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3,63

sur 337 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai récemment rencontré Chaïtane avec Kessel, et je viens de faire connaissance avec Zahir. Oh pas longtemps, mais quelle intensité dans cette rencontre. Jean-Philippe Toussaint possède décidemment une écriture qui me plonge dans l'histoire, dans les pensées et les souffrances, des hommes et celles de cet animal. C'était perturbant d'ailleurs ce mélange de fureur, de force et d'animalité présente dans une soute d'un avion, oiseau de fer, soute emplie de containers métalliques. le froid et le chaud. le narrateur, présent sans y être, peut ainsi, comme par magie, dans un nuage d'irréalité, tel cet étalon vomissant, vivre, ressentir, ce qu'il imagine ou reconstitue à la lumière d'un mot de Marie, d'un geste d'elle, d'une valise ouverte débordant de linges, les tissus de Marie. Fidèle à elle-même, elle ne referme rien, pas plus un livre, qu'un dentifrice ou un amour. C'est lui qu'elle contactera -avant pendant ou après les pompiers ?- quand un drame arrive. Et il voyage, elle aussi, Italie, France, Japon.. Ils voyagent séparément, ensemble et séparément aussi. Il souffre ? Elle souffre ? Ca dépend. Mais quand l'escalator, rivière de métal, lui prend Marie, le Styx est franchi.
"Je savais la vérité sur Marie."
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Cycle « Marie Marguerite Madeleine de Montalte », épisode 3. Nous retrouvons notre narrateur anonyme dans un récit en trois temps placé sous le signe de l'amour et de la mort. Trois scènes dramatiques d'une grande intensité se succèdent : une crise cardiaque, l'échappée d'un Pur Sang, un incendie de forêt. Elles se déroulent l'été, de nuit et sous une météo déchainée : sous un orage, une pluie battante ou un vent violent. Trois scènes, trois décors : un appartement parisien, l'aéroport de Tokyo, une résidence secondaire sur l'île d'Elbe.

Le roman débute par cette phrase : « nous avions fait l'amour au même moment, Marie et moi, mais pas ensemble. » Le narrateur décrit des événements tragiques auxquels il n'a pas assisté ; son absence étant consécutive à la séparation évoquée dans les romans précédents. Le récit est reconstitué par l'esprit du narrateur qui mêle sa connaissance instinctive de l'être aimé à diverses bribes d'informations recueillies a posteriori. Le tout forme une réalité imprécise mais malgré tout évidente.

Il est question de passion amoureuse, de jalousie, de désir, de prise de conscience d'une séparation. La description de ces états d'esprit est d'une grande justesse. Le récit n'est pas linéaire et il s'entremêle subtilement avec les épisodes précédent du cycle.

