« le Dirdir » est le troisième tome des aventures de Adam Reith sur la singulière planète Tschaaï. A la fin du volume précédent (« le Wankh »), nous avons laissé nos héros (Adam Reith, Traz et Anacho) en face d'un projet aussi fou que peu réalisable : construire un vaisseau spatial pour revenir sur Terre. Bon, on est à la fois dans la fantasy et dans la SF, ça devrait pouvoir se faire… avec un peu d'imagination. L'imagination, ça, l'auteur en a à revendre. Mais ce qui manque le plus, ici comme ailleurs, c'est les pépettes, le flouze, le blé, l'oseille, le pognon, bref, les sequins. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Anacho trouve la solution : il suffit d'aller directement à la source dans la zone des Carabas, où poussent les fleurs à sequins, les « chrysospines » (au passage, si vous avez la formule du rempotage de l'arbre à euros, je suis preneur !). Et c'est le départ d'une nouvelle série d'aventures dont l'auteur a le secret. Je ne déflorerai rien (surtout qu'il s'agit de fleurs de sequins), sachez seulement que nos héros auront fort à faire avec les chasseurs Dirdir, dont la bienveillance n'est pas la qualité principale, et les peuplades du coin pour qui les étrangers (surtout ceux qui ne sont pas de chez eux) constituent forcément une menace.
Après beaucoup de difficulté, nos trois amis réunissent la somme convenue, et peuvent entamer la construction du vaisseau. Mais là naissent d'autres difficultés techniques, bien sûr, vous connaissez les artisans, ce n'est jamais le bon matériau, les délais ne sont pas respectés, etc. ; financières également, car les sequins fondent comme neige au soleil. Bref, à la fin du bouquin, les travaux ont bien avancé, mais on est encore loin du compte.
Les grosses ficelles qui ont si bien marché dans les volumes précédents, continuent à nous bringuebaler dans tous les sens, pour notre plus grand plaisir. Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures, seulement se laisser entraîner par le cours de l'histoire, vous aurez déjà assez de mal à tenir la rampe. C'est la méthode « pulps » : les décrypteurs de la société américaine mettront en avance les intentions de l'auteur, américaniste convaincu (tendance républicain, si vous voyez ce que je veux dire), avec une vision humaniste très particulière (où le racisme, le sexisme, la misogynie n'ont pas tout à fait disparu)… Ce n'est pas nouveau. On avait déjà ça chez
Edgar Rice Burroughs et Robert Erin Howard, on le retrouve chez
Moorcock («
le cycle d'Elric ») et la plupart des auteurs de fantasy de l'âge d'or. Mais ce n'est pas l'important, ça reste en arrière-plan et ne gêne aucunement le flot d'action qui vous emporte avec les personnages : Car Vance est avant tout un raconteur d'histoires, un montreur d'images (il faut dire qu'il nous en met plein la vue), comme un
George Lucas, en quelque sorte : l'action, l'humour, les personnages poussés presque à la caricature, tout en gardant une belle présence, et le rythme échevelé qui vous prend d'un bout à l'autre du roman.
Et ce qu'on retiendra aussi de ce roman (et d'ailleurs de toute la saga) c'est la couleur : on pense tout de suite à une adaptation en BD ou au cinéma (type justement «
La Guerre des étoiles »). Rappelons l'excellente adaptation (en tous cas pour moi) de
Jean-David Morvan (au scénario) et Li-An (au dessin), huit volumes (deux par roman) aux éditions Delcourt (2000-2008)