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Un musicien déchu est une nouvelle qui raconte l'histoire d'un violoniste qui a touché le fond. Elle est basée sur une la rencontre de Tolstoï avec un violoniste allemand.

Touché par son talent, un certain Délessov décide de lui venir en aide mais cela semble impossible... La détresse d'Albert ne laisse pas indifférent.

C'est beau ce que Tolstoï écrit sur la musique même si le son d'un violon m'emporte moins que celui d'un violoncelle.

"La musique n'agit ni sur l'esprit, ni sur l'imagination. Pendant que j'écoute de la musique, je ne pense à rien et je n'imagine rien, mais un sentiment délicieux emplit à ce point mon âme que je perds conscience de mon existence..."


Challenge SOLIDAIRE 2019 - Des classiques contre l'illettrisme
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Il y avait longtemps que je n'avais eu l'occasion de côtoyer des personnages aussi survoltés, passionnés et empreints d'un idéal suranné que ceux de la nouvelle de Tolstoï parue en 1858, Un musicien déchu, qui met en évidence ce que l'on appelle volontiers l'âme russe, à laquelle est presque aussi impossible de donner une définition que la saudade.

Albert, un violoniste qui a tout perdu, son emploi, celle qu'il aimait et qui n'était pas éprise de lui, un toit et l'estime de lui-même, est ce musicien déchu auquel s'attache Délessov, un aristocrate qui voit en lui un violoniste d'exception qu'il faut à tout prix sauver de ses démons et de l'alcool tout en faisant en sorte que son immense talent soit reconnu à sa juste mesure.

Mais on ne sauve pas qui ne veut pas être sauvé. Délessov le savait en hébergeant Albert afin le remettre sur « le droit chemin », mais il espérait secrètement faire mentir l'adage. Or, Albert, dans sa désespérance, son errance, sa quête de plaisirs éphémères pour oublier la tristesse de sa vie, son goût (immodéré) pour la fête, ne tient pas à être sauvé de lui-même ni à échapper à la vodka et au vin qui lui permettent de sortir de sa torpeur.

Un musicien déchu ne sort pas de l'exercice que s'est imposé l'auteur, à savoir le portrait d'une âme profondément blessée, mais c'est un portait à la hauteur de celui qui a su dépeindre le peuple russe avec justesse, un écrivain qui avait un amour de la musique qui n'est pas sûrement pas étranger à celui qu'éprouve Délessov.

Un texte qu'on souhaiterait davantage connu.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Inspirée par la rencontre avec un violoniste, « Un musicien déchu » est un nouvelle que Tolstoï publia au début de 1858 après l'avoir remaniée à plusieurs reprises, soit parce que lui-même n'en était pas content, soit à la demande de son éditeur qui la trouvait « scandaleuse » : trop éloignée de la pensée et des préoccupations sociétales de l'intelligentsia.
En effet, Albert – nom du personnage principal qui donna d'ailleurs son titre original à la nouvelle – est un être marginal. Violoniste ayant perdu son emploi, et d'une certaine manière la raison et toute dignité, se réfugiant dans l'alcool à la suite d'une déception amoureuse mi-réelle, mi-fantasmée, Albert est présenté par Tolstoï comme étant l'artiste génial par excellence capable d'émouvoir jusqu'aux plus oisifs et blasés de la haute société. Délessov, l'un de ceux-là et un peu Tolstoï, lui-même en ces années 1850 aristocrate dandy, tente de le secourir mais en vain, au contraire : le sortir de sa déchéance lui serait fatal en lui faisant perdre son âme.
On sait que Tolstoï tenait la musique en très haute estime : « Dieu sait à quel point l'impression de la musique dépasse l'impression des mots. » (Journal – 1896), ou encore : « Si cette civilisation s'en allait à tous les diables, je ne la regretterais pas, mais j'aurais du regret pour la musique (déclaration faite en 1910, année de sa mort). Pour Tolstoï, la musique est avant tout capable d'éveiller une fantasmagorie liée aux souvenirs. « Que me veut cette musique ? » (propos rapportés par son fils dans ses mémoires).
Cette parabole, à l'encontre des idées de l'époque pour laquelle la musique devait être au service d'une cause, plaçant le rêve au-dessus de la réalité n'est pas loin de ce que développera Proust. C'est ce qui en fait tout le charme un peu désuet mais aussi un intéressant éclairage sur la Russie de l'époque et sur l'évolution de Tolstoï lui-même qui commençait dès ce moment à réfléchir à la place de l'art dans la société. Cette quête aboutira en 1898 à la publication de : « Qu'est-ce que l'art ? »
Le texte intégral présenté par les Editions Mille et une Nuits est suivi par une postface fort intéressante écrite par Bernard Kreise – il est aussi le traducteur – intitulée joliment : « La musique du temps perdu ».

