Si nous n'avons pas de véritables réponses, c'est parce que nous ne savons toujours pas quelles questions poser.
L'Oiseau Fantôme avait trouvé son fantôme, sur un tas inexplicable, d'autres fantômes.
Je me suis réveillée le lendemain matin avec des perceptions sensorielles plus fines, si bien que même l’écorce rêche et marron des pins ou la très ordinaire brusque descente en piqué d’un pivert m’apparaissaient comme une espèce de petite révélation. Il ne restait plus rien de la fatigue persistante due aux quatre jours de marche entre la frontière et le camp de base. Effet secondaire des spores ou simple résultat d’une bonne nuit de sommeil ? Je me sentais tellement revigorée que je m’en fichais un peu.
Malgré l'interdiction de nous retourner à l'arrivée, j'ai jeté un petit coup d’œil par-dessus mon épaule en profitant d'un moment de distraction de la psychologue. Je ne sais pas trop ce que j'ai vu. C'était flou, indistinct et déjà loin derrière nous... peut-être un portail, ou une illusion d'optique. L'impression soudaine d'un pavé de lumière qui crépitait et s'estompait à toute vitesse.
Aucun être vivant n'est véritablement objectif... même en vase clos, même s'il ne reste rien au cerveau qu'un désir mortel de vérité.
Là où gît le fruit étrangleur venu de la main du pécheur je ferai apparaître les semences des morts pour les partager avec les vers qui... se rassemblent dans les ténèbres et cernent le monde du pouvoir de leurs vies tandis que depuis d'autres endroits vastes et mal éclairés des formes qui ne peuvent exister se contorsionnent par impatience des quelques qui n'ont jamais vu ni été vus... Pourquoi devrais-je me reposer quand la méchanceté existe dans le monde... L'amour de Dieu brille sur quiconque comprend les limites de l'endurance, et permet le pardon... Choisi pour servir des puissances supérieures... dans l'eau noire avec le soleil brillant à minuit, ces fruits arriveront à maturité et dans l'obscurité de ce qui est doré s'ouvriront pour révéler la révélation de la douceur fatale dans la terre... les ombres de l'abîme sont comme les pétales d'une monstrueuse fleur qui éclora à l'intérieur du crâne et développera l'esprit au-delà de ce que tout homme peut supporter... mais que la pourriture se fasse sous terre, à la surface dans les champs verts, en mer ou dans l'air lui-même, tout viendra à révélation, et à délectation, dans la connaissance du fruit étrangleur et la main du pécheur se réjouira, car il n'y a ni dans l'ombre ni dans la lumière péché que les semences des morts ne puissent pardonner... Il y aura un feu qui connaît ton nom, et en présence du fruit étrangleur, sa flamme sombre s'emparera de chaque partie de toi... Il y aura dans la plantation dans les ombres une grâce et une clémence qui feront éclore de sombres fleurs, et leurs dents dévoreront et soutiendront et proclameront le passage d'une époque... Ce qui meurt connaîtra malgré tout la vie dans la mort car tout ce qui se décompose n'est pas oublié et les réanimés parcourront le monde dans une félicité de non-savoir...
Pendant que je m'adaptais à la lumière, le Rampeur ne cessait de changer à toute vitesse, comme pour se moquer de ma capacité à le comprendre. C'était une silhouette dans une série de panneaux de verre réfractés. C'était une série de strates en forme de porche. C'était un énorme monstre genre limace entouré de satellites de créatures encore plus étranges. C'était une étoile luisante. Mes yeux ne cessaient de s'en détourner comme si un nerf optique ne suffisait pas.
Il était d'une beauté qu'on ne pouvait pas comprendre davantage, et voir de la beauté dans la désolation change quelque chose en vous. La désolation tente de vous coloniser.
Dans ces profondeurs, je ne parvenais pas à comprendre ce que j'avais sous les yeux et aujourd'hui encore, j'ai beaucoup de difficultés à le reconstituer. À dire quels vides mon esprit est peut-être en train de combler rien que pour ôter le poids de tant d'inconnues.
Il y a certaines formes de mort qu'on ne devrait pas s'attendre à revivre, certaines formes de liens si profonds que quand ils disparaissent, on sent soudain quelque chose casser en soi.