AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,3

sur 28 notes
5
1 avis
4
8 avis
3
4 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après un siècle d'occupation russe, on pouvait espérer que les conditions de vie de la population turkmène allaient s'améliorer avec la dissolution de l'URSS en 1991 - adieu la misère, la pénurie, place à l'opulence et à la liberté occidentales. Hélas, comme pour d'autres pays du bloc soviétique, le dirigeant est resté le même, a développé un fort culte de la personnalité et la situation s'est aggravée. Amnesty International a dressé un portrait sombre des Droits de l'Homme dans ce pays en 2003.

L'auteur de cet album, Troubs, a passé vingt semaines au Turkménistan pour une association de promotion de la lecture. Il n'était pas autorisé à prendre des photos, mais pouvait dessiner - même si la différence pouvait laisser perplexes certains des fonctionnaires qu'il a croisés.
Dans ce carnet de voyage, Troubs évoque ses rencontres avec les autochtones, qui associent la France à Bouygues (fortement implanté dans le pays), à Gérard Depardieu et Pierre Richard ; il décrit le pays, pauvre, où l'on croise l'effigie du dirigeant partout, et quelques constructions mégalos en son honneur.
Cette démarche rappelle celle du dessinateur Guy Delisle. Le ton est peut-être un chouïa plus sérieux, mais pas pontifiant pour autant. J'ai particulièrement apprécié le graphisme (les dessins à l'encre de Chine) et cette réflexion sur les échanges économiques avec une dictature : « Couper les ponts serait encore plus dramatique pour la population. Il faut toujours privilégier le dialogue. Même si c'est pour le bizness. Le fait qu'il y ait des entreprises étrangères ici permet d'avoir des représentations diplomatiques. Des ambassades. Des observateurs. Sans Bouygues il n'y aurait pas d'ambassade de France. Pas de Centre culturel. »
Je n'avais pas vu les choses sous cet angle, mais oui, en effet : même si la logique commerciale de B. n'est pas philanthropique (ne nous leurrons pas, il ne fait que du business), elle peut avoir des effets positifs.
Commenter  J’apprécie          280
Récit de voyage amer du dessinateur Troubs au Turkménistan, parti pour 20 semaines pour participer à un projet de traduction de poèmes de Jacques Prévert... Sables noirs est un mélange de croquis de voyage (il est interdit de photographier au Turkménistan) et de BD normale (en N/B).

On perçoit assez rapidement que le Turkménistan est à l'écart du monde. Mais la joie de la découverte d'une civilisation différente de la nôtre cède vite la place à un récit acerbe sur une dictature qui reçoit l'assentiment de l'Occident. Son gaz et son pétrole, ses achats d'armement, sa position stratégique à côté de l'Iran, son statut d'ex-république de l'URSS... tout cela "justifie" l'implication de la France, bien davantage que quelques poèmes, des libertés en berne et un statut de la femme inexistant.

Je suis prêt à parier que Troubs aura bien du mal à obtenir un visa pour ce pays à l'avenir. le Turkménistan a-t-il un avenir... bien sûr puisque tout y est figé et que même les dictateurs s'y succèdent et s'y ressemblent physiquement, à un point tel qu'il est difficile parfois de les distinguer... Une lecture utile.
Commenter  J’apprécie          80
Cette BD est un carnet du 2ème voyage de l'auteur au Turkménistan. Il y est allé, invité par le centre culturel français. J'ai beaucoup aimé cette BD qui retranscrit bien l'ambiance post-soviétique des pays d'Asie centrale et d'Europe de l'est. le dessin est tout en pudeur et délicatesse, crayonné en noir et blanc, avec un mélange de dessins pris sur le vifs, qui correspondent à la retranscription des carnets de route, et de case plus classiques de BD qui mettent en contexte ces dessins et font dérouler le voyage et les rencontres sous nos yeux.

Les thèmes abordés par la BD sont intéressants. L'auteur ne s'érige pas en juge et montre bien qu'en quelques jours, même avec une bonne préparation, c'est impossible de comprendre la complexité de ces sociétés. On ne peut qu'en gratter la surface et proposer un “cahier d'étonnement”: comment vivent les gens dans cette société autoritaire, pourquoi la France ne coupe pas l'échange diplomatique avec des régimes comme celui-ci, comment avoir des échanges sincères, que recherche-t-on en partant à l'étranger, en partant y vivre, quelle importance d'une activité culturelle française… J'ai beaucoup aimé cette démarche, ainsi que la façon dont il va à la rencontre des gens.