Billet de Cantus
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Nouvelle de Tolstoï parue dans les années 1850.Elle nous raconte l'histoire d'Albert musicien égaré dans la misère , l'alcool , la pauvreté qui débarque dans une réunion mondaine à Saint-Pétersbourg.La maîtresse de maison n'a pu l'empêcher d'entrer .La soirée est terne, les aristocrates présents s'ennuient, les femmes aussi, mais Albert s'empare de son violon et tout bascule.....
L'un d'eux va vouloir lui sauver la mise, lui donner un toit , de quoi se vêtir , se nourrir mais Albert va fuir ..Un artiste ne peut vivre comme tout le monde,l'art n'a pas d'âge si reste le feu. Quelques réflexions retenues pour son traité sur l'art que publiera tardivement Tolstoï "Qu'est-ce que l'art?"
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A la fin du XIXe siècle à Saint-Pétersbourg, un homme sale, mal vêtu et alcoolisé se présente à une soirée festive entre notables. Une servante reconnaît en lui un musicien qui rend parfois visite à la maîtresse des lieux.
Il se fait rapidement remarquer lorsqu'il arrive, et plus encore quand il se met à jouer du violon.
Le contraste entre son apparence négligée et son talent intrigue les personnes présentes qui ne le connaissent pas - ainsi que le lecteur...
C'est à travers le regard d'un homme qui veut aider ce musicien que nous le découvrons peu à peu. L'auteur fait pressentir les tourments qui l'ont conduit à l'alcoolisme.

Cette nouvelle présente les effets d'une profonde dépression sur un individu. Elle est aussi un bel hommage à la musique et à ce qu'elle peut représenter pour ceux qui l'aiment.
Les mélomanes apprécieront sans doute plus que moi ce texte dont la lecture m'a légèrement ennuyé, même si je reconnais que le portrait du personnage central est brillamment dressé.
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Oeuvre de jeunesse écrite en 1857, le traducteur parle de 1858, parue sous le titre original d'Albert : ça devient un musicien déchu !
L'artiste est brillant, sur le point de réussir, mais il a un petit défaut il picole et son environnement va finalement l'anéantir. Mais ça on le savait déjà, et pourquoi il picole, eh bien on ne va pas tarder à le savoir, et quand on le saura, on comprendra que les carottes sont cuites parce que l'homme est brisé à cause d'un chagrin d'amour. Alors je ne sais pas si c'est le musicien qui est déchu ou l'homme, mais je préfère Albert. D'abord quand on connaît la musique, la musique classique, il est
impossible de se mettre à boire trop longtemps, il arrive un moment où la mémoire fait défaut, et c'est gênant. Alors évidemment on peut faire illusion.

Une fois de plus, on est là sur un registre que l'écrivain connaît bien, il était passionné de musique, jouait du piano, invitait des concertistes connus à la maison. Mais Tolstoï n'a pas son pareil pour aller sonder l'âme humaine, et c'est ce qui se passe en fait ....

Je reviens une seconde sur la date de création de cette nouvelle. Je pense qu'à partir du moment où elle est envoyée chez l'éditeur à fin de publication, on peut considérer qu'elle est achevée. Mais avec Tolstoï qui n'avait aucun complexe et pourquoi en eût-il, ne faisant rien comme tout le monde, au dessus de lui il n'y avait que Dieu, a prévenu son éditeur qu'il souhaitait faire des corrections sur épreuves, un peu comme Bonnard quand il vendait ses toiles à des clients, il était tellement perfectionniste qu'il lui arrivait de parachever ses toiles chez le client. Bien sûr, comme ici, le client consentait.

Ce qui est intéressant d'observer, c'est que Nékrassov du Contemporain, revue prestigieuse, son éditeur lui annonce qu'il n'est pas satisfait de la dernière mouture. Tolstoï lui répond ceci : "Il ne fait aucun doute qu'il s'agit non d'une nouvelle descriptive, mais d'une oeuvre hors norme, dont le sens doit entièrement reposer sur les passages psychologiques et lyriques, et par conséquent ne doit pas et ne peut pas plaire à la majorité." Mais comme l'artiste ne veut pas rester sur cette mauvaise impression, il reprend encore le texte qui sera finalement publié début 1858.
C'est donc une oeuvre presque esthétique et non narrative. C'est d'ailleurs ce qu'on remarque très bien dès les premières pages du livre ..

Mais à part ce genre de calage rugueux avec son éditeur, Tolstoï n'a jamais vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Combien de fois, on voit juste apparaître d'un mot dans ses carnets personnels qu'il a en projet tel truc, et on ne voit apparaître le nez du projet le temps qu'il lui aura fallu pour boucler son affaire dans la plus grande discrétion. On peut parler d'ascèse !
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« Un musicien déchu » est une nouvelle qui date de 1858. Quoique bien écrite, la lecture n'en est pas si fluide, le style est quelque peu daté.
C'est donc l'histoire, ou une tranche de vie, d'un musicien, violoniste en l'occurrence. On comprend rapidement ce qui l'a fait déchoir. Un homme veut lui venir en aide. Ses intentions sont-elles si louables ? Ou plutôt égoïstes...
Un récit un peu confus à mon goût, avec lequel je me suis ennuyée.
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Ce sera une petite chronique, normal vu qu'Un musicien déchu est une nouvelle de Tolstoï, achevée en 1858. Son sujet principal en est, bien sûr, la musique… Lors d'une soirée privée qui s'est éternisée jusqu'aux dernières heures de la nuit, où le beau monde de Saint-Pétersbourg essaie de se divertir, une sorte de vagabond fait irruption et se met à jouer du violon, remuant jusqu'à l'âme des personnes présentes. Délessov n'y sera pas insensible et va décider de l'aider à sortir de la rue.

