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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
“Tout était tranquille,.....J'étais moi-même tranquille.”
Il est serbe, jeune, écrivain et porté sur la bouteille. Fin 90, dans une Yougoslavie morcelée et dévastée d'après guerre, vivotant de petits boulots à Belgrade, nullement intéressé par le travail, il remplie par hasard un formulaire de la fondation Rockefeller, pour un séjour à Côme. À la question sur ce qu'il envisage de faire là-bas, il répond, écrire un roman, un roman dont il n'en a aucune idée.
Invité officiellement, le voici à Bellagio, pour un mois, dans une villa somptueuse sur le lac de Côme, laissant derrière lui son pays dévasté et délivré de tout souci matériel, en compagnie d'une faune de boursiers, plus âgés, aux nationalités et centres d'intérêts divers et particuliers .....tranquille. On va y passer ces trente jours “au paradis”, avec lui.......tranquille.
C'est cette tranquillité, qui fait le sel de ce récit, agrémenté d'une prose descriptive et analytique sans fioritures. Si quelque chose le gêne, il l'évite sans trop faire de remous, si quelque chose lui plait, il en profite pleinement, paysages, promenades, alcool, compagnie ....quand à écrire, le dernier de ses soucis, “...c'était un plaisir encore plus grand de ne rien faire, de ne pas agir, de juste regarder les yeux ouverts, et d'écouter en veillant à ce que rien ne m'échappe.”

J'ai adoré cet éloge au farniente, imbibé d'alcool et d'humour, où les bars et les serveurs sont ses lieux et interlocuteurs de prédilection,
Un farniente foisonnant de réflexions, d'analyses imagée des multiples caractères rencontrés dans la villa et le village, de magnifiques descriptions de la nature, des paysages, du temps, et d'anecdotes émouvantes, le tout, simple, fin et subtile,
Un farniente dont l'irrésistible légèreté l'amalgame sans artifice, dans l'environnement faux semblant et son rôle d'imposteur dans ce “hors-monde”, hors du temps.

Un très beau livre, au charme italien, à l'humour serbe, à déguster en contemplant le magnifique lac de Côme ! Magnifique, je peux l'assurer 😊!


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Le narrateur est dipsomane, a l'haleine éthylique, s'envoie de la fine comme un nonchalant rebelle et désabusé. Mais ne comptez pas sur lui pour admettre le souci :
«Elle m'a demandé si j'étais sûr de ne pas avoir un problème avec l'alcool.
- Oui j'en suis sûr, je n'ai aucun problème avec l'alcool, pourquoi me le demandes-tu ?
- Parce que tu bois trop.
- Je ne vois pas où est le problème, lui ai-je dit.»
Serbe dilettante dans une Yougoslavie conquérante, il s'exile 30 jours (et autant de chapitres) à Bellagio près du lac de Côme, invité par le gain d'une bourse à produire un roman dans cette résidence d'artistes, de scientifiques, de chercheurs ou d'intellectuels venus des quatre coins du monde. De lignes écrites il n'y en aura pas vraiment, mieux vaut plutôt s'envoyer des verres et des contemplations méditatives. Il y aura aussi quelques affinités plus vives avec certains résidents au panel hétéroclite, même si sa nature addictive l'aimantera plus facilement vers les patrons de bars, les serveurs en tout genre de casse-pattes. On se refait pas, même avec une bourse Rockefeller. De beaux liens amicaux avec ses complices de bourre, flirtant parfois du côté de l'amour, les dessins échangés avec Alda en guise de communication au-delà de la langue fleurent le beau, le tendre, le bleu.
Un superbe roman, au confort magique de lecture, qui envoie direct sur un petit nuage rebelle et malicieux, tendre et miraculeux.
Trente jours, c'est court.

(merci Bookycooky de me l'avoir fait découvrir grâce à ta critique)
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Un jeune écrivain Serbe, qui vivote des quelques textes qu'il arrive à publier dans des journaux, dépose un soir de beuverie, poussé par un copain, et presque par hasard, un dossier à la fondation Rockfeller. A sa plus grande surprise, il est invité pendant un mois à vivre, aux frais de la fondation, à la villa Maranese de Bellagio, sur le lac de Côme, en Italie, pour y écrire son prochain roman (c'est ce qu'il avait écrit dans son dossier d'inscription). Mais c'est surtout pour lui l'occasion de découvrir autre chose qu'un pays socialiste qui se remet mal de la guerre, et de gouter à la Dolce vita !

