AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072990632
Gallimard (16/11/2023)
3.63/5   48 notes
Résumé :
« Si ce désert était une mère, elle serait du genre à dévorer ses petits. »

Pomoc, petite bourgade poussiéreuse du désert du Nevada. Cale Lamb y a grandi entourée de livres et de chiens, sous l'oeil protecteur d'un grand-père aimant. C'est l'été, Cale trouve un petit boulot de serveuse dans un diner où elle renoue avec Penelope Reyes, une ancienne connaissance de lycée, autrefois charismatique et populaire. Les filles deviennent vite inséparables, j... >Voir plus
Que lire après Prière pour les voyageursVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
3,63

sur 48 notes
5
8 avis
4
12 avis
3
7 avis
2
1 avis
1
0 avis
Pomoc, petite bourgade paumée au fin fond du Nevada, tellement petite qu'elle n'est même pas représentée sur la carte de la météo à la télé (Google n'a pas même voulu me révéler si elle existe pour de vrai). Poussiéreuse, dans tous les sens du terme, et surtout dans son acception ennuyeuse. C'est là que vivent Cale et Penny, deux jeunes serveuses du diner du coin, qui passent leur été à y travailler, on ne sait si c'est de manière temporaire ou permanente. Il faut dire aussi qu'à Pomoc, les distractions y sont rares – se balader dans le désert ou passer son temps au casino –, et les possibilités d'évolution professionnelles semblent assez restreintes, voire bouchées : qu'y faire à part terminer dans le club de lapdance du coin, ou pire, à attendre le client au Texaco en pleine nuit, bourrée d'alcool ou de cachets anti-douleur… ? Ce n'est pas vraiment un cadre qui fait rêver.

Cale tient grâce à l'amitié inattendue de Penny, qu'elle connaît depuis l'enfance mais dont elle s'est toujours tenue éloignée, en petite fille solitaire qu'elle était, jusqu'à ce qu'elles se lient grâce au travail. Mais voilà, un jour Penny disparaît sans laisser de traces, sans prendre aucune affaire chez elle. Cale s'inquiète, va déclarer son absence à la police, mais elle semble bien être la seule à se soucier de Penny… Va donc commencer une quête par Cale, presque initiatique, puisqu'elle va lui coûter bien des choses : son innocence, sa naïveté, son enfance (sa raison ?). C'est un roman de la perte, Cale commençant sa vie par l'abandon de sa mère, pour être recueillie et grandir auprès de Lamb, son grand-père taiseux qu'elle perdra en même temps que son amie de coeur, la seule qui l'ait un tant soit peu comprise. C'est un roman de la violence aussi : celle sociale, que ce soit les rapports entre hommes et femmes – ces derniers ne semblant pas être dotés d'un grand contrôle –, ou celle procurée par un chômage écrasant, menant à se défoncer pour oublier les emmerdes, l'ennui, ou encore celle bêtement et purement physique, appliquée par celui qui le peut sur celui qui le subit. le tout sous un soleil de plomb, occasionnant régulièrement des incendies, et un désert au sable qui s'infiltre de partout, avec ses reliefs monotones.

« Prières pour les voyageurs » est un premier roman impressionnant de maîtrise. Les chapitres sont astucieusement et diaboliquement présentés dans le désordre, charge au lecteur de reconstruire l'histoire, au risque (sciemment calculé) surtout de le perdre dans une histoire aux multiples facettes, un peu comme un miroir brisé : la réalité s'y reflète, mais peut-on lui faire totalement confiance, d'autant plus quand elle est narrée par un personnage, Cale, qui doit se débattre avec une histoire difficile, et des événements plus que traumatisants pour une jeune fille de dix-huit ans ? Les personnages sont particulièrement réussis, entre la fantômatique Penny, dont l'image et le souvenir obsède ceux qui restent, et Cale, cette jeune femme fragile qui se découvre. Un petit bémol dans la résolution du mystère, que je n'ai pas tellement comprise vu la rapidité avec laquelle elle nous a été livrée, et surtout sans aucune explication, mais c'est un petit désagrément sans conséquence. Un beau premier essai pour une nouvelle autrice à suivre.
Commenter  J’apprécie          352
Ce roman, je voulais absolument le lire, c'est pourquoi j'avais été super contente de le trouver dans une bouquinerie…

Hélas, quand on attend trop d'un roman et que la lecture est une déception, l'amertume est encore plus grande.

