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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'arrivée d'un étranger sur l'île de B. ne peut passer inaperçue et ils seront plusieurs étrangers à se croiser au cours des 24 heures que va y passer Henri.

A partir du moment où il met le pied sur l'île, Henri est remarqué par tous ceux qu'ils croisent, un cuisinier, la grand-mère d'une petite-fille en rouge, ... jusqu'à ce qu'il arrive à la porte de la maison occupée par Youna Talhouet. Trois années qu'il n'a pas vu Youna qui a hérité de la maison de sa grand tante et a repris son activité d'herboriste. Elle s'est aussi mise à écrire, a pris d'elle-même la décision de rester sur l'île, a su gagner sa liberté. Elle ne souhaite pas renouer le lien qui l'unissait à Henri. Elle le lui dit tout en ajoutant qu'elle n'a pas renoncer à lui :
" -- Je n'ai pas renoncé à toi, Henri. J'ai juste répondu à un appel, ou à un instinct, celui d'une liberté. Et depuis, j'ai construit bien des choses ici."
Elle refuse qu'il passe la nuit chez elle car elle risquerait de perdre ce qu'elle a eu tant de mal à conquérir : "J'ai trop lutté pour exister ici, pour exercer ma liberté, ma solitude sans être rejetée, pour être respectée dans mes choix... Je ne peux tout perdre en l'espace d'une nuit." Une nuit, ce pourrait être une vie, fut la seule pensée, fugace, qui vint à l'esprit d'Henri. p 74

Commence alors pour Henri une nuit d'errance qui va être traversée de rencontres inattendues et habitée par des songes, une nuit de douceur et d'angoisse dont l'objet reste diffus.

Un texte fait de fondus enchaînés, de moments de vies qui se croisent, fugaces, sur ce territoire restreint empreint de mystère où adviennent des rencontres pleines d'étrangeté et d'imprévus, des rémanences qui désarçonnent Henri et nourrissent un fond d'inquiétude latente.
Chaque événement, même petit, trouve son prolongement dans un autre qui survient sans qu'au début on puisse les relier. Ils font naître des vibrations multiples qui semblent se réunir à la fin.

La délicatesse de l'écriture, effleurent les choses, les caresse tout en exhumant des violences et des blessures sous-jacentes. Un drame rôde dont le lecteur pas plus que ceux qui participent du récit ne savent ce qu'il est. L'île n'est pas un monde totalement clos, à l'abri.
Le drame ne se concrétisera qu'à la toute fin. Il sera l'aboutissement de cette espèce d'attente d'un évènement qui ressemble au réveil du dragon qu'une légende dit endormi au creux de l'île, qu'une petite vieille aveugle et solitaire a senti proche.

Merci aux éditions Buchet Chastel et à Babelio qui, en me proposant la lecture de ce livre m'ont permis de découvrir Sophie van der Linden, une découverte que je pense poursuivre...
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A travers le voyage d'un homme venu retrouver la femme qu'il aime et qui ne répond plus à ses lettres, Sophie van der Linden nous invite à la découverte d'une île et la beauté de ses paysages.
Par petites touches, comme un peintre avec ses couleurs, Sophie van der Linden pose ses mots avec délicatesse et nous enveloppe dans un monde raffiné ou tout est suggéré plutôt qu'implicitement exposé. Les rencontres se succèdent faisant de chaque instant un moment de découverte et de partage.
Ce court roman nous immerge dans une journée où tout se joue, l'amour et ses attentes, les rencontres impromptues, les émotions retenues. Il y a peu d'action, il est vrai et c'est peut-être pour cela que j'ai trouvé ce texte tellement beau.
Un roman doux et lumineux comme je les aime.
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Henri, un jeune ouvrier, artiste peintre amateur , venu de Paris, accoste sur l'île de B. Il est venu reconquérir la femme qu'il aime, Youna et dont il est sans nouvelle depuis plus de trois ans, absence consécutive à son service militaire. Il a fait ce long voyage avec un bouquet d'arums quelques peu étiolés maintenant. (Henri connaît-il la signification de l'arum maculatum dans le langage idoine ? : l'ardeur !) Mais Youna l'éconduit, elle préfère vivre seule et jouir d'une certaine liberté . Elle ne l'hébergera pas pour la nuit, car l'île est un microcosme fourmillant redoutable et ici, tout se sait, et elle tient à sauvegarder sa réputation .
Une nuit d'errance donc pour Henrin à la belle étoile, de rencontres, dans un paysage marin attachant, une nuit pendant laquelle il réalise amèrement que Youna ne sera jamais à lui, au petit matin, le piètre bouquet d'arums, filant dans les vagues, confirme, définitivement cette triste évidence.
Il reprendra donc le bateau, le coeur meurtri, mais quand le sloop jette les amarres, il aperçoit une silhouette blanche, qui court, éperdue, sur le môle, qui tente de gagner le bateau. « Une forme, que les mouvements heurtaient rendaient floue, abstraite, grandit encore, muta en une tache turbulente dans le paysage calme, une empreinte vide sur un papier lisse, un accident sur une plaque de métal. » Trop tard, définitivement, trop tard, cruellement, irrémédiablement trop tard car quand le bateau accoste sur le continent, les cloches sonnent le tocsin, c'est le 2 août 1914, la mobilisation générale est décrétée , la suite , faite de drames, de chagrin, on peut l'imaginer sans peine.
Un amour qui ne se concrétisera pas, un amour flou pour l'éternité.
Un petit roman attachant, raffinée, délicat comme un effluve salin.
Sur les pas d'Henri, nous croisons d'autres personnages singuliers, nous assistons à des scénettes pittoresques, nous ressentons leurs sentiments, nous humons l'iode vivifiante , et nous nous imprégnons des multiples parfums cette île à la fois réelle, imaginée et sublimée par Sophie van der Linden .
Un petit texte choisi pour illustré la prochaine réunion de notre club littéraire avec pour thème « l'Amour flou ».