Une nouvelle fois, Jean-Philippe Toussaint m'impressionne par sa maîtrise. Un roman d'une intensité continue, imprégné d'un érotisme sauvage, d'une sensualité électrique. Un texte ambitieux qui subjugue par sa beauté et sa violence. Un style magnifique qui envoûte. De la belle littérature.
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C'est à l'occasion de mon post sur le dernier roman de Jean-Philippe Toussaint qu'une personne m‘a laissé le commentaire suivant : « avez-vous lu « La Vérité sur Marie » ? Elle semblait insister. Immédiatement, je notai le titre, difficile à trouver dans les librairies de mon coin qui, étant donné l'immense quantité de livres publiés, n'ont plus de fonds, comme avant. J'ai fini par le dénicher dans une petite bibliothèque. Il est sorti en novembre 2009. Je le lis seulement maintenant. Il m'a fallu 15 ans pour découvrir cet incroyable texte. Mille mercis à celle qui me l'a conseillé, elle se reconnaîtra.
« La Vérité sur Marie » est un texte de haute volée, immense, envoûtant, avec une scène centrale d'une rare intensité. Toussaint écrit superbement, il nous entraîne, nous capte, nous impressionne. Il est magicien. On en ressort subjugué. Il faut lire « La Vérité sur Marie », pas pour Marie, personnage que je trouve sans intérêt, énervant, un peu daté pour le coup. On frôle un peu le cliché avec Marie. Non, en fait, le personnage central est un cheval, un pur-sang, qui se déploie dans une scène folle, au rythme insensé,  une scène d'anthologie, inoubliable. Il y a beaucoup d'érotisme, de sensualité, de violence dans la prose de Toussaint. On marche en équilibre entre l'amour et la mort sans jamais savoir lequel des deux l'emportera.
Mais au fond, peu importe le sujet, c'est l'écriture qui prime, le style : Toussaint est comme Flaubert capable d'écrire un livre sur rien. Il ne se passe pas grand-chose dans les livres de Toussaint et c'est très bien comme ça. On n'en apprécie que davantage l'exceptionnelle beauté du style, les sonorités des mots, dont on se régale, et le rythme puissant des phrases.
Allez, je vous aurai prévenus, jetez-y un coup d'oeil, on en reparlera !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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La fuite en avant de Toussaint, toujours plus agréable à lire. Tout fuit, les hommes, les femmes, les chevaux, dans les appartements, dans les aéroports, dans les incendies. le narrateur et Marie font l'amour au même moment, mais pas ensemble. le roman raconte les péripéties (qui auraient été loufoques il y a dix ans) qui éloignent et recollent Marie et le narrateur, la mort de l'autre, faussement nommé, par jalousie, Jean-Christophe de G., un bahut que l'on transporte, un cheval en fuite dans un aéroport japonais, une femme (Marie, bien sûr, il n'y a qu'elle, et quand ce n'est pas elle, elle s'appelle quand même Marie) nue avec un masque de plongée, la même femme avec des tongs à marguerite (effeuillée) à la commissure des gros orteils. Toussaint réussit à écrire, à l'heure où c'est le plus passé de mode, un vrai beau roman d'amour, l'évidence de deux corps qui se cherchent et qui ne se retrouvent que quand il faut, l'absence de l'autre qui est présence, parce l'autre, comme Swann s'en était rendu compte trop tard pour Odette, vit toujours quand il n'est pas à nos côtés, la tendresses des moments vrais et la vérité des moments tendres. Plaisir de lire intact malgré trois semaines où la seule activité sérieuse a été la dévoration de bouquins.
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La meilleure façon de parler de ce livre est de partir de son titre. Avec Toussaint, rien n'est aussi simple qu'il n'y paraît. Et réfléchir à son roman, c'est ouvrir une boîte au trésor. Que veut-il bien dire avec La Vérité sur Marie ? Comme l'a souligné la critique de NMTB, le narrateur rend compte d'évènements qui impliquent Marie mais qu'il n'a pas vécu. Alors il a beau dire au début de la deuxième partie ‘je savais en toutes circonstances comment Marie se comportait, je savais comment Marie réagissait, je connaissais Marie D instinct', on se demande en fait si ce n'est pas Toussaint qui s'exprime là, dans sa position d'écrivain à propos de sa créature de fiction. Cela apparaît encore plus clairement dans la troisième partie, dans un passage qui est une véritable réflexion sur la création littéraire et notamment sur l'importance du rêve et sur le jeu entre troisième personne et première personne.

Malgré cette déclaration rappelant l'omniscience du narrateur, même s'il parle à la première personne, le paradoxe est que l'on apprend finalement peu de choses sur Marie. Elle est certes particulièrement bordélique, très émotive, en un mot un peu fofolle, mais ces quelques traits de caractère ne nous donnent qu'une image tout à fait partielle du personnage. Les deux premiers romans de la série (Faire l'amour et Fuir) nous en apprenaient autant sinon plus.