Pourtant, il avait tout pour me plaire, ce roman qui allait me parler de l'Amérique, celle des petites gens, puisque je me retrouvais en compagnie de deux jeunes filles, Cale et Penny, serveuses dans un dinner. Et puis, Penny allait disparaître et Cale se lancer à sa recherche.

Nous étions à Pomoc, une petite ville du Nevada, une de celle où il ne se passe jamais rien, où l'on végète en attend les jours qui passent, où tout le monde reste dans sa niche sociale, sans possibilité de s'élever ou d'avoir un meilleur job.

Parfois, c'est juste le chômage et la défonce qui vous attendent après l'école. Pomoc, c'était aussi un bled paumé où les femmes étaient considérées comme inférieures aux hommes.

Alors, qu'est-ce qui s'est passé avec cette lecture ? Pourquoi a-t-elle foiré ? Maraboutage, une fois de plus ?

Parce que j'avais tous les ingrédients pour passer un bon moment de lecture. L'auteur avait même pensé à présenter son récit dans le désordre : les numéros de chapitres en étaient la preuve, ils ne se suivaient pas tous et on pouvait passer du chapitre 5 au 35…

C'était astucieux, je trouve, cela permettait de perdre le lecteur dans un récit non linéaire et de ne pas lui montrer la toile dans le bon ordre. Aux lecteurs de remettre tout dans le bon ordre afin de comprendre l'histoire toute entière. Mais ça n'a pas suffi...

Ce qui a plombé ma lecture, c'est l'ennui…

Oui, je me suis ennuyée une grande partie du temps avec ce récit, j'ai sauté des pages, des paragraphes et hormis quelques passages plus rythmés, plus intéressants, pour quasi tout le récit, j'ai soupiré d'ennui avec ce road trip qui traînait en longueur.

Dommage que, contrairement à mes collègues babéliotes, je n'ai pas apprécié ce roman…
Commenter  J’apprécie          230
Pomoc, Nevada, un jour comme les autres. Enfin, presque… car Cale est inquiète : la jeune fille, qui travaille comme serveuse dans le diner de la petite bourgade, n'a pas de nouvelles de son amie Penny, autre serveuse qui n'est pas venue travailler. En raison du peu de cas fait par cette disparition autour d'elle, police comprise, Cale décide de mener seule l'enquête pour retrouver son amie…

A partir d'une intrigue à mon sens assez banale, Ruchika Tomar parvient tout de même, avec ce premier roman, à en déconstruire en partie les attendus, sans pour autant mener son lecteur dans un inconnu le plus complet.

La déconstruction la plus intéressante est celle de la chronologie, qui est perceptible dès les numéros de chapitre : nous commençons en effet par lire le chapitre 31, puis enchaînons avec le deuxième, puis le cinquième, jusqu'au dernier qui vient bien clore l'histoire – j'avoue que j'aurais presque envie de relire le roman en suivant l'ordre chronologique des chapitres, pour voir comment l'intrigue se met en place ainsi. Nous suivons de fait, de manière assez chaotique, les découvertes et pensées de Cale, mimant à la perfection l'état d'esprit de la jeune fille, complètement vrillé, en raison d'un traumatisme subi il y a peu, et que nous découvrirons au fil de son récit. le suspense est ainsi entier, les informations ne nous étant transmises que par petites touches pour mieux nous prendre dans les filets de l'intrigue.

Car l'on est très vite pris dans les filets de cette intrigue, qui nous plonge dans le Nevada des marges, celui qui est parallèle aux grandes avenues richissimes de Las Vegas par exemple, celui qui garde en son sein misère, drogues, vols, prostitutions, violences… pour ne pas choquer le touriste venu jouer dans les casinos. L'on est pris aussi par l'amitié, intense et soudaine, entre les deux jeunes filles, qui nous est contée au fil des réminiscences de Cale. L'on est pris enfin, lorsque l'on en comprend les tenants et aboutissants, par la raison de la disparition de Penny, qui met en évidence toute la violence qui sourd dans ces lieux, lorsque l'on est une femme.

J'ai cependant regretté un dénouement trop précipité, alors que le reste du roman prenait vraiment le temps de nous plonger dans une atmosphère bien particulière, qui perd de fait en intensité dans les dernières séquences narratives.