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Ses yeux errent sur le paysage qui défile. Henri arrive en gare de R. et, bouquet d'arums en main, se dirige vers la côte de cette cité bretonne pour embarquer sur un sloop faisant la traversée vers l'île de B.
Troublé et maladroit, il fait tanguer l'embarcation.
L'air iodé le séduit, il s'emplit du bleu de la mer estivale.

« Comment dire le silence ? À l'égal du secret, il est une part dissimulée au monde que personne n'est en droit de forcer. »
Et pourtant, Henri vient chercher des réponses au silence de Youna. Silence qui a investi et envahi l'absence de réponses à ses lettres envoyées lors de sa dernière année de service militaire.
Lui n'a pas choisi le silence.

C'est un homme, un étranger, sur ce sol ilien, et il sera là, à la croisée des vies du coin : un restaurateur dont le contentement jaillit de denrées commandées sur le continent, un coureur qui s'entraîne au marathon, un fermier attentif aux moindres variations de la nature, un touriste musicien qui compose dans la quiétude ilienne…
Obscurité d'un café, craquement des coquillages de la grève sous ses semelles, odeur âcre du goémon, voûte céleste d'une chapelle en ruines. Plaisir de banalités qui jalonnent les quelques heures de jour et de nuit passées sur ce sol.

Il faut se laisser porter par la contemplation, par la beauté de la plume artistique de l'auteure. Tout est effleuré avec finesse et poésie.
Autour de ces retrouvailles pour tenter de remplir l'absence, c'est un cheminement de quelques heures, de quelques pensées, de quelques sensations des uns et des autres. Quelques pages pour saisir au vol des esquisses de vies, effleurer une relation moribonde, percevoir la fragilité de l'instant et de la liberté.
Entre ciel, mer et terre, c'est juste vingt-quatre heures qui s'égrènent sur l'île de B. comme une petite parenthèse pour tenter de saisir l'insaisissable.
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Henri est un amoureux éconduit et malheureux.
Au point de partir chercher une explication auprès de celle qui s'est isolée sur une île bretonne. le jeune peintre passe vingt-quatre heures sur place, croisant dans ses déambulations quelques habitants, aubergiste, fermier, pêcheur, enfants et un improbable marin allemand.

Pour qui connaît l'île de Batz, ce petit livre contemplatif à une saveur particulière. On s'y promène plus aisément dans la description des lieux, jusqu'à l'évocation du jardin exotique, rêve insolite d'un bourgeois botaniste.
La petitesse de l'île, sa circonférence rapidement parcourue, la population attentive aux faits et gestes de chacun, tout concourt à parfaire le tableau d'un lieu en huit-clos, serein, protégé, magnifié par la nature, les oiseaux, les embruns.

La vigilance s'impose. On sent une menace à venir, une chute brutale dans les destins, qui viendra en fin de livre par la compréhension des dates et de l'actualité du monde tout proche.

J'ai savouré les pages, les mots, le tableau maritime décrit tout en finesse et émotion, les non-dits derrière la poésie du récit et l'effroi final quand le tocsin sonne.
La palette, soudain, se brouille.

Très belle lecture.
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Un titre, la reproduction d'une toile sur la couverture... il n'en faut pas plus pour éveiller le désir, succomber à la promesse du beau qui se niche dans ces cinq mots posés au-dessus du paysage subtilement rendu par le peintre. le format, les quelques lignes de la quatrième de couverture, tout m'incite à penser que je trouverai dans ce court roman un peu des qualités qui me plaisent chez Gaëlle Josse. L'attention aux détails, à la poésie des lieux, à la lumière. Alors j'embarque pour l'île de B. et je me laisse porter par la plume délicate de Sophie van der Linden que je découvre ici avec grand plaisir.

