Prendre un chien pour héros d'un roman, ce n'est pas si fréquent et pourtant, Didier van Cauwelaert l'a superbement réussi avec
Jules, un labrador dressé spécialement pour guider les aveugles, ce qui va influencer grandement la vie d'Alice et de Zibal.
Tout commence avec une rencontre entre un vendeur de macarons (Zibal) à Orly ouest et Alice Gallien, jeune femme sexy et aveugle accompagnée de son chien,
Jules. Surpris par cette voix de gamine précoce dans un corps de trente ans, Zibal flashe sur ses seins… mais il faut faire connaissance avec lui car son destin n'est pas ordinaire.
Né en Syrie de parents inconnus, adopté par des Français car trouvé au fond d'une poubelle de l'ambassade de France, Zibal, de l'arabe Zibala (poubelle) est adopté par l'épouse de l'attaché culturel. Quelques années plus tard, celle-ci a obtenu le Prix Femina avec « Zibal, l'enfant de la poubelle ». Celui qui s'appelle maintenant Zibal de Frèges avait 13 ans.
Tout s'accélère subitement avec une scène déterminante pour la suite. En effet, Alice qui officie sur RTL pour donner l'heure, annoncer les spectacles… devait prendre l'avion pour Nice où elle doit subir une kératoprothèse, la pose d'un implant dans la cornée afin de tenter de lui faire retrouver la vue. Voilà qu'on oblige
Jules à voyager dans la soute au lieu de le laisser avec Alice. Zibal, n'écoutant que son coeur, s'interpose et réussit à faire appliquer la loi.
Jules le remercie à grands coups de langue…
Ainsi lancée, l'histoire va de rebondissements en événements imprévus. Alice voit maintenant et répond à Fred : « Oui, Fred, je m'étais trouvée belle. Pardon. Je m'étais trouvée sexy, rayonnante, sympathique. Si différente de l'ado impatiente que tout le monde énervait. La tête à claques trop mûre qui s'enlaidissait par fierté, de peur qu'on la confonde avec les pouffes de sa classe. Les yeux dans les yeux, malgré les taches tournantes et les problèmes de mise au point, je me suis plu dès le premier miroir. À défaut de me reconnaître, je me découvrais. »
Jules n'est donc plus utile et le vit mal : « Il se sent inutile, humilié, rejeté : il fait la gueule, il provoque. » Un vétérinaire précise : « Les chiens qui perdent leur aveugle sont plus malheureux que la femelle à qui l'on retire son chiot. »
Ce livre a déjà le mérite d'attirer notre attention sur un problème sérieux car la formation d'un chien pour guider un aveugle coûte 20 000 € et il y a en France, 1 500 chiens pour 62 000 aveugles.
Les événements s'enchaînent alternant situations cocasses et instants émouvants sans que l'auteur délaisse les souvenirs douloureux pour Alice. Heureusement,
Jules est extraordinaire et Zibal plein de ressources sans oublier Fred dont la présence est déterminante.
Jules est un livre qui étonne, intéresse, fait passer de très bons moments grâce au talent de Didier van Cauwelaert qui ne déçoit jamais ses lecteurs.
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