J'adore cette petite collection chez Mille et une nuits, les ouvrages sont généralement pleins de petites choses intéressantes. Ici, il y a d'abord le texte tel que finalisé par Tolstoï, puis une annexe comprenant un passage qu'il n'a pas décidé de garder mais qui était pleinement rédigé. On trouve aussi une petite explication qui éclaire la nouvelle et une chronologie de la vie de Tolstoï. Tout ce qu'il faut pour apprécier au mieux ce court texte !

On retrouve la structure que j'avais remarquée chez Anna Karénine : des chapitres courts et des phrases bien construites, jamais trop longues. La lecture est donc très fluide, facile et agréable. Il n'était pas encore au sommet de son art mais son écriture était déjà magnifique.

Sur le fond, c'est une nouvelle vraiment très riche. Tolstoï y retranscrit son rapport très particulier, très passionné à la musique. Il s'est inspiré d'un homme qu'il avait rencontré et qui était presque fou de son art, et qui n'avait pu faire autrement que de chuter jusqu'à vagabonder malgré son talent incommensurable. La musique qui touche l'âme, transporter le lecteur dans des visions presque oniriques, réfléchir à la place de l'art, mais aussi à la vanité à travers le personnage de Délessov, qui veut se sentir bien au sujet de lui-même en aidant Albert. On n'est donc pas ici dans la peinture d'une société mais bien dans une nouvelle réflexive, où l'auteur plonge en lui-même et nous invite à faire de même. C'est très intéressant et court mais pas forcément facile d'accès sans les clés de compréhension, heureusement données dans cette édition.

Encore un beau texte de Tolstoï, qui me fait penser que je devrais me bouger pour relire La Mort d'Ivan Ilitch et pour découvrir Guerre et paix…
Lien : http://sans-grand-interet.co..
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UN MUSICIEN DÉCHU de LÉON TOLSTOÏ
Une très belle nouvelle une belle écriture qui nous entraîne à la suite d'un musicien brillant mais perdu que rien ni personne lui compris ne peut sauver. On retrouve toute l'âme russe dans cette nouvelle d'une grande profondeur .
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Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce texte – une nouvelle – de TOLSTOÏ n'est pas un inédit, puisqu'il est plus fréquemment apparu sous le titre « Albert ». Il avait premièrement été baptisé par l'auteur « L'homme perdu », mais c'est bien « Albert » qui fut finalement retenu lors de la rédaction en 1857.

Cet « Albert », nous le suivons tout au long de cette brève nouvelle. Musicien de génie mais miséreux en guenilles, il joue du violon avec une rare virtuosité dans un orchestre de théâtre. Mais il est sombre et semble malheureux de son quotidien, aussi il noie son chagrin dans l'alcool. Lors d'un bal à St Pétersbourg, il est remarqué par un certain Délessov qui, conscient de son immense talent et de sa rare dextérité, ne va pas tarder à le prendre sous sa coupe par opportunisme.

« Un musicien déchu » est une nouvelle des plus mélancoliques. Un génie qui s'ignore dans un cadre festif, un violoniste triste, ivrogne et apathique, un inconnu voyant en lui un musicien d'exception et qui tente vainement de se l'approprier de manière égoïste, imaginant l'argent qu'il pourrait se faire en lançant une carrière. Ce violoniste représente l'artiste pauvre, qui ne joue que pour le plaisir, alors qu'il pourrait percer et atteindre une prestigieuse renommée.

En quelques dizaines de pages, TOLSTOÏ parvient à créer avec une certaine empathie l'ambiance d'une vie de clochard céleste. « Les souvenirs surgissaient d'eux-mêmes, et le violon d'Albert disait toujours la même chose. Il disait « Il est passé pour toi, il est passé à jamais, le temps de la force, de l'amour et du bonheur, il est passé et ne reviendra plus. Pleure-le, pleure toutes tes larmes, meurs au milieu des larmes pour ce temps-là – c'est le seul bonheur qui te reste, et le meilleur ».

Portrait tout en pudeur d'un homme qui a certes raté sa carrière, mais est demeuré libre, loin des conventions. Cet Albert est une image sans caricature d'un artiste qui est resté lui-même, quitte à vivre dans la pauvreté. Récit émouvant et sombre, il ne s'embarrasse pas de détails encombrants, va droit au but.

Ce texte n'est pas uniquement une fiction. TOLSTOÏ a rencontré Albert en janvier 1857, il s'appelait en fait Georges KIESEWETTER, violoniste et ivrogne, un génie poussé par l'autodestruction. TOLSTOÏ a en partie rédigé sa cette nouvelle à Dijon. À l'image de son héros, « Albert » ou « Un musicien déchu » ne connaîtra pas le succès.

« Dans l'art, comme dans tout combat, il y a des héros qui ont tout donné à leur mission et qui périssent sans avoir atteint leur but ».

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