Je remercie les éditions La Croisée et Babelio de m'avoir permis de découvrir ce roman. Je suivrai avec intérêt les autres publications de Ruchika Tomar désormais.
Commenter  J’apprécie          160

Vous commencez votre lecture au chapitre 31, puis vous passez au chapitre 3, vous terminez par le chapitre 76 et vous rencontrerez le chapitre 1 en plein milieu du livre. Ce chapitre tient en une seule phrase : "Laisse- moi vous parler des gens du désert".
Au coeur de ce désordre habilement orchestré, vous allez visiter une petite ville poussiéreuse du Nevada et par petites touches, façon puzzle, découvrir l'histoire d'amitié de deux jeunes femmes très différentes.

Cale est la solitaire, la blessée. Penny est l'insaisissable, la fille populaire.
Cale a été élevé par Lamb, son grand-père, suite à l'abandon de sa mère. A la fin du lycée, la santé de Lamb se détériore. À la dérive, elle devient serveuse dans le bar restaurant où travaille également Penny. Cette ancienne camarade de classe charismatique mène de mystérieuses manoeuvres parallèles pour financer ses rêves. Penny montre à Cale la réalité qui existe au-delà de leur petite ville, et les filles deviennent inséparables jusqu'à ce qu'un évènement traumatisant vienne briser leur monde. Penny disparaît sans laisser de trace. Cale se lance dans une dangereuse quête à travers le désert pour retrouver son amie.

Servi par une narration non linéaire permettant au lecteur d'être complètement immergé dans le chaos et la confusion que vit Cale lorsque Penny disparaît, Ruchika Tomar réussit un très beau premier roman. Cette déconstruction tient le lecteur en haleine, qui cherche à reconstituer le fil chronologique. C'est gonflé mais ça marche.
Il y est question de loyauté, de sacrifice, mais surtout de la résilience des femmes et de leur refus farouche d'être brisées par leur situation. Dans un Nevada, personnage à part entière de son récit, l'autrice mélange subtilement la beauté et la brutalité, cartographie le coeur de ses habitantes et les traumatismes de l'expérience féminine.

Traduit par Christine Barbaste
Commenter  J’apprécie          131
Waouh !!!!!

Voici un livre dont on ne sort pas tout à fait indemne.
Déjà, il est assez étrange dans sa conception.
Il commence par le chapitre 31, se continue par le chapitre 3, et ainsi de suite vous passez de chapitres qui se passent avec la quête de Cale en chapitre qui se passent antérieurement à cette quête mais qui vous plante le décor qui y aboutira, et certains chapitres comme le 1er tient en une phrase, alors que d'autres sont uniquement constitués d'un dessin.
L'auteure nous emmène à Pomoc petite bourgade oubliée du fin fond du désert du Nevada.
Et nous allons suivre Cale une jeune fille de 18 ans, abandonnée par sa mère alors qu'elle n'était qu'un bébé et confié à Lamb son grand-père un homme solitaire depuis le décès de son épouse et qui, s'il ne sait exprimer ses sentiments, va cependant élever cette petite fille qui lui tombe du ciel.
Mais Cale enfant solitaire aura bien du mal à s'intégrer à la communauté en grandissant, et elle sera toujours celle qui se met en retrait, depuis l'école primaire jusqu'au lycée.
Cet été-là, Cale a 18 ans, et elle travaille comme serveuse dans un dinner de Pomoc, tout en essayant de soutenir de son mieux son grand-père qui se meut d'un cancer.
Aussi, lorsque Penny également serveuse dans ce même dinner disparait mystérieusement, Cale va prévenir la police, et mener sa propre enquête devant le peu d'entrain manifeste des autorités pour retrouver Penny.
C'est donc cette improbable histoire d'amitié entre Penny qui était la fille la plus populaire du lycée et Cale que nous dévoile l'auteure.
Mais ce roman est aussi l'histoire de ces hommes et femmes laissés pour compte d'une Amérique qui ne veut pas voir tous ceux qui essaient de survivre loin de tout, se contentant des quelques dollars qu'ils peuvent gagner ici et là, vivant bien souvent à la limite de la loi et n'hésitant pas à la transgresser quand besoin leur semble.
L'histoire de la violence qui gangrène les rapports entre les hommes, la violence dont les femmes sont les victimes et qui devient tellement courante qu'elle en est banale.
Une belle histoire dont le désert du Nevada omniprésent dans le récit est un personnage à part entière.
Commenter  J’apprécie          100


