Citations sur Tant que La Terre durera, tome 4 : Le Sac et La Cendr.. (7)
- Qui est-ce qui les distribuera, les terres, les maisons ? cria quelqu'un.
- Des représentants du peuple, répondit l'orateur. Tout est prévu. Le parti bolchevik a déjà établi le plan de la répartition. Tant pour untel et tant pour untel. Andriouchka aura une ferme. Et Avrossi un château. Et les vaches...
- Pourquoi Andriouchka aura la ferme et pas le château ?
- Je dis ça sans savoir. Mais chacun sera servi également.
- Parle-nous des vaches. Il y en a une centaine près de chez moi qui appartiennent à un gros salaud de propriétaire moscovite. Il ne vient jamais au pays. A quoi ça lui sert ?
- Ton cas est simple. Tu dis cent vaches ? Et vous êtes combien de paysans au village ?
Deux cents.
- Hum. Eh bien, chacun aura une demi-vache.
Il arrive un moment dans l'Histoire où les nuances de sentiments deviennent inadmissibles. Les positions intermédiaires, les réserves, les mélanges de couleur, les "oui mais", les " à condition que", les " si, toutefois" n'ont plus cours aux époques violentes. On travaille grossièrement, à grands coups de hache. On ne s'embarrasse plus de détails. On fait voler les copeaux. Deux blocs. Pour. Contre. Blanc. Rouge. Choisis.
Car, dans le ciel, il y avait tant de bonté et tant d'intelligence, que l'âme de chacun aurait dû en être apaisée pour l'éternité.
On ne peut pas se passer des mains, comme on ne peux pas se passer de la tête.
La tête médite haut et juste, les mains travaillent bas et brutalement. c'est le malheur de l'homme.
Les trois quarts des hommes oubliaient de vivre pour gagner de quoi vivre
Et devant eux, au loin, tirée du crépuscule, bloc par bloc, étage par étage, dure, givrée, géométrique, la cité impériale se vêtait de rayons écarlates pour les recevoir.