Ce petit roman, facile à lire mais au récit bouleversant, peut être rapproché de la bande dessinée
Migrant d'
Eoin Colfer et
Andrew Donkin, dans sa structure et dans ses thèmes. Mais là où le dessin permet de visualiser des visages, des situations, les mots de
Jean-Christophe Tixier apportent beaucoup de détails, restitue sensations et émotions avec davantage de précisions.
Le récit alterne entre présent et passé. Dans les chapitres au présent, Sam est à bord d'une embarcation avec une centaines d'autres personnes, des hommes, des femmes, des enfants, des bébés, au milieu des eaux noires de la Méditerranée. L'embarcation prend l'eau et les vagues menacent à chaque instant de faire chavirer le bateau. Au fil du récit se joue une fois de plus le drame de milliers de personnes qui chaque année quittent leur pays dans l'espoir de bâtir en Europe une vie meilleure, mais dont bon nombre ne verront pas leur rêve se réaliser.
Alors que Sam est dans l'eau, luttant pour sa survie dans la nuit et le froid, il se remémore son parcours, se souvient de ceux qu'il a croisés depuis son départ : il pense à sa famille, à Meïssa sa petite soeur, à Youssou, son ami qui devait faire le voyage avec lui mais n'en a pas eu le courage, à Thiane, sa compagne de voyage, à Sekou, le garçon messager du camp de rétention.
Ces retours dans le passé nourris de portraits de personnages donnent corps et sens au périple, donnent chair aux hommes, mettent en lumière les conditions de vie qui font qu'un jour, on décide de partir, restituent les dangers d'un périple où la violence côtoie l'exploitation, l'incertitude la fatigue, l'attente la lassitude, et l'espoir l'injustice, rappelant qu'aucun n'entreprendrait un tel voyage en enfer par plaisir ou par distraction.
Un roman très fort et utile, vibrant de vérité et d'humanité, sur un sujet d'actualité encore difficile à comprendre pour les enfants et les adolescents. A mettre entre toutes les mains.