Ce que j'ai aimé ce petit livre de Valjarevic !!! J'ai fait le plein de fraicheur et de naïveté, de bon sens, et de "retour aux sources".
Le livre est découpé en trente chapitres, un pour chaque jour passé à la villa, et le narrateur nous raconte, par le menu, le contenu de ses journées.
Le début est assez amusant : le narrateur découvre le paysage magnifique et sauvage de Bellagio, entre lac et forêt, le luxe de son studio, le vin et la gastronomie italiennes… et les autres habitants de la villa : chercheurs, écrivains, poètes, musiciens… toute une élite internationale. Et notre narrateur, petit écrivaillon d'un petit pays bien loin de la douceur de vivre italienne, se sent comme un imposteur face à tout ce luxe et toutes ces sommités. Mais un imposteur bien décidé à profiter de ce qu'on lui offre. Il se lève donc à des heures improbables, au grand dam de la femme de ménage, profite de tous les repas, passe ses soirées à s'enivrer, se couche à pas d'heure, en compagnie de son petit transistor, puis recommence. Et surtout, il évite tous ces grands intellectuels ou artistes venus des cinq continents "Etre idiot et immature, c'était une position idéale pour moi, on n'embête pas les gens qui sont ainsi faits."
Et puis, au fur et à mesure, ce jeune homme s'apaise et se reconstruit. Il va commencer à s'ouvrir aux autres, les serveurs de la villa pour commencer, mais aussi un vieux biologiste renommé venu à la villa avec sa femme, la serveuse d'un bar de la ville, qu'il fréquente quand il fait "le mur", avec il ne communique que par dessin, le gérant d'un autre bar, fervent supporter de la "juv",! Et puis, sans en avoir l'air, il va commencer à construire des ponts avec et entre les autres, les gens d'en haut (de la villa Maranese) et ceux d'en bas (de la ville) par exemple, ou entre un vieil homme et son rêve (un passage magnifique).
Parenthèse enchantée, petit leçon de vie pleine de douceur qu'on lit le sourire aux lèvres, j'aurais aimé que ces trente jours sur le lac de Côme durent plus longtemps et que soit épargné à ce narrateur ma foi très sympathique le retour à la réalité de son pays. Mais bon, rien ne m'empêche, à mon tour, d'aller me perdre et me trouver aux alentours du lac de Côme ! "Comment ressentir chaque jour la joie de vivre ? Ne pas se cacher, ne pas avoir trop d'assurance, être modeste, ne prendre que de petites décisions, marcher beaucoup, rire à ses propres dépens."

