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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Que voulez-vous ? Ce pays est ainsi. Il y a deux faces à tout. Une main droite et une main gauche, un ordre et son désordre." Ce pays, c'est Haïti dont Lyonel Trouillot s'évertue, livre après livre, à nous raconter l'humanité blessée, entre dictatures et tremblements de terre, mais aussi solidarité et main tendue vers un avenir meilleur. Ne m'appelle plus Capitaine raconte la rencontre entre une jeune bourgeoise, plus brun-pêche que noire, et un vieil homme à la santé précaire comme perdu dans le passé et ressassant les souvenirs d'un amour qui l'a laissé exsangue, il y a bien longtemps. Deux personnages aux antipodes, qui se reniflent avant de s'accepter puis s'apprivoisent avant peut-être de partager un projet commun. Dans une langue parfois hachée et scandée, parfois ample et déliée mais toujours empreinte d'une poésie âpre, l'écrivain se joue des clichés et clame son amour du peuple, celui qui semble baisser les bras quand tout joue contre lui mais qui se remet en marche parce qu'il faut bien vivre. Un beau livre, un peu court, de l'un des écrivains majeurs d'un pays dont la richesse en littérature est inversement proportionnelle au dénuement de la plupart de ses habitants.
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Dans le cadre d'un stage de journalisme, Aude, fille d'une riche famille de Port-au-Prince choisit d'interviewer le Capitaine, un vieil homme du quartier pauvre du Morne Dédé, un ancien quartier de rébellion lors de la dictature.

« de là où tu viens, les autres n'existent que lorsque vous avez quelque chose à leur prendre. »

Celle qui vit du côté des nantis, de ceux qui se sont enrichis sur le dos des autres, ceux qui, comme son frère se perdent dans la drogue et la folie va côtoyer les laissés pour compte. La première approche n'est pas facile. le quartier de Morne Dédé s'amuse avec la jeune femme dans sa belle voiture. Mais, le Capitaine la chaperonne, il a des choses à lui dire. Ses secrets appartiennent aussi à la famille d'Aude.
J'aime cette figure de vieux sage qui de ses belles phrases délivre des préceptes de vie. de sa bouche coulent les souvenirs, la mémoire des destins perdus du quartier. Sa voix laisse aussi planer le mystère, celui d'une femme qui ne doit plus l'appeler Capitaine. Qui est cette femme qui hante sa mémoire?

Aude approfondit son enquête dans les archives et auprès de son oncle Antoine qui, lui aussi a autrefois connu Capitaine et la femme mystérieuse.

L'auteur capte l'attention par la richesse de ses personnages, mais aussi par ce mystère personnel qui illustre la vie politique de Port-au-Prince.

En très peu de pages, Lyonel Trouillot détaille chaque protagoniste, ceux de Morne Dédé comme ceux de la famille d'Aude. Il illustre ainsi cette faille entre les indifférents qui se sont enrichis sur le dos des malheureux et ceux auxquels il ne reste que la richesse du coeur.
Dans une prose riche et poétique, Lyonel Trouillot incarne les destins personnels, le contexte politique du Port-au Prince au temps de la dictature et l'humanité des humbles.
« Si quelqu'un te demande la lune, tu peux dire que par amour, sans être certaine de réussir, tu vas quand même essayer. La lune ne dépend pas de toi. Elle a sa fierté et garde ses distances. Tu peux sauter très haut et ne jamais l'atteindre. Mais si quelqu'un te demande de lui tendre la main et que tu n'es pas invalide, si tu dis « essayer » c'est que tu te fous de sa gueule. Ta main, elle est à toi et bouge sous ton contrôle. En bien comme en mal, si ces mots veulent dire quelque chose, on est souvent ce qu'on décide. »
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Le roman de Lyonel Trouillot, auteur haïtien vivant lui-même en Haïti, part du personnage de Aude, une jeune fille blanche, issue d'une très riche famille protégée par le pouvoir. Désoeuvrée, elle s'inscrit à une école de journalisme par correspondance, et dans ce cadre va devoir sortir de son milieu, pour un « devoir. »

Elle va rencontrer alors à la fois un personnage, un quartier, l'histoire de son pays et modifier peu à peu sa vision désenchantée du monde. En déclenchant les souvenirs du « Capitaine » un vieil homme riche d'histoires et de l'histoire du quartier et de l'île. En le faisant remonter dans son passé, elle lui offre sans le savoir une occasion de renouer avec la vie.



