Le Journal Tintin : Spécial 77 ans

Dans quelques jours, Tintin le journal des jeunes de 7 à 77 ans va fêter un anniversaire très particulier.
Bon anniversaire !
C'est que 77 ans viennent tout juste de s'écouler depuis la sortie du premier numéro le jeudi 26 septembre 1946 ...
Alors "back to the brochure" !
Grâce au chronoscaphe du professeur Miloch, le courageux voyageur du temps Johan de Moor a décidé de rejoindre le premier numéro du journal de Tintin, tout en assurant la réalisation du dessin, du scénario et des couleurs de cette aventure.
N'était-ce pas un peu trop ambitieux, mister de Moor ?
Ne risquez-vous pas d'être sans cesse décalé, de n'être jamais à temps là où il faudrait l'être ?
Ne risquez-vous pas d'errer indéfiniment dans la quatrième dimension ?
Inquiétude, angoisse et vibrations ...
C'est risqué ! Quel suspens !
D'autant qu'une petite visite chez le libraire aurait suffi.
Un pavé vient de tomber dans sa mare, près de 400 pages pour un hommage rendu à 77 ans de lecture saine et passionnante !
Ils sont venus, ils sont tous là, ou presque ...
Michel Vaillant, Bob Morane, Modeste et Pompon, Ric Hochet, Lester cockney, Blake et Mortimer, Spaghetti, Olivier Rameau, Red Dust qui, une fois de plus, va rester au bord de la piste !
C'est "à la manière de ..." que l'hommage est rendu.
C'est à coups de dents que Chlorophylle et Minimum vont inspirer une oeuvre toute entière.
C'est chez Josette et Raymond Macherot que cela se passe ....
C'est parfois décalé, tendre ou drôle.
C'est nostalgique, mais surtout très moderne et vivant.
Les reprises sont pour la plupart splendides.
Mais la bande-dessinée pourtant était en danger !
Celle que nous chérissons depuis tant d'années était sur le point de disparaître ...
Heureusement, le Capitan - pas celui d'André Hunebelle, non ! Celui de Liliane et Fred Funcken - en quatre pages de formidables aventures, va régler le sort de l'itération iconique et de la bichromie.
Merci, "commandaine", pour ce savoureux détournement d'un de mes albums préférés :
"Capitan et le prince des ténèbres" !
D'ailleurs, ici, tout peut être préféré !
C'est un peu comme le meilleur ami, ils sont plusieurs ...
Nonobstant, mener 18 planches d'une guérilla pour un héros et quatre auteurs en pastichant, sans reprendre haleine mais avec toutefois beaucoup de souffle, Greg, Hermann, Vance et Edouard Aidans.
C'est gonflé !
Ringo, Aria, Nanouche, Vasco, Dan Cooper, Simon du fleuve et Jason tête fêlée ...
Ni vous ne les connaissez pas ces deux-là, il est temps de sortir de Babelio pour vous plonger dans les aventures de "Jason Muller" et de "Simon du fleuve", à vous aventurer dans la "saga du grizzly" et autres indispensables albums de Claude Auclair.
Toutefois, si vous n'avez aucune idée de ce dont j'ai pu parler tout précédemment, une petite leçon de rattrapage est encore possible avec "la grande aventure du journal Tintin" parue en 2016 aux éditionsmoulinsart "Le Lombard", presque 800 pages de courts récits et de rédactionnels ayant jalonné l'histoire du journal.
Voilà qui devrait dilater vos pupilles, enflammer votre imagination et déformer votre sac à livres !
Comment, vous n'avez pas de sac à livres ...

