J'adore
Michel Tremblay et j'adore le joual !
Il n'y a pas de chapitre, tout s'enchaîne et s'entremêle. Un vrai tourbillon. Une famille élargie qui vit dans la même maison, des soeurs enceintes, des guidounes, des femmes qui tricottent de la laine et que personne ne voit.
C'est une lecture que j'ai trouvé très intéressante plus pour la forme littéraire que pour l'histoire. L'utilisation du joual rend le récit très authentique. Il est impossible de ne pas imaginer les rues Fabre, Dorion, le Parc Lafontaine et l'Avenue du Mont-Royal durant la Seconde guerre mondiale. Il permet de ressentir le poids de la vie, le sentiment d'impuissance des personnages, leur peur, leur misère économique et affective, l'ignorance dans laquelle les institutions les plongent. Notamment vis-à-vis des grossesses. La grosse femme d'à côté vit recluse dans une chambre, elle est l'objet des railleries et du mépris de sa propre famille et de ses voisins. Elle a quarante ans, elle est obèse et désire l'enfant qu'elle porte. Les autres femmes cachent leurs ventres, preuves de leurs péchés. Les hommes sont accusés d'engrosser leurs femmes pour ne pas partir à la guerre.
Le joual, pour ceux qui ne le savent pas c'est le français populaire québécois marqué par des écarts phonétiques et par des anglicismes. Il est considéré comme une dégradation du français. Son utilisation définit l'identité littéraire québécoise et une matérialisation de la dépossession historique.
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