Et me voilà projetée dans ce paysage marin, aux côtés d'Henri embarqué sur le sloop qui fait la navette entre l'île et le continent. Il vient ici retrouver la jeune femme qui a choisi de le fuir et rompre leur serment pour s'installer sur cette île pendant qu'il faisait son service militaire. Il vient pour tenter de comprendre, le coeur empli de crainte et d'espoir mêlés. Une courte traversée, la découverte de cette île, quelques heures dans la vie d'Henri, quelques heures au cours desquelles son destin est suspendu - croit-il - aux mots de la femme avec laquelle il pensait faire sa vie. le temps est comme arrêté. le lecteur ne sait pas vraiment à quelle date se situe l'intrigue, en tout cas pas avant les dernières pages. Quelques indices laissent imaginer qu'on est au début du XXème siècle. Peu importe. Il s'agit d'une parenthèse. D'une atmosphère si typique de ces îles qui isolent. Ces terres enserrées par l'océan, comme protégées du reste du monde et des bruits qui grondent.

"Le bleu, contrairement au vert, est insaisissable. Je peux prélever une feuille, cueillir un brin d'herbe, les broyer au creux de ma paume, me tacher les doigts de leur jus. Mais le bleu du ciel ou celui de l'océan se défilent toujours. Qu'arriverai-je à tenir dans mes mains sur cette île ?"

L'auteure brosse un véritable tableau à l'aide d'une plume qui se fait tantôt pinceau, fusain ou pastel. Un tableau naturaliste où dominent la force des éléments, la beauté des paysages, la caresse du vent, la vie nocturne des animaux, le parfum des végétaux. Il se dégage de ce texte une poésie de tous les instants. Quelques notes de musique dans la nuit, le bruit des coquillages sous les pas du promeneur, une sieste sous la voute étoilée, les mirages furtifs évoqués par les nuages. Ce que saisit l'auteure, c'est la poésie de l'oubli du temps, la grâce d'un instant figé et à peine capturé, l'idéal de liberté. le croisement entre ce qui finit et la page blanche de tous les possibles. Un flottement, comme un rêve, avant le retour sur terre, au sens propre comme au figuré.

Un joli moment de lecture, guidé par la puissance des arts, la qualité de voir et de ressentir. Un bol d'air et de beau.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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C'est l'histoire de la fin d'un amour. Henri vient voir Youna, qui ne lui écrit plus, et qui est partie vivre sur une île, que l'on devine bretonne. Il veut lui demander des comptes, on le sent... Mais on sent aussi que c'est un sensible, un artiste, et il va en croiser, du monde, sur son chemin.
Car, si l'intrigue principale se poursuit bel et bien, en fait il s'agit d'une déambulation d'une journée sur cette île, et quand on croise un habitant, humain ou animal, on le suit et on traverse son histoire. le tout avec une omniprésence du paysage, de la mer, des êtres et des choses...
Il y a du Zola là-dedans, dans les descriptions naturalistes et qui se perdent parfois en circonvolutions précises, un Zola poétique et sensible...
J'ai beaucoup aimé ce roman d'ambiance, très fin, féminin, ciselé, sensible sans sensiblerie, vrai, dur et pur comme un joyau, très court mais suffisant. Une très belle découverte.
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Quel joli livre, j'ai eu l'impression de passer moi aussi 24 heures avec Henri sur cette île.
Les 24 heures que dure ce livre.
Henri jeune parisien qui vient de débarquer à la recherche de la femme qu'il aime tant, mais qui a décidé que sa liberté était plus importante que tout ce qu'Henri peut lui offrir.
Henri qui est arrivé avec l'espoir de la faire changer d'avis.
Henri, lui l'artiste, le peintre, le graveur, qui vient de passer trois ans à faire son service militaire et qui a tant souffert de ces années d'enfermement dans une caserne.
Henri qui devra se rendre compte que non, Youna ne changera pas d'avis et restera vivre cette vie de liberté dans la maison héritée de sa grand-tante.
Henri qui de retour sur le continent en cette belle matinée d'été du 1er aout 1914 comprend que quelque chose a changé pendant ces 24 heures passées loin de tout sur cette île.
Mais ce n'est pas seulement lui qui a changé, c'est le monde entier qui vient de changer à jamais.
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C'est un tout petit livre, avec une jolie couverture très douce. un paysage de bord de mer tout en teintes pastels, peint par Corot.
Henri arrive sur une île que Sophie van der Linden appellera l'île de B. Il vient retrouver Youna, dont il est séparé depuis un certain temps.
Le temps d'une journée, il erre sur le territoire et fait des rencontres.
C'est doux, c'est calme, et l'auteure nous fait part très finement des émotions du jeune homme.
Une petite perle de pudeur et de poésie.
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Roman subtil, d'atmosphère et avec un style excellent.
Hésitation avec une note un peu plus basse, car on survole l'intrigue plus qu'on ne la vit avec les personnages. Ma seule réserve, donc.
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