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3,53

sur 239 notes
J'ai un sentiment curieux et inhabituel en refermant ce livre... A la fois l'impression d'avoir détesté le style, et l'impossibilité de le lâcher, ou même simplement de le fermer. Ne pas connaître la fin, et le plus vite possible, était pour moi comme une chose inimaginable, inconcevable. Pourtant ce style décousu, parfois haché menu, a plutôt pour effet de me faire fuir et reléguer l'objet du délit au plus profond de ma bibliothèque... L'incompréhension reste entière quelques jour après avoir terminé l'ouvrage. Quoi dire ? Je ne sais pas quoi en penser et pourtant j'y pense encore... Bouleversée ? Peut-être pas... Touchée... très certainement, et pas qu'un peu... Conseiller ce livre ? Je n'ai pas encore de réponse à cette question.
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La lecture de ce roman m'a fait sortir les yeux de la tête. Je sais que l'on n'écrit plus au XXIème siècle comme écrivait Hugo. Je sais aussi que ce livre à reçu le prix du livre Inter et qu'il s'est vendu comme des petits pains, ce qui signifie que des milliers de personnes l'ont adoré. Mais il n'est pas encore venu, le jour où je jugerai une de mes lectures en fonction des prix reçus, des chiffres de ventes ou des aptitudes de l'auteur à réinventer la langue française. Excusez la coquille, j'ai écrit "réinventer" à la place de "massacrer".
Les éléments qui m'ont marqué, dans ce roman, sont :
- de longues phrases, hachées par des virgules : étouffant !
- Des dialogues pas introduits : on ne sait pas quand on passe de la narration au dialogue. de ce fait, tous les échanges entre les personnages semblent plats, sans sentiment, sans consistance, sans vie. Et l'auteur, en écrivant ainsi, paraît même se désintéresser lui-même de ce qu'il écrit. On dirait qu'il raconte une histoire qui n'est pas la sienne, des ragots qui ne le concernent pas.
Pourtant, les verbes "dire", "hurler", "murmurer", "bafouiller", etc, servent normalement à faire vivre un dialogue, à donner de la couleur à un texte qui n'est, somme toute, qu'une suite de tâches d'encre noire sur une feuille blanche. Et les guillemets, les points d'exclamation, ce n'est pas fait pour les chiens, tout de même ! Ou est-ce parce qu'il y a trop de chiens dans ce roman que toute cette ponctuation a été déchiquetée, dévorée ?
Mais c'est inadmissible ! Quand je me fâche, je postillonne des points d'exclamation partout ! Alors où sont passés ceux de François Vallejo ? Ses personnages n'en voulaient-ils pas ? Ne se fâchent-ils pas réellement, alors ? Font-ils juste semblant ? Vivent-ils, eux aussi, une histoire qui n'est pas la leur ?
Certes, le thème, l'intrigue, les situations, les décors, la confrontation entre les êtres, tout ça c'est très bien, on ne peut pas le nier, mais c'est aussi très bien desservi par le choix de cette forme sans relief. Les personnages (théoriquement) tourmentés, vicieux, violents, affolés, déterminés ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes, des silhouettes en carton que l'on promène devant la fenêtre du château de la famille de l'Aubépine. Et ainsi toutes les bonnes intentions de l'auteur tombent par terre, du simple fait de cette volonté de violenter la langue française.
N'avait-il pas d'autre moyen de se faire remarquer, monsieur Vallejo que s'imposer cet a priori esthétique et destructeur ? Car associer le plus clair des diamants au plus bel anneau d'or ne fera jamais un bijou s'il n'y a pas de griffes pour les unir. de bonnes idées posées sur une belle histoire ne tiendront pas ensemble s'il manque les griffes de la ponctuation ainsi que les autres éléments rythmiques décrits plus haut pour sertir le joyau sur la bague.
Finalement, ce texte ressemble trop à un script cinématographique. Comme s'il n'avait pas été écrit pour être lu mais juste pour faire passer des idées à ceux qui en feront un chef d'oeuvre.
Quelques extraits pour servir d'exemple :
Page 61
Et voilà qu'un homme vient, tout gris, tout noir, un chapeau comme ça, une redingote comme en hiver, au milieu du mois d'août, une journée entière enfermé avec M. de L'Aubépine dans la bibliothèque.
Page 62
Le notaire n'a pas eu le temps de tourner le coin, Lambert n'a pas lâché Rajah qu'il est convoqué au salon. M. de L'Aubépine est dans un état, un état, à faire des pas, à se buter, guéridons, coin de cheminée, à s'exciter, il ne parle pas clair, des bouts d'immeuble parisien, et je bifurque, des rentes, je ne devrais pas vous en dire autant, un reliquat de sa défunte femme, où en étais-je ? Lambert finit par démêler le principal : le maître réalise ses biens, il veut en tirer du bel argent qui coule, et le petit homme tout gris, tout noir, en a apporté une avance, et un bout de l'avance est pour les Lambert.
Page 73
C'est une bien bonne femme qu'Eugénie, pas la peine d'aller lui mettre de mauvaises idées en tête. Lambert, Lambert, c'est une voix qui vient de loin, de l'étage : M. de L'Aubépine a entendu Lambert crier Eugénie, alors il appelle Lambert.
(L'exemple de la page 73 est à mon sens le plus parlant pour "exemplifier" la platitude qui ressort du manque de ponctuation).
Dernière petite remarque : l'introduction (qui n'est en fait que la révélation de la source d'inspiration de Vallejo pour son roman) n'a rien a faire là. Il dit, dans une interview, qu'il a supprimé la visite à Victor Hugo pour éviter de sortir de l'enfermement de l'Ouest, pour ne pas rompre la tension. C'était à coup sûr une très bonne idée, puisque la tension se vit effectivement très clairement quand on lit la partie sur la séquestration. Supprimer ne lui fait donc par peur. Alors pourquoi ne l'a-t-il pas fait pour les deux pages de l'intro qui rompent encore plus franchement avec "L'Ouest", puisqu'elles nous parlent de Bagdad en 2003 ? C'était ça ou les guillemets ? Pas sûr qu'il ait fait le bon choix.
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Un roman flamboyant servi par un style narratif puissant. le narrateur qui ouvre le récit s'efface pour laisser la place aux différents personnages qui deviennent tour à tour narrateurs, décrivant leurs propres pensées et dialogues intérieurs. François Vallejo a pris le parti d'utiliser une langue surannée semblable à la langue de l'époque. le tout ne manque pas d'humour, frisant parfois le cocasse. L'auteur distille un suspens subtil bien servi par le cadre du roman : la période sombre de la Révolution Française, les paysages sauvages, les bois et les marais entourant ce château isolé, les manies et la perversion du baron. C'est dans ce décor que vont s'affronter ces deux hommes dans une terrible lutte meurtrière. Cette accumulation de noirceur laisse un sentiment de malaise au fil des pages, renforçant cependant l'intérêt du livre.
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J'ai beaucoup apprécié l'histoire invraisemblable de ce personnage hors du temps qui attend de rencontrer Victor Hugo. le garde-chasse est aussi une figure!!!! Pour moi cela reste un excellent souvenir de lecture.
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Ce huis clos situé au XIX ème siècle entre le garde forestier Lambert et son maitre le fils L'Aupépine nous amuse d'abord puis peu à peu l'intrigue devient opaque, oppressante , mystérieuse. L'angoisse est là, latente et les terribles moeurs présumés du maitre sont au coeur du questionnement de Lambert. Et l'on sent poindre un affrontement final qui ramènera les protagonistes à leur propre démon. Valléjo ce sert d'une manière formidable des lieux, de cette nature pluvieuse, boueuse ou les brouillards matinaux et la densité de la forêt épaississent un peu plus le récit. D'une écriture fiévreuse, sans artifice, toujours juste et dense, Vallejo réussit un roman brillant et obsédant.
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Il y a de vieilles photos de familles qui intriguent...comme celle-ci, représentant un homme armé avec son chien.
Nous sommes au XIXème siècle et cet homme, c'est Lambert, le garde-chasse du domaine des Perrières.
Ses chiens, ses bois, sa famille, le respect qu'il voue à ses maîtres, c'est toute sa vie à Lambert.
Mais quand le fils de feu M. le Baron reprend les rênes du château, pour Lambert, plus rien ne va.
Entre son nouveau maître et lui , la tension monte...inexorablement.

