Le Dirdir est un des tomes du cycle de Tchai (Le trois) . Il est paradoxalement aussi anodin que riche et évocateur. Anodin parce que on est dans un roman d'action et d'aventure de SF populaire tout à fait orthodoxe avec une intrigue surlignée comme à l'habitude chez l'auteur. Il faut dans ce tome pour Adam ,essayer de quitter Tchai et donc il faut financer un vaisseau spatial .Sur ce monde immense les sequins (la monnaie locale) poussent sur des plantes assez rares et il faut pour les récolter gagner une ile où ils sont abondants. Cette ile est tenue par les Dirdirs. Elle a pour eux une fonctionnalité traditionnelle dans leur culture qui va compliquer la vie de l'équipe opportuniste et hétéroclite de Adam. Une équipe de choc à la composition savoureuse. Ce texte comme à l'habitude de l'auteur un texte tout public qui réalise des prouesses pour ce qui est de la densité passionnante et de la qualité de l'univers qui est riche et palpable. Ces extraterrestres , les Dirdirs sont absolument fonctionnels d'un point de vue romanesque et de même leur environnement est plaisant et étranger au possible. Cette étrangeté est fonctionnelle et cohérente avec eux en soit et dans leurs contribution à l'univers.
C'est un flots d'images que génère naturellement et systématiquement ce texte solide à l'univers dense et fabuleusement éloquent. Cette abondance de détails quelquefois déroutants fait oublier à mon humble avis, la simplicité relative et surlignée de l'intrigue.
Les affects des personnages sont denses et édifiants et ils évoluent significativement au fil des pages. Les espèces intelligentes dont l'humanité fait partie et au sujet de laquelle je ne suis pas certain qu'elle soit une espèce intelligente (sourires) ,sont ne l'oublions pas avant tout des animaux .Il est évident que les hommes sont des primates qui partagent avec d'autres primates un langage corporel étonnamment proche et une agressivité structurelle très codée. Et donc les Dirdirs aussi ont une origine également animale ce qui expliquera le caractère peu avenant de certains de leurs comportements sociaux et de certains de leur loisirs qui impactent significativement le file narratif de ce roman assez court.
PS : La couverture de mon exemplaire chez j'ai lu est tout simplement somptueuse.
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Lu d'une traite à la suite du tome précédent, seules les circonstances ont fait que je n'ai pas pu rédiger aussitôt mon avis de lecture.
Il me reste en mémoire énormément d'images de paysages fabuleux, de nombreux frissons d'horreur et une tension extrême face à l'intrigue.
Reith est toujours aussi décidé à trouver un vaisseau quand bien même il lui faut affronter des dangers et réaliser l'impossible exploit. Mais il n'a guère le choix car il commence à être connu et recherché sur cette planète ! Ses compagnons d'infortune lui sont fidèles et dévoués et il le leur rend bien : il n'hésitera pas à « plonger dans la fosse aux lions » (et c'est rien de le dire !) pour en sauver un ! Reith fait preuve d'un grand sens d'observation et de beaucoup d'ingéniosité. Ses compagnons le traite de fou mais le suivent avec une certaine confiance semble-t-il.
J'ai apprécié cette camaraderie mêlée à présent d'une réelle amitié. En contrepoint les méchants sont vraiment cruels, odieux et abjects ! le monde de Tschaï n'a décidément rien d'attirant quand on connaît ses us et coutumes… le caractère des habitants relève davantage de l'animalité que de l'humanité. Toutefois on lit avec plaisir car l'auteur, par son style certainement, rend tout cela étrangement attirant et fascinant. D'ailleurs j'ai retardé ma lecture du dernier tome afin de ne pas « sortir » trop vite de cet univers singulier. Je crois que je me suis attachée aux lieux et à ce groupe éclectique de camarades. J'ai également envie d'aller au bout du voyage :-D
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Challenge Jack Vance, épisode 5 :
"Le Dirdir", sorti initialement en 1969, est le 3e tome du "Cycle du Tschaï" ("Planet of Adventure" en VO, un titre nettement plus évocateur).
L’équipage du vaisseau Explorateur IV se rend dans le système de La Carène 4269, pour découvrir qui a tenté de communiquer avec la Terre il y a 150 ans (décalage temporel des distances en années-lumière oblige), mais l’appareil n’a pas le temps d’entrer dans l’atmosphère de la planète Tschaï qu’il est abattu par une torpille d’origine inconnue. Seul rescapé du crash, Adam Reith doit survivre et découvrir ce nouveau monde qui l’entoure, pour ensuite identifier ceux qui les ont appelés et ceux qui les ont attaqués, avant de regagner la Terre. (La similitude saute aux yeux avec le pitch de départ de "La Planète géante" paru en 1957, l’auteur livrant sans doute ici une version améliorée du roman qui l’a rendu célèbre en son temps.)