L'auteur nous livre plein d'anecdotes, qui retranscrivent bien l'ambiance du pays. On comprend par exemple pourquoi c'est dur de trouver des livres écrits par des auteurs turkmènes : « aucun écrivain n'a survécu à l'indépendance du pays ». A la fin de l'URSS, le président Niazov est resté sur un modèle de régime autocratique fort avec un culte de la personnalité impressionnant. Les seuls livres qu'on peut trouver dans les 4 librairies du pays à Achgabat sont ceux écrits par Naziov, en particulier le Ruhnama (le “second livre après le Coran”) et un poète turkmène du 19ème siècle (Magtymgouly), utilisé pour exacerber le nationalisme.
Cette lecture m'a aussi fait découvrir le poème “la lessive” de Jacques Prévert et donné envie de lire “quatorze mois de captivité chez les Turcomans” de Henri de Couliboeuf de Bloqueville.

J'ai beaucoup aimé déambuler avec cet auteur au gré de sa fantaisie.
Commenter  J’apprécie          60
Sables noirs s'est révélé une lecture que j'ai beaucoup appréciée et que je recommanderai, alors que ce n'est pas du tout le genre d'ouvrages que j'achète d'habitude.
Récit de voyage dessiné, au rythme assez lent et contemplatif, au dessin très agréable, beaucoup d'esquisses, du noir et blanc, ça correspond bien à l'atmosphère dégagée. L'auteur nous emmène dans ces bagages au Turkménistan, un pays qu'à ma grande honte je ne pouvais situer que très, très approximativement sur une carte avant ce livre. Invité par le Centre Culturel Français , il est censé travailler à la première édition en turkmène de Prévert, mais les choses ne vont pas toutes seules. Pays autocratique, absence de liberté de la presse, culte de la personnalité du dirigeant, corruption, j'en passe et des meilleurs... Charmant patelin !
Ce n'est pourtant pas un album triste, on sent que l'auteur a été fasciné par ce peuple , enfin ceux qu'il a pu rencontrer, entre la peur des habitants et les restrictions de mouvements entre les régions, il s'est trouvé un peu restreint sur l'échantillon.
Cela reste très superficiel, soyons honnête, et une partie de cette très bonne note est probablement du au fait que j'aime découvrir de nouveaux sujets , et au fait que le dessin m'a tapé dans l'œil.
Si vous êtes un spécialiste du pays, ce n'est pas pour vous. Sinon, vous apprécierez cette première visite au dessin agréable.
Commenter  J’apprécie          40
Il était un Pays, perdu derrière des hautes montagnes et recouvert en grande partie par le désert que personne ne semblait connaître ou presque...
Certes, des peuplades mongoles et slaves s'en étaient emparés dans le passé, mais elles avaient fini par partir.
Là-bas, il y avait un Roi, mi homme mi Dieu dont le portrait était présent partout. Il avait sa statue en haut d'une sorte de Tripode qui tournait sur elle même en suivant le soleil.
Ce grand personnage avait écrit un livre qui devait être lu par tous les habitants. C'était une référence morale pour chacun.
Les gens étaient gentils. Ils étaient prêts à vous accueillir, sauf qu'ils avaient ordre de ne pas vous héberger. Ils ne pouvaient pas, non plus, parler de politique. Les artistes, de leur côté, ne travaillaient que sur des thèmes qui ne dérangeaient personne.
Et, ce pays était béni des Dieux (ou plutôt de ce Dieu). Il était rempli dans son sous-sol de gaz qui fit le bonheur de nombreuses compagnies étrangères.
Alors, notre Roi- Dieu-Empereur se mit à construire avec ce pactole une ville à sa mesure et recouverte de marbre blanc. Les architectes et les constructeurs venaient du lointain Occident.
Et, c'est, donc, de là-bas qu'était arrivé un troubadour...euh pardon, un certain Troub's venu décorer un livre de poésie.

A vous, amis des lointaines routes caravanières, lisez ce recueil abracadabrantesque. Vous en saurez davantage sur ces contrées inconnues
Commenter  J’apprécie          40
Un récit de voyage du dessinateur Troubs invité pour 20 semaines au Turkménistan, dans l'objectif de participer en tant qu'illustrateur à un projet de traduction de poèmes de Jacques Prévert, par le centre culturel français d'une capitale dont j'ignorais jusqu'au nom : Achgabat

Sables noirs est un mélange de croquis de voyage aux traits et à la construction variés, une succession de crayonnés en noir et blanc comme autant de brouillons impressionnistes sources de poésie et de mystères. On devine, on s'étonne, on s'interroge mais surtout, on aimerait y être.

Troubs se fait « troubadour » venu animer un « cabinet de curiosités »: comment vivent d'anciens nomades dans cette société autoritaire au milieu d'un « nulle part » entouré d'un vaste désert sombre.

« Paroles » : les sujets d'étonnement hétéroclites sont légion et tiennent justement lieu « d'inventaires à la Prévert ».

Dans une ambiance policière et déglinguée post-soviétique, une architecture toute stalinienne et une vie quotidienne kafkaïenne, Troubs emprunte ce que l'imaginaire du lecteur pense être les anciennes étapes et routes caravanières au rythme lent et contemplatif.

