Tableaux de l'amour au goût de yaourt (suivis de) Autres poèmes

MON ARRIÈRE - PETITE- GRAND- MÉRE

«  Mon arrière petite- grand- mère
Connue pour ses passions potagères
N’avait pas un cou raide de diamants
Mais de tâches remplies patiemment

Mon arrière petite- grand- mère
Ignorant le terme «  effet de serre »
Était pleine de magnésium
Ne se sentait jamais mollassonne

Mon arrière petite grand- mère
Jamais noire ni bleue de colère
Révélait une manteau de fou rire
Se croyant toujours le point de mire

Toi façonnée de pluie ou de terre
Tu es riche en fruits, arbres et vignes
Chance ou guigne , toi tu te résignes
Chance ou guigne ,je vais à la ligne ! » .

LA SORTIE DES CLASSES


«  J’ai couru
Suis- je dans les temps ?
Ou suis - je en retard ?
Je m’inquiète

Je t’attends
Une botte jaune
Met le nez dehors
Je m’apprête

À te prendre
Dans mes bras avides
Mais ce n’est pas toi ,
Pas encore….

Si le ciel
Est triste à pleurer
Tu vas l’égayer
Par tes brosses

Ton ciré
Dévale les marches
Et je crois à tort
Que c’est toi


Tes babils
Sont pour mes oreilles
Des bouchons en mousse
Bénéfiques


Me protègent
Du trafic urbain
Tes comptines douces…
Enfin toi! ».

Les enterrements

A l'enterrement du Roman d'amour
On ne parlera pas de son glamour
On se souviendra de son pantacourt .
" Fallait le faire ,
Fallait le faire,
Rater le premier rendez-vous
En démontant ,
En arrachant ,
Le pommeau du levier de vitesse ! "

A l'enterrement de la Poésie
On s'en souviendra , mais sans frénésie ,
Comme d'une dame faite de dentelle :
" De la dentelle , de la dentelle ,
On en trouvait partout sur elle
Jusque dans ses gros mots froissés
Elle restait les bras croisés ! " P.93

Le bonheur des mains vides

Le bonheur
Des mains vides
Libres de cueillir
Les bluets timides

Le bonheur
Des yeux pleins
De couleurs torrides
Du soleil levant

Le bonheur
Des narines
Faites pour flairer
Le pain au levain

Le bonheur
Des oreilles
Propres à entendre
La voix des pinsons

Le bonheur
Des doigts fins
Touchant la rosée
Buvant le serein

Le bonheur
Non solide
Mais plutôt gazeux,
Mais plutôt liquide

Un mot en appelle un autre
Un poème en croise un autre
Le bonheur
De l'inachevé ... P. 73

«  Au sommet de l’Etna
Au sommet du grand mât
Au sommet de la chaîne ,
La chaîne alimentaire ,
C’est la femme !

Une fois qu’elle atteint
Le sommet d’une côte
Elle aperçoit déjà
Une autre côte égale
Et se rit !


Elle a mangé du lion
«  La haine raffermit
La rage est astringente
Et l’amour ramollit ! »
Clame t- elle .



Elle mange de l’homme
Quand Monsieur Ravioli
Vit la petite mort
En attendant la grande
C’est la vie ! » ..

Cette plume oscille

«  Cette plume oscille
Entre deux contraires :
La pierre et la plante
La plante et la pierre


Tantôt lapidaire
Tantôt végétale
Par son ornement
Par son vert décor

Je voudrais qu’elle aille
Comme croît la mousse
Sur les troncs, les roches

Un tapis de mousse
Rien de plus paisible
Pour les yeux meurtris ! »

«  Vous aimez quand les vers
S’endiablent pour de bon
Mais ceux- ci ne s’endiablent pas,
Ne sont jamais nauséabonds.


Vous aimez qu’un auteur
Endiamante l’amour
Mais mon amour ne s’endiamante
Que de pluies froides et de larmes .


Quand deviens- je moi- même ?
En étant amoureuse ?
Ou bien en étant écriveuse
Au temps des beautés renversées ?


Que faire des sent- bon
Et de mes falbalas
Quand autour de moi tout se coupe
Jusqu’au vif voire jusqu’à l’os ?

Moi je tète la rime ,
Même au bord de l’abîme ,
Tout comme l’on tète le veau ,
Tombés dans le piège du beau ! »

J'aime dégotter
Une métaphore ,
Crever le plafond ,
Sans que les nuages
Se gorgent de vin !
Je n'ai que les mots
Pour bien m'amuser .

Les doigts écartés
De mes pieds ont l'air
De feuilles de chêne ...
Suis-je un conifère
Car mes cils sont verts ?
Je n'ai que les mots
Pour bien m'amuser .

Je suis une fleur
Fleur à cinq pétales :
Tête , bras et jambes .
C'est mon torse jaune
Au coeur de la fleur .
Je n'ai que les mots
Pour bien m'amuser !

Le petit s’endort, nous nous retrouvons .
La télé s’arrête . Pour combien de temps ?
Je ne m’assois pas sur le canapé
À côté de toi mais sur un fauteuil
Et je prends un ours en peluche,
Grand comme un enfant , sur mes genoux nus.
Je le serre fort contre moi , pour rien ,
Mettant mon menton sur sa tête ronde.
Nous nous querellons .Nos paroles aigres
Ont remplacé nos murmures d’amour .
Que je parte ou que je reste avec toi
C’est triste à hurler. Et je pleure enfin !
Tu veux que je tourne autour de deux astres
Et c’est fatigant , c’est même un désastre !
Le lit conjugal avec ses cigales
Ce n’est qu’un détour avant de rejoindre
La chambre d’enfant . Ça vaut le détour ?
Cela m’est égal . Où sont nos fringales ?
Le lit conjugal cache une mygale
Au venin puissant, aux pattes velues ! »

Les enterrements
«  À l’enterrement du Roman d’amour
On ne parlera pas de son glamour
On se souviendra de son pantacourt .
«  Fallait le faire,
Rater le premier rendez- vous
En démontant ,
En attachant ,
Le pommeau du levier d’vitesse ! » ..


À l’enterrement de la Poésie
On s’en souviendra, mais sans frénésie,
Comme d’une dame faite de dentelle :
«  De la dentelle , de la dentelle ,
On en trouvait partout sur elle,
Jusque dans ses gros mots froissés
Elle restait les bras croisés ! »