Ce bon gros numéro bien épais m'attendait au Repaire des Héros où j'allais chercher mon Spirou et la gorgone bleue!
J'ai dégusté ce pavé par petits morceaux, au fil des souvenirs qui remontaient...
Soixante-dix-sept ans! Une dernière partie de slogan qui devient un incontournable anniversaire... L'occasion de redire, une fois encore, l'histoire d'un bel hebdomadaire de bande dessinée caractérisé dès son premier numéro de 1946 par des récits soignés et une impression impeccable (l'offset).
Hergé, pour ce numéro 1, avait su s'entourer des meilleurs!.. Et Raymond Leblanc trouver appuis, autorisations et papier nécessaire pour lancer l'hebdomadaire.
Pour ma part, ce sont les années 60-70 du journal TINTIN qui me passionnèrent le plus... Elles correspondent, comme par hasard, à mon enfance et mon adolescence.
Le tintinophile éploré et ravi que je suis, ne peut que regretter l'extinction de l'hebdomadaire Tintin et la momification du reporter à la houppe par certain héritier rapporté... Avec le culot de Moulinsart de n'avoir mis aucune parodie-hommage aux aventures du reporter Tintin (un comble), dans ce bon gros numéro! Au-moins ais-je la consolation de constater que cet "esprit Tintin" au sens large n'est pas tout-à-fait mort.
Je salue donc, avec ma plus profonde considération, ceux qui ont permis à Tintin de naître, croître et s'enrichir de talents nouveaux et parfois incroyables, et dont beaucoup ne sont plus, et à qui la Bande dessinée actuelle doit tant!
Et... Vive Tintin, l'hebdomadaire des 7 à 177 ans!

Le journal de Tintin et moi célébrons en même temps notre anniversaire …

Car le célébrissime hebdomadaire destiné à la jeunesse est né le 4 octobre 1946, et moi le 6. Et effectivement, la devise du journal est respectée car, à 77 ans, je ne suis plus en mesure de parcourir les aventures des héros de la bande dessinée franco-belge de ma prime jeunesse puisqu'il ne paraît plus depuis le 29 novembre 1988.

Mais cela ne m'empêche pas de relire régulièrement les albums de mes auteurs préférés.

Un ouvrage-hommage, donc, en un pavé de 400 pages entrelardées d'analyses – déjà lues ailleurs – et de reprises des personnages connus et moins connus qui ont fait la gloire de ce phénomène de l'édition.

En réalité, Tintin en édition française paraît le 28 octobre 1948 avec le jeune éditeur Georges Dargaud. On connaît la suite.

Pour moi, certaines découvertes … et une large déception. D'abord, et c'est juridiquement inattaquable, pas une seule représentation du héros à la houppette puisque Georges Remi a interdit qu'on perpétue son oeuvre aujourd'hui bouclée comme une huître. Sauf … une parodie grossière en dernière page où l'on voit un Tintin vieilli, affublé d'un pantalon au motif de peau de léopard, et un stylo fiché dans le nez. Quelle dérision !

Pour moi, mes héros de bande dessinée préférés sont restés ceux de ma prime jeunesse : Blake et Mortimer d'Edgar P. Jacobs (première apparition le 26 septembre 1946), Alix (1948) et Lefranc (1952) de Jacques Martin. J'ai raté Thorgal (né en 1977), mais il appartient à la génération de mes petits-enfants.

L'hommage-pastiche à Blake et Mortimer m'a semblé de bien piètre qualité, bien inférieure à celle des aventures contemporaines publiées chaque année par ses successeurs et que je ne manque jamais … celui mettant en scène Alix m'a un peu choquée.

Rendons à César ... L'essor de la bande dessinée au cours de cette seconde partie du XXème siècle est en grande partie due au journal de Tintin. Selon Julien Bisson, « il est frappant de voir à quel point la BD de cette époque a contribué à forger notre imaginaire visuel. Parfois en transposant, pour un public plus jeune, l'atmosphère ou les décors de l'âge d'or d'Hollywood : péplums, films noirs, westerns spaghettis … ». Dont acte.

Pour ma part, il est indéniable qu'une partie de ma culture historique et de mon intérêt pour les courants géopolitiques trouve ses racines dans ces personnages purs, invincibles … et malins, créés par des scénaristes et graphistes particulièrement talentueux et une impression impeccable.

Ce recueil de parodies m'en a fait découvrir des nouveaux ou ignorés. Je ne suis pas certaine d'y avoir gagné en sagesse.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..

Pour tous ceux qui ont été abonné à Tintin (chez nous c'était mon frère), ce hors série est une vraie pépite nostalgique avec quelques reprises très sympathiques ; entre autre "Guerilla pour un héros" où un petit garçon ne pouvant attendre une semaine pour savoir si Barney (de Bernard Prince) va finir complétement cuit, fait appel à Tounga, Les Panthères et Bruno Brazil pour le délivrer, un gag d'une page de Julie, Claire et Cécile qui ont "mal vieilli" (c'est elles qui le disent en parlant du vin.) et les irruptions de Jerome Moucherot dans diverses BD. On retrouve certains héros qui ont fait les délices de ce journal mais n'ont jamais eu le bonheur de faire l'objet d'un album (comme les panthères déjà indiquées) et d'autres beaucoup plus connus, repris par de nouvelles paires dessinateur/scénariste pouvant donner des idées à des reprises ou par leurs auteurs initiaux (Gilles Roux et Marie Meuse, scoop, ne sont plus ensemble). Bref un vrai bon moment de lecture, agrémenté de textes reprenant les grandes heures de ce journal que j'ai adoré attendre toutes les semaines et qui souvent nous été "piqué" par notre père pour avoir droit à le lire en premier.
Pour les autres - non nostalgiques - c'est suffisament bien fait pour interesser, il y a quelques grands noms actuels et des plus anciens.
Une belle initiative.