Sur Tschaï, plus on est de fous et plus on rit : c’est une planète de dingues où l’irrationalité est la normalité !
Des indigènes insectoïdes, des envahisseurs prédateurs, des contre-envahisseurs amphibies, des vagues de migrants reptiliens et des peuples humains esclave, tributaires ou libres qui commercent tous les jours sur les marchés, avant de s’entretuer joyeusement à la première occasion à quelques pas desdits marchés. On se demande vraiment comment Adam Reith va s’échapper de cette asile d’aliénés… ^^
Les Chaschs Bleus occupés à leurs jeux (la civilisation est-elle la voie la plus courte entre la barbarie et la décadence ? ^^), se regardent en chien faïence avec les Vieux Chasch (caricature de rednecks débiles), et les Chaschs Verts (caricature de sauvages amérindiens), les Wankhs cloîtrés dans leurs cités parce que personne n’est capable de comprendre leur langage musical, les Dirdirs s’éclatant en chasses du Comte Zaroff, les Pnumes souterrains s’amusant à ajouter de nouvelles scènes à la Salle de la Perpétuation, les Phungs psychopathes purs et durs qui seraient qualifiés de serial killers si on les laissaient le temps d’empiler les victimes... Les humaines ne sont pas en restent avec les Krugs persuadés d’être les vaisseaux d’âmes transgénérationnelles incarnées par leurs emblèmes et calque sur leur comportement sur l’histoire de leur emblème, les hommes dorés de Yao qui vivent dans une société sans lois mais avec tellement de règles de paraître et de bienséance qu’elle génère un mass shooting culturel lié au stress (considérée comme l’un des principales causes de mortalité), les Noirs et les Rouges qui pratiquent un ségrégation raciale intégrale bien qu’issus de la même espèce, les Khors tellement angoissés par la sexualité qu’ils doivent entrer en transe et se laisser habiter par l’Homme Primordial et la Femme Primordiale pour pouvoir procréer…
Jack Vance s’amuse comme un petit fou à donner corps et à donner vie à toutes ses civilisation et en bon worlbuilder l’auteur décrit chaque peuple avec un luxe de détails en et leur offre une géographie, une histoire et une culture avec sa langue, ses lois, ses modes…). On s’inspire des récits de voyages coloniaux et des carnets ethnographiques : Adam Reith fait l’effet d’un Américain du Middle West paumé à Zanzibar ! Mais derrière son odyssée, on peut déceler une critique du Tiers-Monde colonial tout autant qu’un critique des Etats-Unis, colonisés devenus colonisateurs… Il aborde le choc des civilisations avec des peuples tantôt exploités tantôt exploiteurs à travers des thèmes comme l’acculturation ou la déculturation : dommage que cela reste léger comparé à l’arrière-plan paternaliste du roman.
L’auteur est également un bon peintre qui excelle dans les descriptions évocatrices véritables invitation au voyage, d’autant plus qu’ici les personnages se déplace de civilisation en civilisation à travers les steppes, les océans ou les cieux. L’auteur est également et un dialoguiste qui nous régale de joutes verbales pleines de roublardises et d’hypocrisie entre les différents protagonistes de l’aventure (mention spéciale à Anacho !)
Bien sympa ce tome 3, simple, linéaire et prévisible, mais bien sympa quand même. Le récit est divisé en 2 parties :
- comment gagner des sequins ? (suivi d’une chouette scène d’action)
- comment dépenser les sequins ? (suivi d’une chouette scène d’action)
Après l’échec de l’opération commando chez les Wankhs, Anacho conseille à son compagnon de se rendre chez les Dirdirs et d’utiliser leurs chantiers pour construire le vaisseau spatial qui lui fait toujours défaut. Encore faut-il avoir l’argent nécessaire… La voie la plus simple et la plus rapide est d’aller récolter les bulbes de fleurs rares dans la région des Carabas, sauf qu’il s’agit de la réserve de chasse des Dirdis qui se faisant traquent, tuent et dévorent les êtres humains qui s’y aventurent. (L’économie de Tschaï semble en grande partie basée sur les fleurs, les parfums, et les essences mais ce n’est jamais explicité et encore expliqué : c’est bien dommage !)
