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J'ai été d'abord attirée par le titre , qui me rappelait un souvenir émouvant: le beau regard d'un chevreuil se retournant vers moi... Et j'ai ensuite remarqué avec curiosité que l'auteure, que je ne connaissais pas, est québécoise. Attrait supplémentaire!

Ce livre, je l'ai acheté dans une librairie indépendante qui vient d'ouvrir dans la ville proche, chouette! Et un jeune homme originaire du Québec, y travaillant, m' en a parlé avec enthousiasme, m'apprenant, ce qui n'a pas manqué de m'intéresser, qu'Elise Turcotte était aussi poète . Définitivement conquise!

Ce n'est pas une lecture facile. Car la narration se fait à plusieurs niveaux: ce que confie la narratrice, oscillant entre souvenirs et présent et ce qu'elle met en scène ( j'utilise volontairement cette expression car le prologue donne une liste de personnages, comme au théâtre) dans ses écrits, en effet elle est romancière. Mais c'est une lecture riche, prenante.

Les thèmes du livre sont graves: les attaques violentes contre les féministes, le harcèlement familial, conjugal et la mise en danger psychologique d'un enfant... Entre onirisme, visions cauchemardesques et réalité inquiétante, oppressante, au profond de la nature, le lecteur entre dans les pensées éparses, fragmentées tout d'abord de la narratrice. Jusqu'aux révélations terribles.

le style poétique, allié à un environnement forestier sauvage, donne une dimension particulière à ce roman tout en intériorité. Et l'image finale est tellement belle... J'espère vous avoir donné envie. A découvrir!



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Avant toutes choses, je me dois d'être sincère : cette lecture a été très mitigée pour moi. Malgré un résumé qui me plaisait, c'est la façon de conter l'histoire qui ne m'a pas séduite.

Une romancière décide de tout quitter et de s'installer dans un chalet au milieu des bois afin de fuir les réseaux sociaux où elle est la cible de harcèlement. C'est alors qu'elle se rend compte que le chalet, voisin du sien, est occupé par son ancien beau-frère avec qui elle ne s'est jamais entendue.

J'ai apprécié ce décor du chalet perdu dans la forêt. Ce qui a coincé avec moi est cette écriture très abstraite et déroutante à laquelle j'ai eu beaucoup de mal à accrocher. Je pense qu'il s'agit simplement d'un style que certains lecteurs pourront apprécier. Mais pour ma part, pour mon esprit assez cartésien, cela ne fonctionne pas.

Par l'intermédiaire de flash-backs, on apprend à mieux comprendre cette relation conflictuelle entre la romancière et son beau-frère. Mais hélas, j'ai trouvé que certains éléments pouvaient être plus construits et hélas, cela n'était pas le cas, ils étaient trop survolés à mon goût.

Des thèmes comme le sexisme, la société dominée par le patriarcat sont des sujets qui peuvent être discutés durant de nombreuses pages. En écrire un livre ne comptant qu'un peu plus de 150 pages fait que c'est comme si tout était trop « survolé ». Je pense que c'est ce goût de trop peu également qui fait que je ne retiendrai qu'une lecture bigarrée.

Ceci n'étant que mon humble avis personnel, je ne peux que vous conseiller et vous inviter à vous en faire le vôtre.

Je remercie Babelio et les éditions le Mot et le Reste pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la Masse Critique Littérature.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Une forêt perdue, un ciel étoilé, un silence absolu. La neige, le vent dans les arbres.
Dans les bois un châlet, dans le châlet une femme.
Une écrivaine.
Elle est seule, retirée du monde et de sa violence, loin de la méchanceté des hommes et de la bêtise aveugle des réseaux sociaux.

Féministe convaincue, elle s'est peu à peu attirée les foudres d'une poignée d'internautes décerébrés, et celles de son propre beau frère, le manipulateur mysogine qui a déjà fait imploser la cellule famiaile et auquel elle fut la seule à oser tenir tête. 
Voilà les raisons de sa fuite au fin fond de la Beauce canadienne.

