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EAN : 9782226215161
578 pages
Albin Michel (01/01/2011)
3.43/5   7 notes
Résumé :
Régis, 16 ans, passe ses vacances à Barcelone. Son grand-père Antonio, un anarchiste d’origine andalouse exilé en France en 1939, s’est installé en Catalogne après la mort de sa femme. Personne ne sait pourquoi. Régis découvre la ville et une jeune fille, ainsi que l’épopée anarchiste et la guerre civile qu’a vécues Antonio…
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une fresque passionnante, truculante, traversée par des personnages inoubliables, hauts en couleur ; et tragique, apocalyptique, violente.

Régis décide d'aller rejoindre pour les vacances d'été, son grand-père Antonio qui vit désormais à Barcelone où il s'est retiré, pour finir ses jours, après la mort de sa femme Ana. Il prétexte, pour justifier ce voyage auquel ne tiennent pas trop ses parents, son désir de perfectionner son castillan, ce qui est assez drôle puisqu'il se rend en Catalogne. le grand-père, «Abuelo», est un vieil anarchiste grincheux, têtu, resté fidèle, durant toutes ses années d'exil, à son idéal.

Dans la ville de Barcelone, foisonnante de vie, où sont toujours prêtes à resurgir les vieilles haines, les rancoeurs enfouies qui datent de la guerre civile espagnole et des années franquistes, Régis que des visions de cauchemar viennent visiter, veut savoir, demande à son grand père de lui raconter ce que lui et toute leur famille «les Cuevas» ont traversé. Il cherche à comprendre aussi pourquoi «Abuelo» s'est retiré à Barcelone alors qu'il était originaire ainsi que la grand-mère, de Camas en Andalousie.... Malgré sa réticence à revivre ce passé douloureux Abuelo va finir par parler à son petit fils.... A 13 ans, Il a été entraîné dans les horreurs de la guerre....dans le camp des plus démunis.

«Qui supposait qu'une guerre allait être enclenchée et qu'elle durerait mille et un jours ?»
Mais quel est ce coin d'ombre devant lequel il recule ?
Si Abuelo est le passé que Régis a besoin de connaître Nieves est ,elle, le présent, un présent plein de charme.
«Voir les dents de Nieves, si blanches, si bien alignées, c'est regarder quelque chose de parfait. La perfection a quelque chose de fascinant qui conduit au seuil de la beauté pure.»

