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Citations sur Lucerne (14)

Et qui pourra me définir la liberté, le despotisme, la civilisation, la barbarie ? Et où sont les frontières qui les séparent ? Qui peut dire que cette mesure du bien et du mal est si inébranlablement établie dans son âme qu'il peut l'appliquer à jauger l'enchevêtrement des faits quotidiens ? Qui a l'intelligence assez vaste pour embrasser, ne serait-ce que dans un passé désormais figé, tous les faits, et en peser l'importance ? Et qui a jamais vu une situation où il n'y aurait pas du bien et du mal en même temps ? Et comment savoir si ce n'est pas parce que je ne suis au bon endroit que je vois plus de l'un ou de l'autre ? Et qui est en mesure de prendre assez de distance envers la vie, même pour un bref instant, pour la regarder de haut de façon indépendante ?
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Maintenant, grâce à l'invasion anglaise, à leurs exigences, à leur goût et à leur argent, le vieux pont est disparu et à sa place s'étend un quai rectiligne. On y construit des maisons carrées, à cinq étages, et devant sont plantées deux rangées de tilleuls protégés par leurs tuteurs et, entre les tilleuls, comme il convient, des petits bancs verts. Cela s'appelle une promenade et c'est là que, de long en large, se promènent des Anglaises coiffées de chapeaux tyroliens, ainsi que des Anglais vêtus de costumes confortables et solides. Et tous sont contents d'eux-mêmes.
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En deuxième lecture, je confirme mes impressions plus que mitigées. Jusqu'à la rencontre avec ce chanteur de rue, la prose de Tolstoï se décline avec la talent qui lui est coutumier, elle est tour à tour contemplative, critique, presque panthéistique. Nous sommes en 1857 quand il écrit cette nouvelle, il a 28 ans. Visiblement cette construction moderne, carrée lui sort par les trous de nez. Visiblement ce diner huppé dans l'hôtel de luxe le Sweizerhoff, ces convives guindés qui ne semblent vivre que pour eux-mêmes, perdus dans des convenances et leurs chuchotements, lui rappellent des mauvais souvenirs de sa toute jeunesse. Il ne le supporte pas, il est seul :
" Aucun sentiment issu de l'âme ne se reflétait dans le geste de ces mains blanches, ornée de bagues et de mitaines (..), Ce genre de dîner me rend infiniment morose, désagréable et triste. "

Le spectacle que va donner le Tyrolien sous les balcons de l'hôtel de luxe, qui va tourner au fiasco va émouvoir le Prince Nekloudoff .. et je vois l'ambiance, tout le monde se barre, elle est sinistre.. Les gens de l'hôtel, riches anglais et autres, continuent de vaquer invariablement à leurs affaires ..

Il serait intéressant de voir ce qu'en a pensé l'auteur lui-même de cette nouvelle, l'a-t-il envoyé aux pelotes comme Le Bonheur conjugal qui va suivre qui lui était véritablement un chef d'oeuvre. C'est une époque où Tolstoï jurait qu'on ne le reprendrait plus sur "ses petites distractions qui amusent les hommes", il se lassait des fictions, il était désabusé. Je m'empresse d'ajouter que cette oeuvre d'une trentaine de pages, il faut vite l'oublier, c'est faible, et se tourner vers tout le reste de sa production qui a ma totale approbation. Et je l'excuse mille fois bien sûr !

J'ajouterai à ma première impression de lecture que Tolstoï était vraiment de mauvais poil, d'humeur changeante en cet été 1857. Il venait de visiter Paris qui lui laissa un goût fort amer, avec cette exécution capitale sur la place publique, ce cérémonial, ce raffinement dans l'horreur. Et sa rencontre avec Tourgueniev ne fut hélas pas de nature à le calmer. La brouille entre les écrivains était visible : Tolstoï n'apprécia pas l'attitude (ardente) que Tourgueniev avait manifesté pour sa soeur Marie ... Certes Tolstoï avait ses défauts, mais il ne faut pas non plus tout lui mettre sur le paletot ; combien de fois ai-je lu que Tolstoï avait snobé Tourguenief après que celui-ci ne cessait de l'encenser et de le considérer comme le futur grand prosateur de la terre russe attendu par tout un peuple. Tolstoï ne s'est jamais répandu sur cette affaire .. On n'a jamais inventé l'eau chaude en disant que Tolstoï avait un tempérament fougueux, farouche, comme il pouvait être d'un caractère radicalement différent ..
Le lac, bleu comme la flamme du souffre, avec les points que formaient les bateaux, s'étendait immobile et comme bordé entre les rives vertes et variées
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