En voyant la publicité de cet album, je me suis dis que ce n'était pas pour moi car j'étais et je suis toujours un inconditionnel du journal Spirou. 
Finalement j'ai cédé en le voyant à l'étalage de ma librairie. Pourquoi ? Parce que le journal de Tintin ne se résume pas qu'à lui mais a bien d'autres séries que j'ai lu en album. Puis faut avouer que la courte histoire inédite de Michel Vaillant y est aussi pour quelque chose. 
Dans l'ensemble il y a plutôt de bonne reprise dans l'esprit des séries de l'époque mais aussi pour quelques-unes d'entre elles une pointe de modernité ou de surprise. 
La plupart des personnages apparaissent soit sous forme d'histoire soit sous la forme d'une apparition. La meilleure étant le passage de Jérôme Moucherot (François Boucq) qui s'incruste dans plusieurs récits. La conclusion du Bob Morane est géniale. J'espère un retour de Corentin en album par Christophe Simon. Robin Recht est très audacieux avec Alix en proposant une scène jamais vue. Par sur que ça plaise aux fans hardcore mais bon faut avouer qu'il était temps d'aborder le sujet. 
Pour les fans de Blake et Mortimer il y a l'intro d'un futur album nommé "l'île du loup" ainsi que deux autres courts récits. le récit des aventures de Gilles Roux et Marie Meuse est génial. Toutes les stars du mags sont là ou presque… il manque à mon sens un gag du cultissime Taka Takata (Jo El Azara). 

Le tout est agrémenté tout d'abord par un dossier sur Tintin en lui-même et ensuite sur le journal et les Éditions du Lombard et leur magnifique tête de Tintin qui est perchée sur le toit de la maison d'édition. 
Un tiré à part illustrant la couverture du journal n°1 de 1946 est fourni avec l'album. 
Cette version est celle dite de librairie (format souple + de 300 pages de bd). Une version cartonnée dite luxueuse paraîtra en novembre

Les éditions du Lombard ont réussi un joli coup de pub pour les 77 ans du journal des jeunes de 7 à 77 ans : elles sortent un numéro spécial du Journal de Tintin... et je n'ai pas pu résister à l'acheter ! Et j'avoue que ce que je prenais un peu comme une opération commerciale m'a plutôt plu.
Après une belle introduction de Daniel Couvreur sur "le monde de Tintin qui s'enrichit du temps qui passe", treize artistes nous présentent leur case préférée dans les aventures de Tintin. Il y a par exemple Patrice Leconte avec la momie de Rascar Capac , Cédric Klapisch avec les murs des buildings de Chicago ou Richard Gotainer avec Dupond et Dupont dont les cheveux poussent à toute vitesse !
Puis une cinquantaine de héros d'autrefois du Journal sont repris par des dessinateurs d'aujourd'hui. Ces planches sont entrecoupées de quelques pubs (il faut bien vivre !) et de trois articles : un sur l'histoire du Journal de Tintin et sa rivalité avec Spirou, un sur la longue épopée des femmes du Journal et un sur les genres de BD présentés dans Le Journal. Cosey et Jonathan sont cités plusieurs fois dans ces articles.
Parmi les BD, trois me plaisent particulièrement. Avec tendresse et émotion, Alix Garin rend hommage à Pompon, la compagne de Modeste. Hamo imagine avec beaucoup de fantaisie que différents héros de BD viennent prêter main forte à Bernard Prince pour essayer de sauver son ami Barney entre 2 livraisons du Journal. Et Cosey lui-même nous raconte le retour de Jonathan depuis Shikoku jusqu'aux Alpes avec de nombreux clins d'oeil.
PS : l'album offre même un petit hommage au Mans et à sa célèbre librairie de BD dans le rêve futuriste de Vasco à la page 334 !