Si le thème général du roman n'est pas original, ce sont les questionnements d'un homme tout au long de sa vie, de son rôle sur terre à son utilité, l'amour, la mort, la vie quoi, ce qui est original et intéressant, c'est le biais pris par l'auteur à savoir cette passion proustienne. Jacques ne vit que par et pour
Marcel Proust. Sa rencontre avec l'oeuvre date de ses quinze ans, lors d'une pause alitée pour cause de maladie, un oncle lui offre
du côté de chez Swann. Point n'est besoin pour apprécier ce livre de connaître la littérature proustienne. La preuve, c'est qu'ayant lu à peine un livre de Marcel, j'ai beaucoup aimé celui de
Michaël Uras. S'il est totalement respectueux des mots de
Marcel Proust, de son oeuvre, Uras l'est beaucoup moins de l'homme dont il se moque gentiment. Il se moque également de ceux qui ont ausculté, disséqué l'oeuvre de
M. Proust dans tous les domaines les plus inattendus soient-ils. Une irrévérence fort salutaire, surtout lorsque comme ici, elle est doublée d'une admiration pour l'oeuvre.
Et puis c'est aussi l'histoire de Jacques Bartel qui va tenter de comprendre pourquoi et comment sa passion l'empêche de vivre avec les autres, avec Mathilde notamment qui n'en peut plus de Marcel ni de Jacques, un petit intellectuel maigrichon et sans muscle, elle qui finalement préfère les vrais hommes, musclés, qui ne lisent pas. Tous les clichés passent sous la plume de
Michaël Uras, pour mieux les railler, les tourner en dérision ; ça pourrait être très attendu, grossier et c'est fin, délicat et drôle. Parce que je me suis bien marré (entre autres) en lisant les tribulations de Jacques Bartel. L'écriture est alerte, absolument accessible à tous, peut même permettre à des lecteurs de dédramatiser
Proust, et pourquoi pas de le (re)commencer ? La meilleure preuve est que j'ai cité plein d'extraits et que j'aurais pu en placer encore, parce que très souvent, j'ai souligné tel ou tel passage. Un premier roman très prometteur.
Info de dernière minute : si vous voulez découvrir ce roman, dans sa toujours très belle livrée blanche et bleue de Christophe Lucquin, n'hésitez pas, en plus d'être un bon livre, c'est un beau livre : autrement, un informateur mystère m'indique qu'il sortira au Livre de Poche tout début mai : aucune raison de se priver. Une belle récompense pour cette maison d'édition qui verra un deuxième de ses titres repris en poche, L'été à Lulaby, que je n'ai pas (encore) lu.
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