C'est là qu'elle compte reprendre son souffle, échapper au vacarme, revivre sans témoin. Pour cela il lui faut apprivoiser la solitude, se taire et oublier jusqu'au son de sa voix.
Il faut aussi "faire obstacle au temps qui [la] découpe en morceaux de chair fanée", se détacher si possible de la menace imprécise qui rôde.
Et puis il faut écrire, "nettoyer la carcasse des mots", faire remonter en surface toutes ces "petites bulles de non-dits" pour enfin n'être plus "broyée par ce qui flotte sans parole".
Tout un programme ... qui bientôt vole en éclats, quand le harcèlement redémarre de plus belle.

Au début le texte a de quoi surprendre, il m'a fallu du temps pour m'y accoutumer...
Il faut dire que l'écriture d'Élise Turcotte - figure reconnue de la littérature québécoise - est exigeante, déroutante, et remarquablement travaillée. Certaines images d'abord semblent confuses, déformées par le prisme de la paranoïa ou amplifiée par des figures de style parfois déconcertantes. Une chose est sûre : la plume impressionne !

Aussi n'est-il pas toujours simple de suivre la narratrice dans ses associations d'idées brumeuses, souvent dictées par l'angoisse, la colère ou la défiance de celle dont les cris d'alerte ne sont pas entendus.
La première lecture, donc, n'a donc rien d'évident (la narratrice d'ailleurs s'en excuserait presque : "je voudrais ne pas écrire en touches aussi discontinues. Avoir comme d'autres un pouvoir, chevaucher le flot des mots, capturer des histoires dans une contrée sauvage ou avoir de calmes certitudes comme Aron [le propriétaire qui lui loue le châlet] à la veste rustique. Mais ce que je suis m'en empêche, femme en lutte avec la langue, confronté aux pleins et au vide chaque minute, en déséquilibre sur la cime des phrases.")

Toutefois, pour peu qu'on accepte de lâcher prise, de ne faire qu'effleurer le sens caché de certaines tournures, on succombe vite au charme un peu perturbant de cette poésie sombre, tendue, qui dégage indéniablement quelque chose de puissant ... quelque chose que je serais bien en peine de qualifier plus formellement.

L'essentiel est là : avec ce roman grave et étonnant, Élise Turcotte pointe un doigt rageur sur le patriarcat, le sexisme ordinaire et l'impunité des harceleurs (sur la toile comme dans le cercle familial), tous ces épouvantables scandales révélés au grand jour par le mouvement #MeToo (#MoiAussi, pour nos ami(e)s Québecois(es) !)