Aucun jugement politique n'est porté : Troubs se fait ethnologue d'une société secrète et figée, juste entraperçue.

J'aurais aimé assurément en savoir plus…en cela, je dois rejoindre l'auteur...
Commenter  J’apprécie          30
Sous-titre : 20 semaines au Turkménistan. le reportage en bande-dessinée est à la mode ; si la presse française était plus libre, on pourrait peut-être même en lire plus dans les journaux, au lieu de BD un peu débiles comme « Blueberry » ou « Largo-Winch » ; en effet les photos ne se prêtent pas bien à la reproduction dans les pages de journaux, en raison du mauvais papier. le dessin est plus net.

Un autre obstacle est sans doute la rareté des dessinateurs capables de faire du reportage ; de ce point de vue aussi, Cabu était exceptionnel. La formule de « La Revue dessinée » n'est pas encore très convaincante, qui reprend le modèle des BD pour enfants, tirant vers la fiction et pas assez synthétique.

L'album de Troubs est un peu entre les deux : il part du récit se son expédition en Turkménie pour y faire traduire et illustrer quelques poèmes de Prévert, mais on sent un effort pour prendre du recul et donner de ce pays une image aussi juste que possible. Ce petit Etat à l'Est de la mer Caspienne, anciennement partie de l'empire soviétique, et officiellement indépendant depuis 1991, est isolé à bien des titres : pas de touristes, et un régime qui n'encourage pas le tourisme ; interdiction de prendre des photographies, que de jeunes gens effectuant leur service militaire sont chargés de faire respecter ; en dessinant ce qu'il y voit, Troubs profite d'un vide juridique. le législateur n'a pas estimé que le dessin représentait une menace.

La culture officielle locale est un peu bizarre, mélange de communisme et d'islam. Mais quelle culture est vraiment cohérente ? le « neutrisme », par quoi on pourrait résumer l'idéologie officielle, donne l'occasion à notre reporter d'ironiser un peu. Il est symbolisé par une tour de 75 m, dite de la « Neutralité », sur laquelle est juchée la statue en or du précédent chef de l'Etat. le « neutrisme » fait penser au concept de laïcité à la française – le but du « neutrisme » est de neutraliser ou de censurer tout ce qui n'est pas neutre, c'est-à-dire susceptible de déranger les élites qui administrent le pays. L'isolement du Turkménistan arrange tout le monde, ses dirigeants comme les grandes puissances mondiales.

On sent l'auteur, lui-même isolé dans la Turkménie isolée, étant étranger, et comme la police surveille en permanence la population, on le sent néanmoins quelque peu sous le charme de cet isolement. Quelques dessins représentent l'architecture des villes et les étendues désertiques qui les séparent. Après tout ne dit-on pas qu'on vit plus heureux en restant caché ?

C'est le principal mérite de Troubs et de son reportage de ne pas opposer le « monde libre » au Turkménistan caché et sous contrôle policier, ne renfermant dans ses bibliothèques et librairies que des ouvrages neutres officiels. L'auteur se met tout de même en scène, reprochant lors d'un cocktail à un cadre de Bouygues, multinationale française qui a de gros chantiers au Turkménistan (euphémisme), de contribuer à la réclusion des Turkmènes. A quoi il s'entend répondre, argument classique, que le libéralisme économique et l'enrichissement du pays, dont l'industriel français du BTP est un acteur, est le meilleur moyen pour le Turkménistan d'accéder aux libertés dont l'Europe bénéficie. Comme Troubs reste coi, le lecteur peut tirer la conclusion qu'il veut – se dire par exemple qu'il est désormais quasi-impossible d'envisager la liberté autrement qu'en termes de jouissance.

La mission que s'est assignée Troubs de faire traduire et illustrer quelques poèmes de Prévert connaît un certain nombre d'aléas administratifs, que notre reporter finit par prendre avec une sagesse de bonze – ce qui est encore une forme de neutrisme.

C'est aussi le mérite de l'éditeur, Futuropolis, de proposer une BD, si ce n'est « d'auteur », terme derrière lequel se cache parfois un nombrilisme excédant, mais qui sorte des sentiers battus de la fiction. Espérons que Bouygues n'achètera pas tout le stock !
Lien : http://www.zebra-bd.fr/kritik
Commenter  J’apprécie          20
-La lessive? qu'est-ce que c'est?
-c'est quand on lave le linge
-Un poème sur le linge?!
-oui mais c'est une métaphore...ça parle aussi d'autres choses
-de quoi?
-D'avortement. D'inceste aussi
[...]
-Je voulais vous dire...J'ai lu les poèmes. La lessive...il faut le mettre dans le livre. Ce qui se passait à Paris à l'époque de Prévert...ça se passe ici. de nos jours.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (50) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5239 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}