Dans ce huis-clos remarquable prenant pour cadre les terres marécageuses de la Vendée du XIXème siècle, François Vallejo réussit parfaitement à créer un climat de tension perpétuel où perce l'inquiétude trouble de l'incompréhension sociale.
Avec son style âpre et singulier, où narration et oralité se mêlent et s'entremêlent, s'imbriquent étroitement, cette confrontation intense et fiévreuse entre deux mondes, entre deux consciences, entre morale paysanne et aristocratie dégénérée, est tout bonnement Magnifique.
Prix Inter 2007.
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Je me souviens que, lors de la parution de Ouest, mes petits camarades libraires était devenus fous de ce roman. Les couloirs de l'école bruissaient de rumeurs sur une possible rencontre avec Vallejo, la couverture du roman était de toutes les vitrines, on ne parlait plus que ça. Moi, comme d'hab, je m'en suis tenue éloignée. de toutes façons pour la rentrée j'avais choisi de parler du dernier Shan Sa, il était nul et j'en étais tellement furieuse que les autres romans avaient du mal à percer ma carapace. Il y a quelques mois, errant dans une boutique de livres d'occasion, je suis tombée sur ce grand bouquin chez Viviane Hamy qui semblait me tendre les bras. La quatrième de couverture m'a fait penser au début du Capitaine Fracasse, à certains romans du bocage De Maupassant, bref, je partais plutôt positive. Et là, le drame. J'ai essayé, pourtant, j'ai lu jusqu'au bout, espérant un petit frisson, un évènement, quelque chose qui me sorte de l'ennui insupportable qui s'appesantit sur ce roman comme une chape de plomb. Raté. C'est long, c'est lent, aucun épisode n'a su trouver grâce à mes yeux. le noble pas noble ne m'a fait strictement aucun effet, le garde-chasse avec un balai dans le derrière m'a agacée, la mère nunuche était nunuche, la fille était intéressante mais transparente… Décidément, Ouest, c'était pas pour moi !
Lien : http://www.readingintherain...
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Une photo de famille et une photo dans un journal. Tout cela remonte à des années. Sur la première photo, il y a Lambert, le garde-chasse du baron l'Aubépine. Ce baron, farouche royaliste, éloigne de lui son fils, un drôle de coco aux idées révolutionnaires. À la mort du patriarche, le fils revient sur les terres familiales, dans l'Ouest de la France. « Les terres de l'Ouest, il ne fallait pas trop leur demander, même soixante ans après la Révolution, elles auraient préféré que les jeunes maîtres soient la réplique des anciens. » (p. 16) Dans les environs, tout le monde s'étonne du comportement du jeune l'Aubépine. Qui sont ces femmes qui se succèdent au château et qui repartent terrorisées ? Qu'arrive-t-il à la jeune et jolie Berthe François ? Enragé de révolution et dégoûté de Louis-Napoléon, le baron s'absente longtemps de ses terres pour de mystérieux séjours à Paris. On le suppose activiste, et comploteur. « L'Empire français pèse sur lui comme un malheur personnel. » (p. 91) Pour l'Aubépine, la victoire serait de rencontrer Victor Hugo en exil.

