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Citations sur Résurrection (107)

Le sort des détenus de Saint-Pétersbourg dépendait d'un vieux général, issu de barons allemands, possédant une quantité invraisemblable de décorations que d'ailleurs, il ne portait pas, à l'exception d'une petite croix blanche attachées à sa boutonnière. Par ses longs états de service, il avait bien mérité de la patrie, mais, comme se plaisaient à dire les gens, cela ne l'empêchait pas d'être légèrement gâteux. Il avait servi au Caucase, où il reçut cette croix, si flatteuse pour lui, pour avoir obligé des paysans russes, tondus, revêtus d'uniformes et armés de fusils munis de baïonnettes, à tuer plus d'un million d'autochtones qui défendaient leur liberté, leurs maisons et leurs familles. Ses services en Pologne, où il obligea également des paysans russes à accomplir de nombreux forfaits, lui valurent d'autres décorations et de nouvelles broderies sur son uniforme. Il avait encore servi quelque part ailleurs, et, maintenant, vieillard fatigué, il avait reçu ce poste qui lui procurait bon gîte, fort traitement et honneurs.

Deuxième partie, Chapitre XIX.
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Les quelques centaines de milliers d'êtres humains qui s'étaient rassemblés sur cet espace étroit avaient beau mutiler la terre sur laquelle ils s'entassaient; ils avaient beau écraser ce sol sous des blocs de pierre afin que rien n'y pût germer, arracher toute herbe qui commençait à poindre, enfumer l'air de pétrole et de charbon, tailler les arbres, chasser bêtes et oiseaux, le printemps était toujours le printemps, même dans la ville. Le soleil était chaud. Vivifiée, l'herbe poussait et verdoyait partout où elle n'avait pas été raclée, non seulement sur les pelouses des boulevards, mais encore entre les pavés des rues; les bouleaux, peupliers, merisiers déployaient leurs feuilles parfumées et gluantes, les tilleuls gonflaient leurs bourgeons prêts à éclater; les corneilles, les moineaux, les pigeons, suivant la coutume du printemps, construisaient gaiement leurs nids, et les mouches, réchauffées par le soleil, bourdonnaient sur les murs. Tout était en liesse: plantes, oiseaux, insectes, enfants. Mais les hommes, les grands, les adultes, ne cessaient de se tromper et de se tourmenter les uns les autres. Ce qu'ils considéraient comme important, ce n'était ni cette matinée de printemps, ni cette beauté de l'univers que Dieu accorde à tous les êtres pour leur bonheur - beauté qui invitait à la paix, à l'union, à l'amour: non, pour eux, ce qui était important et sacré, c'était ce qu'ils avaient eux-mêmes imaginé pour dominer leur prochain.
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Nombreuses sont les croyances, mais l'Esprit est un. Il est en moi, en toi, en lui. Donc que chacun croie en son propre esprit et alors nous seront tous unis ! Que chacun devienne soi-même et tous seront avec lui.

Le vieux parlait très fort et regardait sans cesse autour de lui comme pour avoir le plus d'auditeurs possibles.
- Il y a longtemps que vous avez cette foi ? demanda Nekhlioudov.
- Moi ? Longtemps. Ça va faire vingt-trois ans qu'ils me pourchassent.
- Comment ! On vous pourchasse ?
- Oui, comme ils ont persécuté le Christ, ils me persécutent. Ils me saisissent et me traînent devant les tribunaux et devant les popes - les scribes et les pharisiens. On m'a enfermé dans une maison de fous. Mais ils ne peuvent rien contre moi, car je suis libre. "Comment t'appelle-t-on ?" disent-ils. Ils se figurent que je vais leur dire un titre quelconque. Mais je n'en porte aucun. J'ai tout abjuré : nom, domicile, patrie. Je n'ai plus rien. Je suis devenu moi-même. Comment je m'appelle ? Un homme !
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Tout était clair. Clair que ce qui est tenu pour important et bon est insignifiant et vil, et que tout cet éclat, tout ce luxe, masquent des vices très anciens, familiers à tous, et qui non seulement ne sont pas châtiés, mais triomphent et se parent de toutes les perfections inventées par les hommes.
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Remontée par Alain Refalo 1997
L'être libre, l'être moral qui est en nous le seul véritable, le seul puissant, le seul éternel, s'éveille chez tout homme, ne fût-ce qu'un instant
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Résurrection, tome 2 livre de poche, page 132

Sans doute il y a toujours eu des erreurs judiciaires. Une institution humaine ne saurait être infaillible.
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Lettre de Tchékov à Menchikov
"C'est une oeuvre d'art remarquable (Résurrection). Le moins intéressant est tout ce qui est dit des relations de Nekhlioudov à Katioucha, et le plus intéressant : les princes, généraux, tantes, paysans, prisonniers et inspecteurs. La scène à la maison du général spiritualiste, commandant la forteresse Pierre et Paul, je l'ai lue avec un tremblement de l'âme, tellement c'est bon. Et Mme Korchagine dans sa chaise ; et le paysan, le mari de Théodosia. Le paysan dit que la grand-mère est "empoignante". Mais c'est la plume de Tolstoï qui est empoignante .."