Nieves, fille de la voisine de palier de Abuelo, va accompagner Régis dans le dédale des rues de Barcelone, le familiariser avec les anciens habitants d'une ville de plus en plus défigurée par les promoteurs immobiliers qui lui enlèvent progressivement tout son caractère et font que le petit peuple est éjecté et remplacé par des étrangers snobinards et pleins de fric. L'amour, qui progressivement naît entre eux deux, va permettre à Régis de supporter les visions violentes qui le hantent. Nieves tout le long du récit, le relie à la vie, tente de faire s'enfuir les fantômes qui le tourmentent, le calme, le rassure. Et pourtant elle et sa famille ont souffert autant que les Cuevas et en souffre encore, en la personne du frère qui se drogue, ne supportant pas le statu quo de la politique espagnole actuelle, les non-dits qui empoisonnent et gangrènent.
Il y a un petit côté fantastique qui ne m'a pas gênée car il s'accorde à cette ville et à son étrangeté, à cette période folle de l'histoire espagnole.
Cette confrontation entre passé et présent, dans la personne de Régis et de Nieves , donne un relief et un intérêt supplémentaires à ce roman qui sans cela aurait été trop linéaire.
On est happé par cette épopée douloureuse, d'une grande force de vie. La langue est très imagée, poétique, familière aussi, parfois crue mais pas vulgaire. Elle correspond à la passion avec laquelle l'auteur nous raconte ce qui lui tient à coeur car Régis et lui, s'ils ne se confondent pas, doivent être très proches. 
Ce roman nous fait vivre cette période de l'histoire de l'Espagne et de la France dont le rôle n'est pas reluisant, en la rendant proche grâce à l'empathie que l'on ressent pour les personnages. Une période annonciatrice de tous les bouleversements et les souffrances qu'a ensuite supporté l'Europe entière.
Malheureusement le jeu de massacres ne s'est pas interrompu depuis.
«Tu sais, Abuelo, tu peux raconter. Après les massacres de Bosnie, du Kosovo, du Rwanda, d'Irak et d'ailleurs...., Tu peux y aller.»
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Régis, brillant bachelier de 16 ans, cheveux roux et regard d'améthyste, "voit des fantômes".
Tu tiens ton don de ma mère, "celle que les duendes visitaient" lui confie son grand-père Antonio, alors qu'il passe ses vacances chez lui à Barcelone.
Abuelo Antonio est un "anar",un sacré bonhomme pacifiste, antistaliniste,antimilitariste,anticolonialiste. Il a vécu le 18 juillet 1939 et les mille suivants: (d'où le titre) qui ont changé le cours de l'histoire d'Espagne, s'est "découvert rebelle à la patrie" face à Franco "le Très Puant Divinisé" car "tout ce qui avait une odeur de rouge a été fusillé" puis a été piégé par la deuxième guerre mondiale dans un camp de concentration français.
Mort, violence, obsessions, injustices et horreurs hantent sa mémoire d'antifasciste et ce sont ses souvenirs douloureux que va revivre Régis sous forme d'hallucinations.
Nous voilà jetés en pâture aux tortionnaires au risque d'être fusillés et "d'en pisser à la culotte" comme le jeune Antonio.
Heureusement, Nieves, la blonde voisine aux yeux clairs, petite amie espagnole de Régis et sa douceur toute angélique sont là pour mettre du baume au coeur du lecteur "Frances" angoissé.
Un livre fort pour amateurs d'histoire, d'action et de sensations fortes car en plus du passé, surgissent parfois, au détour d'une page, le présent et la violence de ses manifestations!
Les mille et un jours des Cuevas a été sélectionné avec Come de Srdjan Valjarevic et Quand la nuit de Cristina Comencini pour participer au Prix des Lecteurs Varois 2012 dont la remise aura lieu les 18, 19 et 20 novembre prochains lors de la fête du livre du Var à Toulon.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Et la petite bossue. Il y avait une fillette toute pâle, mignonne comme un coeur, onze ans pas plus. Elle était bossue. Son beau profil et sa bosse se découpaient en silhouette sur le fond de flammes. Il s'est approché d'elle, tout souriant. Elle l'a regardé avec de grands yeux de ténèbres où scintillaient les éclats de l'incendie. Tout en silence, elle a pointé son index sur le pavé. Elle indiquait des plaques de sang caillé. Il a compris. Comme il n'avait aucun mot pour répondre à son regard, il lui a tourné le dos. Il s'en veut encore. On n'est pas toujours à la hauteur des situations.
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Une douce tiédeur monte de l'asphalte. Une paix berce les fenêtres éclairées. Régis goûte la douceur de la nuit. Au bas de la rue commencent à s'agiter les fêtards. Les putes pointent leur nez et les premiers ivrognes trébuchent sur le trottoir.
--- Tu ne sais pas ce qu'il y a derrière ces fenêtres, quels secrets, quelles souffrances, quel désir de vengeance, quel besoin de justice. La guerre n'est pas finie. Chaque fenêtre est un oeil qui épie.
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Abuelo a raconté, mais le déferlement des mots n'a pas apaisé le petit fils ; il sent que dans l'agrégat des paroles reste un bloc muet, un bloc de vacance aussi vaste et incernable que l'infini. Au pied de chaque mot gît l'abîme du silence... et lentement chaque mot glisse vers l'omertà. Les hommes gardent leur puérilité : ils occultent leur saloperie, la travestissent. Et leurs profondes douleurs. Des décennies sont nécessaires pour arracher les déguisements et sortir la vérité du puits. Quand elle brandit son miroir pour que les hommes se reconnaissent, gênés, ils détournent le regard.
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La terrasse n'est pas grande mais elle suffit à étendre le linge de l'immeuble ; quand il ne fait pas trop chaud, les enfants parfois y vont jouer. De là, il domine une enfilade de toits. Barcelone l'impudique étale sa démesure baroque. Barcelone la licencieuse additionne à la dissolution de Babylone la splendeur de Paris. Les lumières scintillantes et clignotantes orchestrent la vie nocturne et lui renvoient une colossale beauté.
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Quand se présente une possibilité d'améliorer le monde, il n'y a pas à hésiter. On se dit que mourir importe peu pourvu qu'on ait vécu selon ses rêves.... Fût-ce quelques heures... Et il ne faut pas être anar pour ça. C'est la colonne vertébrale qui m'a maintenu debout.
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