Grâce à Babelio et aux éditions "Mot et le Reste", je découvre donc là une écriture singulière, et un univers qui l'est tout autant, chargé d'une tension pschologique diffuse que je ne suis pas près d'oublier.
Double satisfaction.
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Intéressée par le thème annoncé du roman - la violence faite aux femmes dans la sphère publique –, c'est dérangée que je referme L'Apparition du chevreuil, roman dont je n'avais pas entendu parler au moment de sa sortie, et qui vient de recevoir le Prix Ringuet 2020. La narratrice, harcelée sur les réseaux sociaux, s'isole dans un chalet par crainte pour sa sécurité. Elle s'y remémore des événements s'étant passés dans sa famille, en lien avec la relation de couple de sa soeur avec un homme sinistre et dominant, et les réactions négatives qu'elle s'est attirée lorsqu'elle a dénoncé des comportements qu'elle jugeait inacceptables. Un très désagréable et presque insoutenable sentiment d'oppression m'a accompagné tout au long de son récit, que je n'aurais peut-être pas poursuivi s'il avait été plus long. C'est la grande force du roman, je crois, porté par une écriture fluide et poétique, de nous faire ressentir l'impuissance des victimes, la colère, la peur... « Personne ne peut me protéger du monde dans lequel je vis. » Voilà qui n'est guère rassurant. Heureusement, après nous avoir fait un état des lieux du monde, l'auteure nous réconcilie avec lui.
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Comment un 3 étoiles appréhendé s'avérera un COUP de COEUR cinq étoiles ?
"Je compose d'intenses et jolis manifestes de quinze lignes que je dépose régulièrement sur mon masque social. Celui-ci prend peu à peu la place du paysage écrit que je reconstitue depuis des années. Maintenant, il faut que ça cesse" (page 9).
Dès les premières pages, je suis déstabilisée, pas du tout convaincue que j'embarquerai dans ce qui s'annonce pour moi un long monologue intérieur d'une écrivaine qui s'interroge sur sa démarche de création après avoir été harcelée sur les réseaux sociaux alors qu'elle commentait des sujets d'actualité en résonance avec le mouvement "Agressions non dénoncés" et tout ce que cela a engendré sur son sillage. Au fil du temps, les menaces s'intensifiant et craignant pour sa sécurité, celle-ci partira faire le vide dans un chalet en forêt où il n'y a ni radio, ni téléphone, ni internet.
Ma pensée polluée d'a priori, je tourne les pages à reculons. D'autant qu'au moment où j'écris ces lignes, au Québec sévit une vague de féminicides. Je suis fatiguée, pas envie d'aller là. Voudrais-je à mon tour rompre au silence cette prise de parole ? "Ce serait ben l'boutte", comme on dit chez nous. Je reprend donc ma lecture du début. Voilà qu'un constat s'impose. Élise Turcotte maîtrise son art. Virtuose des enchaînements, elle use de plusieurs niveaux narratifs, mélange les voix, peut-être sources distraction à mon premier contact où des subtilités m'ont échappées. Mais cette fois, la magie opère. Cette petite plaquette de 157 pages est d'une redoutable efficacité. Soudain, je suis happée dans ce qui se révèle un véritable thriller psychologique. C'est l'escalade, on a le vertige tant on est imprégné des malaises, de la menace qui plane et des frayeurs contre lesquelles tente de résister cette femme. On n'est plus du tout dans l'abstrait. La narratrice, après nous avoir dressé un portrait macroscopique d'une société qu'on perçoit trop souvent à l'extérieur de soi, nous aspire dans le goulot d'étranglement de la sphère privée, celle de la famille. Tout le roman repose sur le socle de la colère, celle qu'on refoule pour ne pas faire de vagues pour protéger le sacro-saint tissu familial au risque de le regretter. À quel prix sommes-nous prêt à maintenir la cohésion ?
"Ils ne veulent pas creuser, seulement rayer la surface de la vitre qui me sépare d'eux" . (p 41) "Peux-tu arrêter de t'obstiner avec... ! Ainsi donc, on en revient toujours là : parler est ma plus grande faute. Si je n'avais rien dit, si je n'avais pas été fidèle à ma colère, si j'avais enlevé le sable de mes souliers, aspiré la poussière du présent, penché la tête comme une vraie femme. Mais j'ai parlé". (p 44)
La parole trop "forte" est toujours remise en question. L'écrivaine peut être forcée à se taire, mais une fois seule, les mots qu'elle ne peut dire s'écrivent, prennent formes tangibles sur la page blanche et percutent l'esprit de ceux qui les reçoivent. Oui, heureuse ne pas m'être laissée berner par ... mes a priori !
Masse critique Québec - automne 2021
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Une écrivaine se réfugie dans un chalet isolé pour tenter de voir clair dans une affaire familiale aux noeuds inextricables. Une soeur éloignée depuis longtemps revient dans la famille avec, dans son sillage, un conjoint et un garçon à naître. On comprend que de ce retour qu'on n'espérait plus, la donne a changé pour les parents et la fratrie. L'écrivaine est celle qui parle, qui ose tout dire et qui se révolte. Car le nouveau beau-frère intimide, harcèle et subjugue à la fois sa femme et son fils.
« Je n'écris pas pour dévoiler la vérité. Simplement, j'ai besoin de dessiner une ouverture afin qu'une vérité ne soit pas enterrée vivante. S'il existe un cimetière de mots arrachés aux êtres qui comprennent, je veux pouvoir m'y promener. »
L'écriture est obsédante, propice au huis-clos; la narratrice se parle à elle-même, évoquant ses entretiens avec une psychologue et les phrases échangées lors des rencontres familiales. de même, la figure du neveu, pris entre des adultes qui s'entredéchirent pour son bien, est particulièrement bien évoquée.
J'ai eu parfois du mal avec le style décousu et certaines tournures de phrases alambiquées, mais dans l'ensemble, j'ai bien apprécié ma lecture.
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J'ai aimé l'histoire, j'ai aimé l'ambiance, j'ai aimé la description du décor et j'ai aimé la tension que dégage ce roman.
Cependant, j'ai moins aimé cette écriture saccadée, probablement qu'elle fait partie intégrante de l'histoire, seulement elle a rendu ma lecture moins agréable, voire, pénible. A chaque fin de paragraphe je me demandais qui parlait, si on était dans la même scène ou pas, qui parlait, est-ce qu'on avait fait un saut dans le temps…
Au final, j'avais quand même un peu de mal à me résumer l'histoire, c'est comme si j'avais lu un texte avec les lunettes de quelqu'un d'autre, ça restait flou, je n'ai pas tout saisi.
Est-ce qu'une écriture plus fluide aurait desservi le roman ? Quoi qu'il en soit, ce n'était pas une lecture pour moi.
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« L'apparition du chevreuil » de (2020, Alto, 160 p.). Il s'agit d'un roman de l'écrivaine canadienne Elise Turcotte (elle tient à ce féminin, qui n'est pas très heureux, à mon avis).
Roman après des poésies, puis un premier roman « le Bruit des Choses Vivantes » (1999, Actes Sud, Babel, 245 p.) et un second « La Maison Etrangère » (2014, Bibliothèque Québecoise, 222 p.) qui obtient le Prix du Gouverneur Général en 2003. Bon début. Un recueil de nouvelles aussi « Caravane » (2005, Bibliothèque Québecoise, 141 p.,) et plusieurs ouvrages pour la jeunesse.
Louer un chalet isolé pour échapper au harcèlement sur les réseaux dits sociaux, fuir une famille dont le beau-frère se voudrait être le mâle dominant, avec pouvoir sur la soeur et leur enfant, et de là sur les autres membres de la famille. « C'est un modeste chalet en forêt où me voici enfin seule. Je regarde la danse des arbres dans la réalité ». Dehors, la neige qui arrive, la forêt où il n'arrive rien, le chalet vide d'à coté où seule la mérule est arrivée. « Nous sommes dans une forêt du Québec » « Oui, mais je n'ai jamais vu de chevreuils ». C'est Godot dans la Belle Province. Sauf que Vladimir et Estragon, ce n'est pas Aron, le bailleur, ni l'écrivaine (je maintiens le féminin). Alors que ressasser, sinon les frustrations et les harcèlements de la part de rock Dumont. Les difficultés du couple de sa soeur, où l'enfant est un enjeu permanent dans le couple. Les visites à « Elle » la psychologue. Et toujours pas de Godot qui sorte de la forêt. (ni de « masculiniste » d'ailleurs). Par contre on a droit à un « sénateur socialiste du Vermont » ou à des allusions à un président voisin pour le moins extravagant.
Des extras comme l'histoire de l'ours, du chien, du fusil ou encore des vêtements, ou de la folie La visite au parc du héron. « Quelqu‘un va venir ». « L'enfant a dit d'abord que d'abord il a cru que sa mère serait morte. Sinon pourquoi son père aurait-il ce fusil. le chien est mort »
« Un soir, le chevreuil apparaît dans le halo du lampadaire »

