Tableaux de l'amour au goût de yaourt (suivis de) Autres poèmes

Vive la poussière du temps !

Vive la poussière du temps !
Car la poussière rendra noir ce qui est blanc
Car la poussière rendra blanc ce qui est noir
Pardonnez-moi cette amertume
De philosophe qui m'habite.
À chaque fois le jour de l'An,
J'ai beau rêver de nouveautés,
Je ferai tout par habitude,
Rêvons plutôt de nouveaux thés !

Pavane

Je cherchais un prénom pour mon chaton chéri
Je pensais l'appeler comme mon chat défunt.
Une plume de geai, fine, bleue, à mes pieds
M'a fait changer d'avis et je l'ai nommé Plume !

Je suis sûre que c'est ma pauvre Ribambelle
Qui m'envoie en cadeau cette plume azurée.
Que ma tendre pavane élancée vers le ciel
Lui parvienne ! Adieu, ma Ribambelle adorée !

Le chaton somnolant dans mes bras affectueux,
Mon chaton adopté, c'est sa fille sans doute !
Plume, Plume, merci ! Tu m'as sauvé la vie !
Plume, Plume, grandis ! Plume, Plume, voltige !

J’ÉTAIS UNE ALLUMEUSE


«  J’étais une allumeuse
Une belle parleuse
Mais je vire au poète
Et voilà qu’on me traite
D’allumette!



Je m’enflamme à chaque friction .
Et je n’allume et je n’éteins
Que des réverbères mouillés
Que des réverbères brumeux



Le jour est irascible
Le jour est illisible !
La nuit m’est si propice
Sa rime inspiratrice
Me crie bis !



Une allumette , une allumette ,
J’allume mes crayons papier
Qui sentent si bon la forêt
Je sème mes brouillons brouillés ! » …

JE SUIS FAITE DE PLUIE

«  La pluie dans mes veines
La pluie sur mes peines
La pluie bienfaisante
La pluie qui serpente

La pluie ma couleur
La pluie ma splendeur
La pluie sur ma langue
La voile , je tangue


Mes pieds dans les flaques
La pluie sur mon mac
Je suis dans le lac
La pluie sur ma plaque


La pluie dans mes yeux
Sans heures sans lieux
La pluie sur mon île …..
Plieurs de crocodile ? » …

Je me sens pousser des bras .



«  Je me sens pousser des bras
J’embrasse le Sahara


Mes désirs les plus déments
Poussent comme du chiendent

Ne se battent plus entre eux
Mes plusieurs moi ambitieux

Paris marche sur la tête
C’est le temps des garriguettes


Un coq rouge fait pioupiou
Rouge tel le Moulin - Rouge

Les ponts , multipliez- vous !
Mes yeux , écarquillez - vous! . »

L’enfance

«  L’enfance est un petit pays,
Le pays des roues étourdies,
Des civets aux longues oreilles
Et des squelettes aux yeux bleus .
Il est peuplé de ronces- monstres,
Chats ressemblant à des vélos …..
Si ta banane avait des ailes
Elle s’envolerait là - bas !
Les gouttes de pluie , en Enfance ,
Deviennent parfois des icebergs
Et les papas sont des centaures
Et les mamans …..des sangliers ! » .

LES BOUGIES CHANTENT BAS


Les bougies chantent bas, les bougies nous enchantent .
Nous sommes entourés d’arbres - vitraux géants .
De tes cheveux mouillés tu te sculptes des cornes .
Et notre banc n’est qu’un énorme livre ouvert.


Omni - vers , nous lisons un conte en chocolat .
Et le crapaud sur le gâteau : notre concierge
Balaye la cour avec une plume exotique,
Avec la plume de l’oiseau de feu gourmand ! . »

MARYNA- MARINE à mine de fouine !



«  Que ton moi poète
Ne vienne fouiner
Dans ton moi - gazelle
Dans ton moi- poupée
Dans ton moi - compagne
Dans ton moi- panthère
Dans ton moi - couveuse
Ton moi - prisonnière !


Cette nuit tu as
Un poème en tête
Un beau vers fini
De quoi parle - t- il ?
Qui te l’a dicté ?
Tu dois l’oublier !
Tu cours un danger
J’ignore lequel ….. »

CALME - TOI


«  Calme - toi , calme - toi
Tes nerfs sont agacés
Le nerf vague te fait
Hoqueter et tousser !
C’est ton nerf vagabond
Ou ton air vagabond
Loin des grands panthéons
Et loin des chats fripons .
Avec voisins de table
Tu te lies d’amitié
Par un noeud à deux boucles ,
Non par un noeud marin .
En automne tu marches
Sur l’asphalte étoilé
Et ta foi c’est la coque
D’un vaisseau renversé ! . »

Ta poitrine est trop plate



«  Dans l’herbe était assise
Un brin de sauterelle
De sauterelle verte
Comme un beau cornichon


Mais voilà là bedaine
De la grenouille avide
Qui prend la sauterelle
Et lui dit sans émoi :



« Ta poitrine est trop plate
Un jour tu l’as peut - être
Oubliée dans un livre
Elle a l’air d’un herbier !



Ta chevelure est grosse
Il faut que tu la coiffes
Avec une fourchette
Car tu n’as pas le temps !


Les fleurs sont périssables
Les garçons sont fragiles
L’amour est trop instable
Les livres non lus ! .


La sauterelle verte
Qui ne croyait personne
Ne croit pas la grenouille
Qui vient la «  délivrer »


Vite! Il faut se débattre
Sinon elle m’avale ,
Dans ma misère verte
Je suis encore mieux! »