Dire de la part de Tchekov que la relation de Nekhlioudov avec Katioucha est moins intéressante que les autres relations, ce n'est pas grave et on peut comprendre son jugement personnel
1/ Tolstoï était le meilleur peintre de la femme
2/ Tchekov était jaloux de cela qui le renvoyait à son propre malheur, être séparé de la femme qu'on aime, l'amour de sa vie, pour des raisons de santé, en sachant qu'une femme qui n'est pas surveillée et lointaine ne peut vivre de correspondance et que l'infidélité est dans l'air, surtout une artiste, éveille forcément chez celui-ci qui vit cette situation de la méfiance et un mal vivre.
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Aussitôt que Katucha entrait dans la chambre ou était Nekhludov, aussitôt que de loin il apercevait sa robe rose et son tablier blanc, c'est comme si tout pour lui, aussitôt, s'ensoleillait : tout lui paraissait intéressant, gai, important ; la vie lui devenait une joie.
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Et de même qu'il n'y avait pas de calmantes, reposantes ténèbres cette nuit-là, mais une lumière trouble, morne, factice, privée de sa source, de même dans l'âme de Nekhlioudov s'étaient dissipées les apaisantes ténèbres de L'ignorance. Tout était clair. Clair que ce qui est tenu pour important et bon est insignifiant et vil, et que tout cet éclat, tout ce luxe, masquent des vices très anciens, familiers à tous, et qui non seulement ne sont pas châtiés, mais triomphent et se parent de toutes les perfections inventées par les hommes.
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Dans sa mémoire affluaient les souvenirs du village : femmes, enfants, vieillards, la misère et l'accablement qu'il semblait avoir découverts et surtout la vision de l'enfant vieillot, qui souriait et tortillait ses jambes sans mollets, et involontairement il comparait ces souvenirs au spectacle de la ville.
En passant devant les boucheries, les poissonneries et les magasins de confection, il fut frappé, comme s'il le voyait pour la première fois, de l'air repu de ces innombrables commerçants, propres et gras, auxquels aucun homme du village ne pouvait se comparer. Ces gens, à coup sûr, étaient fermement persuadés que leurs efforts pour tromper les acheteurs, incapables de reconnaître la qualité de leur marchandise, ne constituaient pas une occupation oiseuse, mais fort utile au contraire. Repus aussi lui apparaissaient les cochers avec leurs postérieurs énormes et leurs boutons dans le dos, les portiers en casquettes galonnées, les femmes de chambre aux cheveux bouclés, avec des tabliers blancs, et surtout les cochers des voitures rapides, aux nuques rasées, étalés sur leurs coussins et dévisageant les passants d'un air dédaigneux et cynique.
Maintenant il ne pouvait s'empêcher de voir, dans tous ces gens, des paysans dépossédés de leurs terres et par là même refoulés vers la ville. Toutefois, si certains d'entre eux avaient su tirer profit des conditions de la vie urbaine et devenir semblables aux maîtres, ce dont il se réjouissait, d'autres par contre menaient une vie plus misérable qu'à la campagne et en devenaient plus pitoyables. Ainsi ces cordonniers maigres et pâles que Nekhlioudov avait vus travailler devant le soupirail d'un cave, ces blanchisseuses tout échevelées, les bras nus et grêlés, qui repassaient devant des fenêtres grandes ouvertes d'où s'échappaient de grosses volutes de vapeur savonneuse, ces deux garçons teinturiers qu'il avait croisés, en tablier, sans chaussures, les pieds simplement enveloppés de toile et tout barbouillés. Les manches retroussées jusqu'aux coudes, dans leurs bras malingres et veinés, ils portaient un seau de teinture et ne cessaient de s'injurier. Leurs visages hargneux trahissaient une grande lassitude. La même expression se lisait sur la face poussiéreuse et noire des charretiers cahotés sur leurs camions ; sur les visages gonflés des hommes et des femmes qui, avec leurs enfants, demandaient l'aumône au coin des rues ; sur ceux des buveurs aperçus aux fenêtres du cabaret devant lequel il était passé. Là, autour de petites tables encombrées de bouteilles et de verres de thé, parmi lesquelles circulaient des garçons souples aux tabliers blancs, des êtres aux faces abêties, enflammées d'alcool, couverts de sueur, criaient et chantaient. L'un d'eux, près de la fenêtre, les sourcils relevés et les lèvres pendantes, regardait fixement devant lui comme s'il cherchait un souvenir.
« Mais pourquoi sont-ils tous venus s'entasser dans cette ville ? » se demandait Nekhlioudov.

Deuxième partie, Chapitre X.
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