Si on donnait la parole aux peuples, il y aurait moins de guerres. Ce sont les dirigeants qui veulent la guerre, pour devenir des personnages historiques. On connaît ça ! Croyez-vous que l’homme de la rue souhaite en découdre ? À Saint-Pétersbourg, il ne pense qu’aux grèves, en Angleterre qu’aux sports, en Allemagne qu’à la bière, à Paris qu’au procès Caillaux et il a bien raison.
La guerre est une invention capitaliste, une affaire de marchands de canons, et les prolétaires se prêteraient à cette tractation macabre ? Il existe un trust international de l’explosif et du blindage, du patriotisme et de la panique, où sont rassemblés les Krupp, les Schneider, les Vickers-Maxim… Est-ce pour servir les intérêts de cette clique que nos braves gars vont se faire trouer la peau ? Les ouvriers, qu’ils soient Russes, Allemands, Autrichiens, Serbes, Français, sont frères par leur travail, par leur misère ; leur devoir est de s’unir contre les puissants de ce monde et non de s’entre-tuer pour les enrichir. Les socialistes de tous les pays sont contre la guerre !
Il lui paraissait étrange qu’une femme seule eût réussi, là où le groupe de combat, avec sa préparation, ses grands moyens, son expérience, n’avait pu forcer le destin.
L’essentiel était de servir une cause abstraite et non un amour concret. L’homme qui assassinait pour servir une idée avait tous les droits. L’homme qui assassinait pour servir son intérêt personnel était un monstre. Le geste ne comptait pas, mais l’intention de ce geste. La mort ne comptait pas, mais l’utilité de cette mort. Tout était simple. Et, pour affermir les volontés chancelantes, il y avait l’alcool, la prière.
Les années s’étaient évanouies aussi facilement qu’un rêve. Elle retrouvait à ses pieds le Volodia du jardin aux roses, ardent, redoutable. Leur amour n’avait pas vieilli. Eux-mêmes n’avaient pas vieilli. Tout pouvait reprendre : le bonheur, la folie d’autrefois.
Quand existent entre deux êtres cette attraction, cette compréhension, ah ! Tania, ce ne sont pas des lois humaines qui peuvent les séparer !
Elle a accepté. Un point, c’est tout. Et, du moment qu’une femme accepte, l’homme n’a plus rien à se reprocher.
Il pense toujours au lendemain... et jamais au jour même. C’est pour ça qu’il n’est pas heureux.
Vous n’avez pas le droit d’être triste. Dieu a créé le monde pour que l’homme en jouisse. Ce serait faire injure à Dieu que refuser les satisfactions qu’il nous offre…
On souffre toujours quand on est amoureux.