J'ai eu un drôle de rapport avec de roman, parce que ce fut d'abord visuel. Je dois le dire, les couvertures des livres papier m'importent et jouent souvent sur mes choix. (ici j'ai reçu ce livre sans l'avoir choisi.) Et j'ai longtemps adoré les livres d'Actes Sud aussi pour leurs couvertures.

Mais quand j'ai vu celle-ci… Grosse déception je l'ai trouvée affreuse.



Et après coup, je suis certaine que cela a influé sur ma première approche du roman.

Je pense pouvoir dire qu'avec une autre couverture, mon approche aurait de suite été plus confiante.

Je suis donc entrée dans cette lecture presqu'à reculons. Néanmoins, quand j'en étais au point de devoir poster mon avis de la page 100, j'étais déjà embarquée dans l'histoire. Sans passion, mais de façon dévorante, embarquée. Même si j'ai retrouvé des ambiances dues à mes lectures de Dany Laferrière et à un précédent roman de l'auteur (« Yanvalou pour Charlie » que j'ai préféré), j'ai apprécié cette lecture.



Je craignais un peu le cliché de la petite fille riche et blanche qui découvre la vie en sortant de son milieu, et adoptée gentiment après des épreuves par les noirs du quartier pauvre. le roman pourrait frôler cela, mais l'évite avec une intrigue, un style et des personnages en profondeur. Les personnages principaux que sont Aude et les jeunes du Morne Dédé, Jameson, Magda, et les autres sont surprenants de diversité et le passage à l'écriture de leur langage presque oralisé parfois, sonne bien et donne chaleur et naisssance dans mon imaginaire au lieu où vit Capitaine et où il héberge ces jeunes. le récit m'a baladée habilement entre des univers bien cloisonnés, que malgré un livre court j'ai pu ressentir sans superficialité.

La rencontre entre les deux classes sociales est rude, heurtée, dérangeante : les codes et hypocrisies du milieu familial d'Aude, avec sa mère hallucinante de préjugés, sa tante ultra-raciste, son potentat de père, et l'oncle… L'oncle à la marge qui justement lui a permis de rencontrer ce fameux Capitaine. Elle pourrait facilement être impossible. (Aude parlant du Morne -dédé : « Etrangement, je me sentais plus dépaysée que lors de mes premières visites à Paris et New-york »…)

C'est donc loin d'être gagné dès le départ.

Mais si Aude n'a jamais franchi les limites du petit monde policé à l'intérieur de son milieu, elle a déjà en elle des brèches, qui la font douter des certitudes de sa famille bien-pensante. Au fil du récit, les liens s'enrichissent, sans être faciles, gagnent en beauté, génèrent des choix, provoquent des conséquences.



Lyonel Trouillot signe encore un ouvrage engagé, vivant et toujours plain d'espoir, du côté de la vie.

J'aime son écriture qui alterne les types de narration, les styles en fonction des personnages. Et cette absence de cynisme. La plongée dans Haïti est passionnante pour découvrir un autre monde par la lecture. Et j'ai beaucoup aimé l'évolution difficile, mais sensible des personnages vers une humanité plus tissée de rencontres et d'ouvertures, de pulsion de vie. Une lecture humaniste donc qui va bien au-delà de la découverte de Haïti.
Lien : http://lautremagda.hoibian.c..
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Née dans une riche famille de Port-au-Prince, Aude mène une existence de petite fille gâtée, loin de la misère des bas quartiers. Pour tromper l'ennui, elle s'est inscrite à une formation de journaliste et doit, pour un devoir, quitter le confort et aller à la rencontre des habitants du Morne Dédé, un quartier pauvre. Son interlocuteur : le Capitaine, un ancien maître des arts martiaux, témoin d'années de lutte et de rébellion.

Les premiers instants sont tendus, à l'image de ces rues qui se jouent de la jeune fille dans sa voiture tout neuve.

Entre la jeune fille et le vieux sage, ce sont deux mondes qui s'affrontent et se découvrent. N'ayant a priori rien en commun, le dialogue pourrait tourner court mais pourtant la communication passe. Chacun y trouvant son compte, dépassant l'un la rancoeur, l'autre les préjugés.