Au fond, ce qui est présenté, plus que la vérité sur Marie, c'est l'évolution de la relation amoureuse entre le narrateur et Marie, dans sa forme sinusoïdale et en résonnance avec les deux précédents livres de la série des ‘Marie'. Les trois parties du roman correspondent à trois périodes bien distinctes de cette relation. La première partie se situe quelques mois après ‘Faire l'amour', le premier roman de la série (la première phrase du livre – ‘nous avions fait l'amour au même moment' – en est un subtil écho), à un moment où le narrateur et Marie sont séparés mais où ils se retrouvent (pour la première fois ?) à l'occasion de la crise cardiaque de l'amant de Marie. La deuxième partie est la continuation directe de ‘Faire l'amour' et a pour cadre Tokyo, au moment où le narrateur et Marie se séparent. La troisième partie est le moment des retrouvailles amoureuses sur l'île d'Elbe, c'est à dire là même où se terminait le roman ‘Fuir' dans une ambiance étrange d'amour et de séparation en germe.

Ce qui est tout à fait remarquable, c'est que Toussaint ajoute à ce qui me semble être ce véritable fil conducteur du livre, des mises en perspective alternatives qui sont plus que des digressions mais qui finissent dans une impasse. Comme dans ‘Fuir' où les deux premiers chapitres se passaient en Chine avec des personnages chinois qui disparaissaient dans la dernière partie, les deux premiers chapitres mettent en lumière le personnage de Jean-Christophe de G., dont le ‘vrai' prénom est ‘en réalité' Jean-Baptiste, qui disparaît ensuite. Dans chacune de ces parties, Toussaint utilise ce personnage pour raconter une histoire. Avec la crise cardiaque et l'intervention du SAMU, il se livre à un texte quasi documentaire. Dans le second chapitre, il développe un récit quasi onirique lorsqu'il raconte l'échappée folle du cheval dans la zone aéroportuaire de Narita. de manière intéressante, Toussaint joue dans chaque chapitre sur l'alternance entre moments de vive tensions (l'intervention du SAMU, la course folle du cheval et dans la dernière partie, l'incendie sur l'île d'Elbe) et moments au rythme moins échevelé.

Derrière une langue somme toute simple, Toussaint a écrit là un roman à l'architecture subtile qui en fait tout le charme.
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Portrait impossible

Contrairement à ce que peut laisser entendre le titre, le lecteur voit la vérité sur Marie se dérober au fur et à mesure du roman. Marie est aussi indomptable et insaisissable que Zahir, le pur-sang fantasque de son compagnon. Ce dernier meurt d'une crise cardiaque et Marie appelle son ex à la rescousse. Ce roman est construit comme une tragédie à tiroir, entre évocation du passé proche idéalisé et description du présent fait d'impasses. le lecteur suit le galop des mots qui entrelacent avec minutie le destin des personnages. L'écriture reste limpide malgré cette construction complexe faite d'imbrications perpétuelles de situations et de pensées. Chapeau bas! Donne envie de le relire...
Lien : http://xg-melanges.tumblr.co..
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Ce livre est le 3ème de la tétralogie Marie Madeleine Marguerite de Montalte (M.M.M.M.), mais il peut se lire indépendamment (je l'ai fait !).

Après avoir adoré La clé USB et Les émotions, j'ai voulu tout lire de Jean-Philippe Toussaint pour retrouver son style unique. J'ai pris au hasard celui-ci avant de savoir qu'il faisait partie d'une tétralogie.

Ce roman parle d'un homme amoureux. Il se noie dans des couleuvres existentielles et pense à Marie, son grand amour. La femme qu'il aime, une artiste, mais ils se sont séparés lors d'un voyage au Japon. Elle est désormais avec un autre homme, jusqu'à sa mort subite. C'est alors qu'elle revient, perdue, vers le narrateur. Lui, il imagine quels soucis auraient pu conduire cet homme à sa crise cardiaque fatale. C'est là qu'on trouve la scène magnifique et improbable de la course poursuite d'un cheval dans un aéroport.

On dit du style de l'auteur qu'il est "minimaliste". Je ne sais pas ce que cela veut dire, je trouve cette définition plutôt creuse. Mais tout sincèrement, je ne saurais pas comment traduire son style, à part dire que j'adore ! Il raconte le rien, la banalité. de l'ordinaire il fait jaillir l'extraordinaire. J'aime les héros "à la Jean-Philippe Toussaint", qui n'arrêtent pas de se faire des noeuds au cerveau. J'aime sa façon d'explorer la psyché masculine, j'avoue que je me pose souvent la question sur ce que pensent les hommes.

