Dans cette nouvelle, sous forme calendaire, il n'est pas question de lamentation. C'est le récit d'une malheureuse prise de conscience. le narrateur se présente et nous dit ce qu'il pense de lui-même. Il ne se laisse aucune chance. Il ne se ment pas et n'édulcore pas non plus. Il sonde sa propre personnalité, à travers l'exposition d'un classique schéma amoureux - A (Tchoulkatourine/narrateur) aime B (Lise), mais B aime C (le prince) qui lui ne l'aime pas vraiment, alors B décide, par dépit, d'aimer D (Bizmionkov)) -, à partir de là, se sachant mourant, le narrateur veut prouver sa situation d' « homme de trop ». Cette situation, nous sommes beaucoup à l'avoir déjà vécu, non pas celle de la relation amoureuse, mais celle d'être de trop. On s'interroge sur notre rapport au monde. Sommes-nous superflus ?
Dans un style toujours rythmé, Tourgueniev sait précisément à quel moment le lecteur risque de s'ennuyer, comme s'il voulait éviter qu'il ne soit victime de cet état superflu. Il relance l'intérêt de l'histoire en interpellant le lecteur comme dans ce passage qui suit la description de haine pour celui qui captera le coeur de Lise (Elisabeth Kyrillovna) et détournera son amour: « Figurez-vous (ne vous moquez pas de moi, qui que vous soyez, vous à qui le hasard aura mis ces lignes sous les yeux, d'autant plus que ceci fut ma dernière illusion) » Il administre ici la preuve, sollicitant l'accord du lecteur, qu'il est « un homme de trop ». J'aime cette manière qu'a Tourgueniev de raconter tout en nous parlant, en faisant du lecteur une partie prenante de l'histoire. En nous impliquant, il ne nous laisse pas seuls face à une page inanimée; nous ne sommes jamais de trop, bien au contraire.
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Un homme de trop avec sa famille, un homme de trop avec ses amours, un homme de trop dans la société. Trainant son vague à l'âme partout, l'homme de trop meurt jeune sans avoir vraiment pris goût à la vie. finalement, c'est peut-être la vieille servante qui l'accompagne dans ses derniers jours qui est la plus vivante. En mission en province, il tombe amoureux de la fille d'un riche négociant. Il se fera doubler par un rival et puis surtout par un outsider qui avait moins d'amour-propre et qui se fera aimer de la belle.
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En lisant cette courte nouvelle j' ai eu l' impression de retrouver l' ambiance des souffrances du jeune Werther, symbole du romantisme absolu.
Le mourrant décide pour passer le temps et combler les dernières heures qui lui restent à vivre de rédiger un journal pour lui- même dans lequel il se rémémore sa médiocre vie d' insipide provincial. Désireux d' aller à l' essentiel et d' éviter tout sentimentalisme, il finit pourtant par s' attarder plus longuement sur quelques évènements qui ont jalloné sa courte existence et qui sont marquants à ses yeux.
Son entreprise est de convaincre quiconque s' attarderait sur ses lignes qu' il n' a été qu' un homme superflu, un homme de trop, une stupide cinquième roue du carrosse... Se dresse alors le portrait d' un malheureux râté en amour et dans tout ce qu' il a pu approcher. En somme un homme que la nature n' aurait jamais du créer.
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