Ce sont alors des secrets de famille, l'histoire mouvementée de Haïti, des souvenirs de l'ombre qu'ils partagent, faisant place à la vie et aux sentiments. Une lecture toute en découvertes et émotions.
Lien : https://nahe-lit.blogspot.co..
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Lyonel Trouillot, c'est un auteur dont j'ai beaucoup entendu parler par une de mes professeurs de français du collège car il vient d'Haïti, ce pays qu'elle affectionnait beaucoup et pour lequel nous faisions aussi des actions humanitaires ! Combien de fois m'a-t-elle parlé des premiers romans de cet auteur même après mes années collèges quand je la croisais ? Mais jamais je n'avais franchi le pas ! Quelques années après sa disparition, j'ai enfin pris le temps de le découvrir avec une pensée affectueuse pour elle tout au long du livre.

Dans ce roman, l'auteur nous livre une rencontre entre deux classes sociales de Port-au-Prince. C'est rude, et parfois dérangeant, mais tellement véridique !

Un roman très court qui aurait pu être un peu plus développé mais son faible nombre de pages en fait à la fois un condensé d'humanité et un ouvrage engagé où l'auteur cherche l'espoir d'un pays uni sans ségrégation.

Malgré un style haché qui peut perturber la lecture (ce fut mon cas dans la première partie du livre), on retrouve une certaine poésie et pudeur dans les mots de Lyonel Trouillot.
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Aude est élève journaliste. le prochain devoir de ce futur grand reporter ? Enquêter sur des faits, des lieux, des dates, de préférence dans un milieu qu'elle ne connait pas. Elle choisit Morne Dédé à Port-au-Prince, ce quartier connu pour avoir abrité les opposants au régime des Duvalier, quartier en tous points à l'opposé de celui où elle vit. Car Aude est une jeune fille issue de la grande bourgeoisie de Port au Prince. Née du bon côté, elle possède une voiture, des robes fabuleuses, jouit pleinement du confort moderne de la luxueuse maison familiale, dans cette société Haïtienne qui vit à l'abri dans des résidences sécurisées.

Elle choisit d'aller dans ce quartier pauvre dont elle ne sait rien où elle va rencontrer Capitaine, un survivant des années de dictature. Lui le résistant, le maitre en arts martiaux qui rêvait de créer une maison comme un lieu d'apprentissage où chacun pourrait tisser des liens pour faire vivre ce quartier déshérité, ne vit plus désormais que dans le regret et le rêve de ses amours perdues.

Peu à peu, de rencontre en monologue, de discussion en échange, Aude se révèle à elle-même. Ces visites à Capitaine agissent sur elle comme un révélateur. Car tout coup elle n'appartient plus à une famille mais elle pense enfin en son nom. Elle a des idées, des opinions et c'est nouveau pour elle. Elle qui vit depuis toujours dans une certaine opulence et d'un seul côté de la barrière se réveille aux autres. A ces autres à qui elle s'adresse d'abord maladroitement, car pour une fois ils ne sont pas là pour la servir mais au contraire ils sont ses égaux et c'est nouveau pour elle.

Lyonel Trouillot nous offre ici une étonnante vision humaine et solidaire d'Haïti, l'île aux multiples visages.

chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/11/03/ne-mappelle-pas-capitaine-lyonel-trouillot/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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C'est le fameux livre de la rentrée littéraire que j'ai pêché au pique-nique babelio sans aucune envie de le lire. Il collait assez bien au défi du livre le plus vieux de ma PAL (lancé par un groupe de lecture) alors je me suis décidée.
Les premières pages ont été difficiles. Haiti, la dictature, le sujet ne m'inspirait pas vraiment. Au début, seul le vocabulaire m'a aidé à m'accrocher (je ne résiste pas à de belles phrases). Puis petit à petit je me suis prise d'intérêt pour l'intrigue et je l'ai fini sans déplaisir.
Heureusement quand même qu'il ne faisait que 150 pages car j'ai rencontré largement plus addictif que lui.
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Une jeune journaliste suit le quotidien des habitants d'un quartier défavorisé de Port aux Princes, et perd ainsi les convictions véhiculées par les gens de son milieu...
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