Durant pas mal de page, Adam Reith se demande quel est la meilleure manière d’optimiser leurs chances de succès et de survie avant d’option pour une solution inédite : que les chassés deviennent chasseur ! (Ce que les prédateurs ne trouvent pas très fair play). Et tout cela se termine par une chouette scène d’action mettant Traz à l’honneur…
Désormais richissime, Adam Reith pour élaborer son vaisseau spatiale met en contact via Anacho avec l’ignoble Aïla Woudiver (orgueilleux, cupide, lubrique, obèse et pédophile… un méchant bien haïssable, véritable alter ego sud baron Vladimir Harkonnen du "Dune" de Frank Herbert). Je dois avouer que j’ai failli m’endormir durant les tractations sont fin entre les deux têtes de mules, notre héros faisant une fois de plus preuve de sa pingrerie habituelle. Le héros prend de haut son vis-à-vis et essaye de l’arnaquer tout en l’insultant, avant de se lamenter sur sa trahison… Tant mieux, tant pis car Adam Reith doit organiser une opération exfiltration pour libérer son compagnon Anacho offert en proie aux prédateurs dirdirs dans la Boîte de Verre qui fait office de colisée romain…
Et dans l’épilogue, notre héros retourne contre les Dirdirs les subtilités de la culture et affronte en ordalie l’un de leurs champions pour s’innocenter lui et ses amis des crimes dont ont les accuse…
Au final, un bon moment de SF vintage voire pulpienne. Mais on sent quand même que l’auteur s’est déjà lassé de ses jouets, et franchement c’est bien dommage.
On a donc tous les ingrédients d’un bon récit picaresque de SF résolument vintage : à la jonction des années 1960 et années 1970 on ici mélange agréablement le space-opera à aventures et le planet-opera à thèmes. Cela sent le pulp à la Edgar Rice Burroughs, donc outre la similitude avec "Le Guerrier de Mars" de Michael Moorcock, j’ai eu la joyeuse impression de lire une aventure en technicolor de "Flash Gordon", de "Buck Rogers" ou de "Captain Future". J’ai passé un bon moment, mais les événements s’enchaînent de manière trop rapide et trop facile, même pour un pulp…
Mais on rencontre toujours les limitations de l'auteur...
* Le héros Adam Reith n’est pas sympathique du tout. Les héros pulpien n’ont jamais été très subtils, mais là on est presque dans la caricature du héros républicain (qui a été rooseveltien avant d’être reaganien).
Il se pose comme un homme d’honneur mais il ment, il triche, il vole, il tue sans aucun état d’âme… Et le côté messianique tant vanté tombe régulièrement à l’eau tant il préfère prouver que ses valeurs sont les meilleurs raison plutôt que d’améliorer le sort de son prochain (d’ailleurs plusieurs personnages le qualifient d’« ingrat au cœur de pierre ») : ce qui le gêne ce n’est pas qu’il y ait des esclaves humains sur Tschaï, c’est que leurs maîtres soient des extraterrestres ; ce qui le gêne ce n’est pas que les Dirdirs puissent envahir la Terre, c’est que les Terriens puissent être moins puissants que les Dirdirs. Il remet en cause tel gouvernement, telle religion, telle loi, telle coutume… mais se fait la malle en les laissant ses vis-à leurs problèmes, souvent déclenchés par lui-même
Du coup j’ai parfois l’impression de l’entendre soliloquer "Moi Adam Reith, redresseur de tort, diffuseur de la magnifique civilisation démocratique des USA, il faut que je remette sur le droit chemin ces sauvages extraterrestres" (Dark Schneider copyright)
Je comprends mieux l’idéologie des gouvernements américains qui interviennent en partout dans le monde au nom de la défense des valeurs occidentales mais qui laissent tout le monde dans la panade une fois qu’ils ont prouvé qu’ils étaient les plus forts et donc qu’ils avaient raison.
