Tableaux de l'amour au goût de yaourt (suivis de) Autres poèmes

QUAND LA PRAIRIE EST FAUCHÉE

«  Quand la prairie est fauchée
Les pigeons viennent glaner
Moi je viens glaner aussi
Quelques mots par - là par - ci
Goûter au pommier sauvage
Tourner dans les églantiers
Sentir une rose à deux
Une rose de Damas
Nos narines se bousculent
Le baiser n’est jamais loin!
Que de voiles dans le ciel !
Sois sans cesse sur le pont !
Mais si toi t’y vois plutôt
Dés crinières , suspends - toi ! »

Deux chaussettes veuves

«  Deux chaussettes veuves
Se sont réunies
Pour faire une paire
À deux pieds frileux

Et les orteils bleus
Devenus radieux
Feront des claquettes :
Clap, Snap , Stamp, Brush, Pick!

Des siècles plus tard
Arrive la mode
De tout mélanger
Tout dépareiller

Mais il est des pieds
Qui meurent de froid
Et la mode va
Sans jamais les voir » …

JE N’AI QUE LES MOTS


J’aime. dégotter
Une métaphore,
Crever le plafond ,
Sans que les nuages
Se gorgent de vin !
Je n’ai que les mots
Pour bien m’amuser.

Les doigts écartés
De mes pieds ont l’air
Des feuilles de chêne ….
Suis - je un conifère
Car mes cils sont verts ?
Je n’ai que les mots
Pour bien m’amuser .


Je suis une fleur,
Fleur à cinq pétales :
Tète , bras, jambes .
C’est mon torse jaune
Au cœur de la fleur .
Je n’ai que les mots
Pour bien m’amuser ! » .

De miroir en miroir


«  De miroir en miroir
S’amplifie l’Art déco
Et d’écho en écho
Rebondit son histoire
J’erre de salle en salle
Dans un musée de fée
L’oeil- de - bœuf colossal
M’a d’un coup décoiffée ! ….

Deux gros nuages
Couleur inox
Jouent à la boxe
Et sans trucage
Et leur colère,
C'est le tonnerre !

Le coup de foudre
Rien à recoudre
Et dans l'éclair
Des bras, des jambes
Tout s'accélère
Fureur des ïambes !

QUAND ON EST CHAGRIN


«  Toutes les écoles
Font mémoriser
Aucune n’apprend
À vite oublier
Chantons à tue- tête
Notre gai refrain
Sans petite flûte
Et sans tambourin !


***
Un jour , une reine,
Où était - ce un roi?
Nomme son royaume fou l’Enfance !
Un jour, une reine
Ou était - ce moi ? »

…

IL MOUSINE


«  Il mousine, la pluie
Éteint des cigarettes
Mais elle arrive , allume
Mes passions indiscrètes.
C’est le temps des poètes
Et non le temps d’ennui !
Que je la déracine ,
Cette idée assassine!

Puisque le mot  «  mousine »
M’a ravie à ce point
Je lui fait faire un tour
En limousine noire .
La limousine rose,
C’est déjà de la prose.
La limousine blanche
Est trop forte des hanches ! .



Et comme des étoiles
Des mots , des sens scintillent :
Il fait beau ? ——il mousine
Jusque dans mes narines !
Il fait bon, il mousine
Jusque dans ma cuisine
Où toujours je mouline
Ma courge d’Halloween.


Le temps des limousines
Toujours au rendez- vous !
Paris des lunes brunes ,
Où as- tu disparu ? . »

MÈRE, MÈRE, MÈRE


«  Vite ! Échec au pion ! »
L’enfant joue , il joue
Mais il joue sans toi
Et te dit qu’il t’aime
Entre deux écrans
Entre deux consoles ….
Tu pleures pour lui
À larmes violettes
Et à larmes vertes
Pour le divertir .



Mère, mère, mère,
Pour lui , tu es comme
Le musée du Louvre
Pour Le Parisien ,
Pour ce papillon ,
Qui pense pouvoir
Y aller sans peine
Tous les jours ou presque
Mais qui n’y va pas
Ou très rarement …… »

Expressions de l'amour :
Une danse à deux temps
Danse des tarentules
Ou un slow des unaus .

On fait une omelette
L'omelette des notes ,
La musique gourmande
On crée un impromptu !

On prend un bain bleu
On prend un bain jaune
Un bain de poésie
On forme une peinture !

Expressions de l'amour ,
De la plus périssable
A la plus éternelle ,
Pour oublier soi-même !
P.34

Tu fais le dos rond
Je fais mon rondo
C'est toujours le même
Thème que je chante
Et mes jeux de mots
Ne sont que mes gammes
Quand toi tu fais miam . P. 20