Sur le domaine, gardien hiératique, Lambert est fier à en pavoiser de sa meute de chiens. À la tête de celle-ci, Rajah, superbe bête, colosse animal, à la fois danger et défense. Lambert est à l'image de ses chiens : « Il y a de la chiennerie en vous, brute, et ça ne me déplaît pas. » (p. 22) Mais le garde-chasse ne sait que faire des amabilités du maître, ne sait comment s'accommoder de cette attitude prolétaire. Entre eux s'installe une complicité malsaine, macabre et coupable. Mais au fil du texte, le rapport de force s'inverse et le plus fort passe sous la coupe du plus faible. Eugénie, la femme de Lambert, et leur fille Magdeleine sont de piètres garde-fous dans la danse étrange que mènent le serviteur et le maître.

Étrange lecture. le ton, la langue, la narration, tout entraîne le lecteur hors des sentiers battus. le dialogue n'est jamais vraiment un échange et le récit est toujours soumis au doute. Je ne saurais dire si j'ai aimé ce livre. le fait est que je l'ai lu sans tenter de le comprendre, sans vouloir percer son mystère. Il ne m'en restera probablement que peu de souvenirs et une grande frustration, comme si je restais sur le seuil d'un grand texte. Mais, étrangement, je me suis refusée à fournir l'effort nécessaire pour embrasser ce texte. Voilà finalement une expérience de lecture peu commune, gênante, où la culpabilité et le soulagement se mêlent dans une image plutôt terne.

Du même auteur, j'avais passionnément aimé Les soeurs Brelan.
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Un livre superbe ! le style ; le contexte historique et l'intrigue. Ce roman donne envie de découvrir les autres romans de cet auteur
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Pas grand interêt, en fait ce n'est pas tant ce qu'on raconte qui fait un bon roman mais comment on le raconte !!!
Lien : http://www.3bouquins.com
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