Les larmes du devoir

En 1825, à Saint Petersbourg, un petit groupe de jeunes nobles inspirés par les idées libérales françaises tentent un coup d'état à la mort du tsar Alexandre 1er. Mais ce complot, mal préparé et mal dirigé par le prince Troubetskoï échoue lamentablement. Les représailles sont terribles : le jeune Nicolas 1er condamne à la déportation à vie en Sibérie suivie de la relégation plusieurs milliers de personnages de haut rang, les rabaissant au niveau infamant de bagnards travaillant dans la mine. Leurs épouses et leurs amies, parmi lesquelles deux jeunes françaises, supplient la tsarine de leur donner l'autorisation de les accompagner au bagne de Tchita pour y partager leur malheur. Après des débuts difficiles (froid, faim, humiliations), leur sort finira par s'améliorer peu à peu grâce à un gouverneur un peu plus humain. Des unions seront consacrées, des enfants naîtront et des familles s'établiront apportant culture et début de développement dans une région abandonnée. L'avènement d'Alexandre 1er en 1855 marquera la fin du calvaire des « Décembristes ».
Ce livre est plus une page d'histoire qu'un roman historique à proprement parlé tant la fidélité aux faits est remarquable et tant le travail documentaire est abondant. Les héroïnes, Pauline, la petite couturière parisienne, Catherine Troubetskoï et Marie Volkonski forcent l'admiration par leur courage et leur abnégation. Ces femmes affrontent les pires difficultés pour apporter un peu de soulagement aux hommes qu'elles aiment, se sacrifiant volontairement pour eux. En focalisant sur ce fait historique qui fut un premier ébranlement du régime autoritaire tsariste (le plus radical des conjurés prévoyait l'abolition du servage et prônait l'exécution du tsar, de sa famille et de toute sa descendance, ce qui sera réalisé quelques années plus tard à Ekaterinenbourg), le lecteur découvre l'influence des idées jacobines et libérales qui amenèrent ensuite les révolutions de 1905 et surtout de 1917 dont les instigateurs furent moins naïfs, plus résolus et surtout plus impitoyables. le livre se lit très facilement car le style de l'auteur est agréable. Pour les vrais amateurs (trices) de l'Histoire avec un grand H.
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