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Petite plaquette que j'ai beaucoup apprécié où il est question du contrôle et de la violence, et surtout de l'acceptation qu'on en fait trop souvent. le sujet y est bien traité et l'ambiance intéressante. C'était mon premier roman de cette auteur que je relierai assurément.
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Une jeune femme se retire dans une cabane isolée au fin fond de la forêt québécoise. Il y a une sourde angoisse dans cette démarche. Des attaques en ligne ; des menaces qui ne sont peut-être pas que virtuelles...
Une première fois j'avais ouvert puis reposé ce livre. La seconde tentative fut la bonne. Car c'est un livre à lire lorsque l'on a besoin d'une solitude pour faire écho à la sienne. Et si l'on aspire à une écriture qui secoue plutôt que de tenir la main du lecteur.
La confusion des premières pages n'est que passagère. le mélange de passé et de présent fait doucement sens. L'histoire familiale surgit, la tension s'intensifie.
Les chapitres courts offrent des temps de respiration bienvenus : j'étais en apnée, captivée - au point de le dévorer en deux jours à peine. Et de le terminer avec un sentiment d'admiration, pour le personnage d'abord, pour le chemin que l'auteure m'a fait parcourir surtout.
Un court roman qui contient beaucoup de choses, sur la perversité des uns, sur la force méconnue des autres.
Aussi glaçant que revigorant.
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