«
Les guerres intérieures » est le premier roman que je lis de
Valérie Tong Cuong, je découvre un thème qui semble présent dans plusieurs de ses livres : celui de la responsabilité individuelle, et ses corollaires, culpabilité et réparation. Elle interroge notre conscience, nous posant, à notre tour, la question : aurais-je pu, aurais-je dû éviter cela ?
« Cela », c'est l'agression sauvage d'un jeune homme dans son appartement, par un énergumène dont on ne sait rien si ce n'est qu'il avait une folle envie de détruire un être humain. Alexis Winckler restera meurtri physiquement et surtout moralement par cette agression. Un oeil perdu, il perd aussi son rêve de devenir pilote d'avion. Qui aurait pu lui épargner cela ?
Peut-être son voisin du dessous, Pax (le mal prénommé, lui qui ne connaît plus un instant de paix) Monnier, acteur en mal de reconnaissance. Tandis qu'il fait un boulot alimentaire en intervenant dans des séquences de formation pour l'entreprise, il reçoit un appel de son agent : le réalisateur Peter Sveberg veut le rencontrer pour le faire tourner avec un acteur connu, Matthiew Mc Conaughey. Urgence, filer chez soi, se changer, entendre du coin de l'oreille des bruits au-dessus de sa tête, hésiter (et si...??) puis se précipiter vers son rendez-vous.
Aurait-il vraiment pu éviter « cela » ? La question le taraude, le reproche intime aussi. Encore plus quand, par un hasard bien trouvé, il se rend compte qu' Emi Shimizu, eurasienne organisatrice des stages, est la mère d'Alexis.
Elle-même porte un lourd secret : aurait-elle pu empêcher la mort d'un camionneur déclassé par son entreprise ?
Au-delà d'un thème qui interpelle le lecteur, c'est l'arrière-paysage qui m'a intéressée : les seconds rôles en quelque sorte. Grands-parents japonais et parents belgo-japonais d'Emi, des contextes de vie difficiles et déroutants parfois (comme la passion de Sonia pour les grosses cylindrées qui jouera un rôle dans l'histoire). Famille de Pax, sa fille prénommée Cassandre, son histoire personnelle, ses rêves de réussite en tant que comédien.
Valérie Tong Cuong semble chercher non pas des excuses mais des explications au comportement de ses personnages, un peu trop égoïstes, un peu irresponsables c'est vrai mais elle semble poser la question : et vous, lecteur, à quelle occasion avez-vous manqué d'empathie, d'altruisme, de courage ? Et surtout : avez-vous essayé de « réparer » ?