Et puis, cet improbable génie de la survivance semble est invincible… Têtu, cabochard d’un optimisme délirant, il fonce d’abord et réfléchit ensuite, comptant toujours sur son instinct et sa chance insolente pour s’en sortir. Obstiné et impitoyable, il se dit rusé mais c’est toujours par la force et la violence qu’il règle ses problèmes. Peu de suspens, puisqu’il emporte sans coup férir tous les combats dans lesquels il est engagé, contre tous les champions qui lui sont opposés, provoquant à répétition des ordalies à mains nues, à l’arme blanches ou à l’arme à feu / à énergie contre tous
Enfin, il est radin comme pas deux : c’est un vrai running gag de le voir bakchicher sur tout et n’importe quoi avec tout le monde : c’est toujours trop cher et il veut toujours moins cher quitte à se retrouver dans des auberges mal famées ou des bateaux qui prennent l’eau (et pour un naufragé des étoiles, il est vachement au courant des prix hein !). J’ai bien ri dans le tome 3 quand l’ignoble Aïla Woudiver lui dit ses quatre vérités et lui démontre que puisqu’ils partagent les mêmes défauts, ils sont les deux faces d’une même médaille… Passé un cap, c’est tellement gros voire grotesque que je me suis demandé si cela n’est pas fait exprès pour faire passer un message derrière un second degré assumé…
* Le sexisme et la misogynie. On connaît l’auteur, ce n’est pas nouveau mais on s’en passerait bien volontiers…
La première chose que fait le héros après sa guérison c’est vouloir pécho une adolescente indigène qualifiée de sotte. Bien souvent il dépense beaucoup d’énergie à secourir des demoiselles en détresse, à les laisser seule au milieu de nulle part en très mauvaise compagnie, et il s’étonne ensuite très naïvement de devoir s’élancer à nouveau à la poursuite de leurs ravisseurs… (Soupir)
Gross modo, toutes les femelles sont des créatures immatures et irrationnelles, tantôt frivoles tantôt hystériques et il n’y a de salut pour elle que dans l’obéissance à un mâle qui s’occuper d’elles. Et je ne parle même des féministes dépeintes comme des psychopathes criminelles. Et puis on a aussi ce capitaine de navire alter ego de l’auteur, qui se frise les moustaches en matant deux jeunes filles en fleurs… (Soupir) On peut voir d’ailleurs en ce cycle le quête d’une cruche appétissante mais obéissante, puisque divers protagonistes décrive le bonheur comme une vie tranquille à la campagne en d’une jeune femme, d’une jeune fille ou d’une « fillette »… (Tremble) J’ai lu que Jack Vance n’était qu’un homme de son temps, qui écrit avant le women’s lib des années 1970. Ouais, c’est un peu léger comme explication car on retrouvera exactement la même chose dans les écrits de l’auteur datés des années 1980 et 1990. Passé un cap, c’est tellement gros voire grotesque que je me suis demandé si cela n’est pas fait exprès pour faire passer un message derrière un second degré assumé…
* Le syndrome Vance ! C’est-à-dire un excellent bâtisseur d’univers qui jubile à déballer ses jouets et à s’amuser avec mais qui s’en lasse très vite et qui n’hésite pas à bâcler ses histoires pour mieux passer à autre chose. Du coup, le récit est bien souvent prétexte à nous servir de guide touristique et à nous emmener en ballade à travers les contrées hautes en couleurs si chères à l’auteur…
Et maintenant, direction "Le Pnume" !!! blink
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Je trouve que ce tome est le meilleur des trois que j'ai lus, pour l'instant. Entièrement consacré au but premier de Reith (quitter Tschaï et donc se procurer un vaisseau par tous les moyens), on a les moeurs des Dirdirs et Hommes-Dirdir bien développés (ils sont peu sympathiques, d'ailleurs, dans l'ensemble, et on comprend qu'Anacho soit dubitatif et "choqué" par l'amitié que Reith lui porte).
Siviche est une ville "coupe-gorge" dans tous les sens du terme pour les hommes, et les "sous-hommes" tels que Reith et Traz y sont réellement quantité négligeable. Heureusement qu'ils ont un Homme-Dirdir de leur côté, qui leur explique toutes les coutumes, sinon je pense que Reith n'aurait pas fait long feu. D'ailleurs, il leur en arrive des vertes et des pas mûres dans ce tome, Woudiver faisant un méchant qu'on adore détester, obtus, rapace et vindicatif.
C'est une excellente série (le côté positif de l'histoire c'est qu'il n'y a pas de femmes, donc la tendance très misogyne de Vance n'agace pas, ici).
Tschaï est une planète décidément peu accueillante pour les hommes, même s'ils y sont légions, c'est foisonnant en cultures et en paysages, ce récit, vraiment excellent !
J'ai commencé le dernier tome "le Pnume" sitôt celui-ci fini...
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Adam Reith continue sa quête. Son retour sur terre ne se fera que s'il trouve un vaisseau. Mais il faut de l'argent, beaucoup. Il va donc devoir risquer sa vie pour en trouver.
On suit encore avec plaisir les péripéties d'Adam et c'est l'occasion de rencontrer les fameux Dirdirs et leurs moeurs étranges. On sent que Vance s'amuse beaucoup à créer tout l'écologie de ce peuple et de cette planète mais aussi à nous narrer les aventures de ce héros.
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