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Ce serait comme un jour de plein soleil, une sieste à l'ombre de grands arbres, une verre de bon vin à proximité. La lecture de Côme de Srdjan Valjarevic est un délice paresseux, l'euphorie qui s'en dégage est légère et prégnante, comme un parfum dont les effluves persistent. Tout commence par une aubaine miraculeuse pour ce modeste auteur serbe (nous sommes quelques années après la dislocation de la Yougoslavie), invité par la Fondation Rockfeller à séjourner pendant un mois dans une résidence somptueuse sur les rives du lac de Côme. Notre héros, qui se sent un temps dans la peau d'un imposteur, va peu à peu prendre ses marques, dans un climat émollient, et vivre sa vie sans se soucier un seul instant de travailler au roman qu'il est censé écrire, durant sa villégiature. Et Valjarevic de nous conter par le menu les rituels de notre homme ainsi que ses états d'âme, vagues et fluctuants. Il boit, beaucoup, se promène, souvent, et pense, pas mal. Sous la plume de l'auteur, qui manie l'ironie et l'humour "à serbe" comme personne, les jours se suivent et se ressemblent, du moins en apparence. Ce sont les rencontres qui font petit à petit évoluer et s'ouvrir le personnage, en particulier la présence protectrice des serveurs de la résidence, avec lesquels il noue une complicité amusée, et un cafetier et une autre serveuse (Anna), dans la petite ville de Bellagio, où "il fait le mur" pratiquement tous les soirs, et s'enivre plus que de raison. Cela nous vaut quelques passages divins, dans la chaleur d'une connivence de circonstances ou d'une amitié amoureuse avec Anna, bien qu'il ne parle pas l'italien et qu'elle ait du mal à comprendre l'anglais. La communication, ou plutôt la communion, passe par le dessin et l'alcool qui coule comme une source intarissable. Il y a beaucoup de moments précieux dans ce roman, des bonheurs provisoires qui enrichissent l'âme, comme l'escalade répétée d'une colline qui surplombe le lac à l'unisson d'une nature bienveillante et accueillante (ah, cette scène avec un aigle planant dans l'azur). Ce livre est une source de félicité, une parenthèse enchantée pour le héros du roman, avant de retrouver les affres de Belgrade et son existence étriquée, comme pour le lecteur, conquis et comblé, en harmonie avec des paysages qu'il peut jurer avoir vu de ses propres yeux à travers l'écriture souple et joliment moqueuse de Srdjan Valjarevic.
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Côme,le superbe roman de Srdjan Valjarevic,tout en non dits, qui évoque le mois passé à ne rien faire (aux frais d'une bourse Rockfeller), dans la villa Maranèse au pied du lac de Côme, par un jeune auteur serbe(qui boit plus que de raison) venu de "ce pays en piteux état" où "il faisait mal vivre" obtiendra-t-il le prix des lecteurs du Var 2011 décerné lors de la fête du livre du Var à Toulon les 18,19 et 20 novembre prochains?
A suivre:la compétition est rude face à Cristina Comencini(Quand la nuit) et Juan Manuel Florensa(Les mille et un jours des Cuevas).
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Moment de grâce, oui c'est ainsi que je qualifierais la lecture de cette chronique qui nous mène dans une villa près de Côme où séjournent pendant un mois des pensionnaires d'élite invités par la Fondation Rockefeller. Parmi eux un écrivain incertain, serbe, sans grande estime de lui-même, venant d'un pays en pleine tourmente - l'action se déroule en fait en 1998 – arrivé là un peu par hasard.
Pas de plan de carrière, pas de projet, pas de volonté forte, il vient plutôt à reculons et ressent rapidement le décalage avec son nouvel environnement. Personnage positif, arrangeant et passablement opportuniste il va vite comprendre la merveilleuse aubaine que constitue cette pause : repas délicieux, promenades quotidiennes dans une nature superbe, sorties nocturnes au village proche, contacts sympathiques avec les locaux dans les cafés, puis avec le personnel et les résidents en fuyant autant que faire se peut les fâcheux. Ah oui j'oubliais l'essentiel, son fidèle compagnon refuge de chaque instant : l'alcool dont il use et abuse sans retenue de la première à la dernière page. On est vite familier et proche de lui. On aimerait lui dire d'arrêter, on attend qu'il ralentisse sa consommation mais en vain. Sans état d'âme il va passer ce mois de villégiature sans effectuer le moindre travail d'écriture pourtant attendu de lui. On est presque gêné pour lui.
Il veut juste profiter de la vie au jour le jour et c'est une belle leçon de bonheur qu'il nous donne. Avec lucidité, fatalisme, mais aussi tendre ironie il décrit cette période très particulière. Par son comportement plutôt bon enfant il fait souvent rayonner autour de lui la bienveillance, la complicité et l'empathie. Ce sera aussi progressivement un retour à la vie.
Une belle rencontre. L'écriture du roman est à l'image du personnage, modeste, simple et attachante. A son départ de Côme les amis rencontrés lui proposeront l'exil car tous savent que la vie dans son pays sera rude. Mas il ne saisit pas les occasions en or qu'on lui tend. Il dira simplement en parlant de son retour « Ca m'est égal » mais il sait désormais qu'il sera obligé d'avancer et d'arrêter les excès d'alcool.
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Il est une éponge imbibée d'alcool.Il est un jeune auteur serbe, vivotant de petits boulots, venu de ce "pays en piteux état" où "il faisait mal vivre" qui va se la couler douce durant un mois, Villa Maranèse au pied du lac de Côme et aux frais d'une bourse Rockfeller.
Il est celui qui "se sent loin de tout", loin des "conneries de Belgrade",qui détonne "à boire,à fumer,sans cravate et sans veste" dans cet endroit chic bourré de gens snobs et intellectuels, qui "veut rester idiot et immature pour ne pas être embêté", qui grimpe au sommet de la colline Tragédia chaque jour pour se ressourcer au sein des bois, qui fait des efforts pour s'adapter "tiré à quatre épingles" mais qui s'ennuie dans ce monde qui n'est pas le sien,qui dort tout son saoul pour récupérer, qui s'intègre à tous les milieux et communique par dessins interposés avec Alda la serveuse,qui invite ses nouveaux amis italiens cafetiersfans de la Juventus(Augusto,Luigi et Alda et sa maman aussi) dont il ne connait même pas les noms de famille, qui fait rire Brenda,l'américaine, jolie rousse aux yeux verts.
Il est celui qu'on veut sauver des eaux vineuses malgré lui,malgré tout, que l'on veut adopter.
Il est celui qui nous émeut de se saouler ainsi, à tout va, sans jamais émettre la moindre plainte ni évoquer son pays, et de s'émouvoir lui même de quelques notes de piano, le son des cloches d'antan qu'il avait occulté.
Il sera sans doute celui qui,de retour sera capable d'écrire un livre aussi fort que Côme car le talent de l'auteur Srdjan Valjararevic(auteur né à Belgrade en 1967 qui a déjà publié deux romans et des poésies) est de nous rendre réel son personnage principal.
Je suis encore sous le charme! Bravo!
Côme a déjà été salué par plusieurs prix en Serbie et a été traduit dans plusieurs langues.
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Scoop: Côme de Srdjan Valjarevic, éditions Actes Sud, recevra le Prix des Lecteurs du Var 2011 qui se tiendra à Toulon les 18,19 et 20 novembre prochains. L'auteur sera présent pour recevoir son prix et j'espère que nous pourrons l'interviewer sur le stand RCF Méditerranée!
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