artifice narratif puisque le Comics Code (outil d'autocensure de l'industrie des comics) lui interdit des dessins trop suggestifs, ou pire encore carrément explicites. Thomas ajoute donc à la narration visuelle, des textes au style pseudo-littéraire qui disent ce qui n'est pas montrable. C'est ainsi qu'il ironise sur le fait que Bêlit et Conan vont se réconcilier sur l'oreiller, afin d'apaiser la jalousie de Bêlit. À plusieurs reprises, Thomas sous-entend leurs rapports sexuels, et même le délicat rapport de force entre les 2 amants. Il arrive à faire passer le fait que Conan n'est pas soumis à Bêlit, mais qu'il n'est pas non plus l'individu dominant du couple. C'est certainement la plus grande réussite de ses histoires.
Le deuxième élément remarquable réside dans la capacité de Roy Thomas à concevoir des moments archétypaux : les sauvages chevauchant des crocodiles, les runes d'une cité dans la jungle, une île maintenue à l'écart des routes maritimes habituelles grâce à un sortilège, le sauvage (Conan) écrasant la civilisation par sa force brute, etc. Mais dès l'épisode 65, le lecteur éprouve comme une sensation de lassitude. le volume important de petites cases de texte apportent peu d'informations supplémentaires, mais il n'y pas d'autre choix que de toutes les lire, au risque de rater la case qui complètera ce qui est dessiné. du coup, la lecture devient franchement fastidieuse à lire texte après texte redisant ce qui est dessiné avec lourdeur. Roy Thomas commence aussi à se reposer sur une formule toute faite pour les scénarios : conflit avec une peuplade indigène, ruines mystérieuses et ensorcelées, sauvetage de la demoiselle en détresse (Bêlit, ou l'otage du mois), combat herculéen contre le monstre du mois.
John Buscema est plus ou moins impliqué suivant les épisodes. Il réalise plusieurs images mémorables telles qu'une mangrove, une danse endiablée autour du feu, les regards noirs et pénétrants de Bêlit, les muscles bandés de Conan, les bas reliefs à moitié effacés sur des murs moussus, etc. Par contre, il apparaît aussi qu'il privilégie parfois l'image mémorable, à la narration séquentielle. En soi, ce n'est pas très gênant, mais couplé avec les textes pénibles Thomas l'effet est catastrophique. Si Buscema sait évoquer avec talent la jungle, les ruines, les peuplades primitives et menaçantes, l'un des grands plaisirs est également de le voir dessiner les bêtes sauvages. Non seulement il respecte leur anatomie, mais en plus il leur confère une sauvagerie remarquable. Les fluctuations de son implication (le temps qu'il a à consacrer à l'épisode, en fonction du nombre qu'il dessinait ce mois là) se voient surtout sur les visages. Il a souvent recours aux mêmes expressions faciales (pour Conan mâchoires crispées, lèvres à demi retroussées, ou complètement retroussées). À ce stade tout repose sur l'encreur, s'il est capable ou non de compléter les dessins plus ou moins esquissés. Ceux ayant travaillé dans ces épisodes ne constituent pas le haut du panier.
D'un coté, il est agréable de découvrir Roy Thomas et
John Buscema faisant ce qu'ils savent faire de mieux : des récits mêlant grande aventure, temps barbares, nature sauvage et une touche plus ou moins appuyée de sorcellerie. de l'autre, il est visible que Thomas a une vision restrictive et pataude de la narration, et que Buscema bâcle régulièrement pour tenir les délais. Dans When giants walk the earth and other stories (épisodes 72 à 77, et 79 à 81), Conan croise le chemin d'Alexandre le Grand (si c'est possible).