Avec ce tome, je confirme que mon idéal d'écriture est lui et je tiens à lire tous ses ouvrages.
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Avec joie j'ai reçu mon colis avec les trois tomes manquant du cycle de Marie cette semaine ! Vu que j'avais emprunté Faire l'amour et que cela avait été un coup de coeur, voire une révélation... Il fallait absolument que je l'achète ! Plus le reste de la série évidemment...

De tout ce que j'avais entendu sur la série, Nue est le meilleur tome et après avoir été un peu déçue par Fuir... Je m'attendais à ressentir la même chose en lisant La Vérité sur Marie. Et là... Je suis agréablement surprise ! J'ai adoré ce tome alors que je partais avec quelques préjugés et un peu de réticence...

L'intégralité de l'oeuvre se fait écho à divers endroits, par exemple dans les deux premiers tomes, il y a un passage miroir entre Faire l'amour et La vérité sur Marie, le premier étant du point de vue du narrateur et le second de Marie... Et la fin de Fuir est similaire à La vérité sur Marie étant donné que cela se passe sur l'île d'Elbe, dans le domaine Montalte.

J'ai retrouvé ce sentiment si particulier du premier tome dans celui-ci, on sent une atmosphère et une tension étonnante. Les deux protagonistes s'aiment toujours, ne peuvent pourtant presque plus se supporter. C'est très intime comme ambiance car on ne fait pas que suivre la vie du narrateur : on suit son chemin de pensée, sa réalité dans la vie de Marie, toujours présent et pourtant absent.

Le protagoniste est totalement impuissant dans son quotidien, que ça soit dans ses moments partagés avec Marie mais aussi loin d'elle. Il devient spectateur et c'est en ça que l'on sent qu'ils ne peuvent plus s'aimer correctement. Marie est muette, sinon elle crie ou parle, à des éclairs de haine. Et lui, ne dit rien, la laisse faire, reste passif. On ressent la déchirure qu'il y a entre les deux. Pourtant cela reste très lyrique et on sent une complicité hors du commun. Parce que le narrateur connait la vérité sur Marie.

Je suis toujours étonnée des notes qu'il reçoit sur Livraddict parce que le lyrisme de l'auteur est prenant, tout comme son honnêteté. C'est la beauté des sentiments de tristesse, des sentiments d'espoir aussi. On ne sait jamais vraiment où l'auteur se situe entre le déni de ses sentiments pour Marie et son amour. S'il l'aime ou s'il peut vivre sans elle. le livre si finit sur une part d'optimisme alors on peut y croire un peu plus...
Lien : https://lesrecitsdhecate.wor..
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Trois personnages suffisent pour ce roman : Marie, Jean-Christophe et le narrateur. Marie et les deux hommes attachés à elle nous ammène à Paris, à Tokyo et à l'ile d'Elbe. Des scènes fascinantes telles que le cheval pur-sang effrayé , échappé dans l'aéroport de Tokyo, l'obscurité terrifiante dans les soutes du Boeing 747 en vol et un 'incendie terrifiant. Marie résiste aux événements, aux drames de la vie ; elle est têtue, impudique, provoquante, attirante aussi en aimant le jardinage en petite tenue en tongs montrant ses orteils .
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On peut découper ce livre en trois parties, au début du roman, on fait connaissance avec Marie, un soir de canicule et d'orage sur Paris, elle est avec son amant, Jean Christophe de G. qui meurt chez elle;
Dans la seconde partie on remonte le temps dans la vie de Marie, et on découvre comment elle a rencontré Jean Christophe de Ganay, propriétaire de l'écurie de Ganay, et dans cette seconde partie c'est surtout l'embarquement à l'aéroport de Tokyo du pur-sang qui est majestueusement décrit.
Dans la dernière partie on retrouve Marie dans la maison de son père à l'île d'Elbe en compagnie du narrateur, l'incendie dévastateur.
Très beau et bon roman dont j'ai aimé le style, l'histoire, la fraîcheur.

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