critiques presse (1)
LaCroix
24 janvier 2022
D’inoubliables personnages hantés par un désir de fuite se confrontent à la rudesse de l’Ouest américain. Ce premier roman, lauréat du prix Pen Hemingway, alterne temps forts et élégies naturalistes en un récit fluide ancré dans le réel et porté par une foi farouche en l’humanité.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
La nuit venue, le diner sa rafraîchissait sous les ventilateurs. Rico retournait à son poste derrière le passe-plat. Je sortais brancher la guirlande lumineuse dont les ampoules miniatures clignotaient dans la vitrine. Et de nouveau, la promesse des petits plats de Rico poussait quelques ventres affamés à sortir de chez eux ; ils ralliaient le restaurant dans leur tas de ferraille et s’installaient au comptoir. De là, par intermittence, ils voyaient la veste blanche de Rico bouger derrière le piano et ils regardaient ses mains esquintées qui, année après année, disposaient leur tranche de pain de viande sur une assiette, dans le chagrin ou dans la joie. Ils bavardaient de tout et de rien, en me regardant enrouler des serviettes en papier autour des couverts. Ils demandaient une part de tarte en dessert.

J’en étais venue à reconnaître les routiers qui sillonnaient le pays selon des itinéraires immuables. Ces hommes-là saluaient en soulevant leur casquette, mangeaient vite puis traînaillaient devant leur dernière tasse de café. Je leur imaginais d’autres vies, ailleurs, des épouses, des bébés et des chiens qui attendaient leur retour. Certains soirs, je partais avant l’arrivée de Penny et je rentrais à la maison sous un ciel de la couleur imperméable d’une flaque d’encre. J’entrais sans faire de bruit dans notre maison aux volets fermés. Les chiens émergeait des poches d’ombre pour m’accueillir dans le couloir en remuant prudemment, loyalement, la queue. Je caressais leurs têtes au port solennel, je leur donnais à chacun un bout de fromage. Le signal du départ était un chuchotement, un baiser sur l’oreille, un claquement de mains pour sonner la dispersion. Je les écoutais cavaler dans l’escalier puis la porte de la chambre de Lamb grinçait. Ils se couchaient au pied de son lit, deux sentinelles en faction contre la nuit et tous les dangers que nous ne pouvions pas encore connaître.
Commenter  J’apprécie          20
Cette société furtive était un baume pour les condamnés à perpétuité du désert, ces êtres abrasés par le sable, ces âmes qui rouspéteraient éternellement entre terre et soleil. Oh, oui… l’Ouest prend soin des siens, dans ces petites bourgades oubliées loin de tout. L’or fait toujours rêver, et tout maudits que soient ces rêves , nous continuons à les nourrir.
Commenter  J’apprécie          20
« Peut-être les bleus sur mon visage lui rappelaient-ils que j’étais faillible; peut-être commençait-il à douter de ma capacité à survivre sans lui. Peut-être que je commençais à en douter moi-même. Mais le résultat était le même: l’un de nous tendait en cet instant vers l’indulgence, se penchait vers l’autre pour s’excuser. »
Commenter  J’apprécie          10
Petite, je me réveillais chaque nuit en pleurant, avec une intensité qui effrayait tellement Lamb qu'il me menaçait de me déposer à l'hôpital si je ne me calmais pas. Je n'avais pas peur d'un monstre, ni de moi-même. C'était le chagrin qui me fissurait - une fissure que je ne pouvais pas expliquer, un manque, de quelque chose ou de quelqu'un que je ne connaissais pas. Pouvez-vous me dire ce qu'est une mère ? Rien qu'on puisse mesurer.
J'avais beau pleurer toutes les nuits, aucune femme n'est jamais venue.
Commenter  J’apprécie          00
Mon image de Penny était celle de cette fille cool et intouchable du lycée, une Penny dont les aptitudes ne s'étendaient pas jusqu'au gardiennage. Toutefois cette image commençait déjà à perdre ses contours figés et à s'étoffer d'une complexité que j'apprenais encore à manœuvrer. Penny restait acerbe et désinvolte, mais je la découvrais aussi chaleureuse, drôle, joueuse, cruelle. Et comme tous les gens bien que j'avais pu connaître, elle aimait manger des pancakes l'après-midi.
Commenter  J’apprécie          00

Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus

Lecteurs (114) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1430 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}