Citations sur Tant que la terre durera, tome 3 (20)
Si on donnait la parole aux peuples, il y aurait moins de guerres. Ce sont les dirigeants qui veulent la guerre, pour devenir des personnages historiques. On connaît ça ! Croyez-vous que l’homme de la rue souhaite en découdre ? À Saint-Pétersbourg, il ne pense qu’aux grèves, en Angleterre qu’aux sports, en Allemagne qu’à la bière, à Paris qu’au procès Caillaux et il a bien raison.
La révolution, pour être efficace, devait opérer simultanément dans l’âme de chacun et dans le monde de tous. Secrète et personnelle, en même temps que publique et universelle. Que deviendrait la liberté, si ceux qui l’instituaient par la force étaient indignes de la penser par le cœur, si les hommes de demain s’employaient à régénérer le pays avant de s’être régénérés eux-mêmes ?
La guerre est une invention capitaliste, une affaire de marchands de canons, et les prolétaires se prêteraient à cette tractation macabre ? Il existe un trust international de l’explosif et du blindage, du patriotisme et de la panique, où sont rassemblés les Krupp, les Schneider, les Vickers-Maxim… Est-ce pour servir les intérêts de cette clique que nos braves gars vont se faire trouer la peau ? Les ouvriers, qu’ils soient Russes, Allemands, Autrichiens, Serbes, Français, sont frères par leur travail, par leur misère ; leur devoir est de s’unir contre les puissants de ce monde et non de s’entre-tuer pour les enrichir. Les socialistes de tous les pays sont contre la guerre !
Vous n’avez pas le droit d’être triste. Dieu a créé le monde pour que l’homme en jouisse. Ce serait faire injure à Dieu que refuser les satisfactions qu’il nous offre…
On souffre toujours quand on est amoureux.
Sans le cheval, l’homme n’est pas un homme.
La révolution n’est pas une bonne affaire. Elle exige de ses fidèles du sang, des larmes, la folie des martyrs. Chacun, pour sa part, doit parier, courir un risque.
Le monde était injuste, bête et cruel. On se détestait. On s’insultait. On s’égorgeait. On proclamait des victoires. On digérait des défaites. Partout, régnaient la jalousie, la haine, la cupidité, l’ambition, la souffrance. Que ne pouvait-il être égoïste et indifférent, comme autrefois : « Les Russes fuient ? Eh bien, qu’ils fuient ! Ils se battent ? Eh bien, qu’ils se battent ! Ils meurent ? Eh bien, qu’ils meurent ! Qu’est-ce que ça me fait, à moi qui suis vivant ?
Il lui paraissait étrange qu’une femme seule eût réussi, là où le groupe de combat, avec sa préparation, ses grands moyens, son expérience, n’avait pu forcer le destin.
L’essentiel était de servir une cause abstraite et non un amour concret. L’homme qui assassinait pour servir une idée avait tous les droits. L’homme qui assassinait pour servir son intérêt personnel était un monstre. Le geste ne comptait pas, mais l’intention de ce geste. La mort ne comptait pas, mais l’utilité de cette mort. Tout était simple. Et, pour affermir les volontés chancelantes, il y avait l’alcool, la prière.