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sur 688 notes
Après le huis clos tragique de Sukkwan Island, David Vann remet le couvert avec cet opus paru sous le titre original de Caribou Island ; du nom d' un ilôt inhospitalier situé au milieu d' un lac glaciaire aux confins de l' Alaska -- ilôt sur lequel Gary et Irène, couple de cinquantenaires en crise fraîchement retraités, vont jouer les Robinsons amateurs.Nous suivons également en parallèle les déboires de trois autres couples plus jeunes et tous dysfonctionnels.Ainsi,pour l' auteur, le couple est perçu avant tout comme une arène de lutte impitoyable pour le pouvoir, tout comme le lieu de la plus grande solitude qui soit. Un roman sombre , captivant et destabilisant, mais qui devrait consoler tous les exclus de la Saint-Valentin.
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Encore une fois, l'auteur nous emmène dans des contrées glacées, voire désolées, tellement la vie y semble rude pour les personnages qu'il choisit de nous présenter.
Gary et Irène, un couple d'une cinquantaine d'années habitent sur les rives d'un lac en Alaska et projettent de construire une cabane en rondins au beau milieu d'une île isolée, et ce, alors que l'hiver est déjà là et qu'Irène est de plus en plus souvent malade.
Leur fille, Rhoda, la trentaine, essaie quant à elle de s'accrocher à ses rêves d'une vie de famille idéale en dépit des interrogations du futur mari, et leur fils, pêcheur saisonnier, passe tous ses hivers à fumer des joints.

Nous les regardons se débattre contre leurs sentiments, leurs angoisses et surtout contre les éléments, dans cette région où la nature peut être très hostile si on ne la respecte pas.
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On retrouve le même style minimaliste et sans fioriture qui se concentre sur l'essentiel, à savoir le devenir d'un couple en dérive et de ceux qui les entoure (leurs deux enfants et leurs partenaires). Mais c'est bien là le seul point commun avec Sukkwan Island, même l'environnement y est moins hostile. Ca ne foisonne pas d'action (loin s'en faut) et pourtant on ne s'ennuie pas une minute tandis que l'auteur nous fait partager le quotidien et les pensées de ses personnages. C'en est presque jubilatoire de voir la haine s'installer progressivement entre Gary et Irene, n'y voyez pas là un plaisir sadique, c'est juste la plume de David Vann qui excelle à alourdir le climat sans concessions, ni parti pris.

Si Gary et Irene sont d'accord pour dire qu'ils n'ont pas vécu la vie qu'ils espéraient chacun en rejette la faute sur l'autre, d'abord en ruminant ses regrets dans son coin, puis peu à peu en se les balançant à la gueule de plus en plus crûment. Il n'y a aucune violence physique mais parfois les mots peuvent faire plus de mal qu'une gifle, et avec le temps le mal se gangrène dans le coeur et l'esprit, la rancoeur, poussée à son paroxysme, ne peut que déboucher sur une issue fatale. Et c'est le cas ici, on devine que ça finira mal et l'on regarde le couple s'enfoncer jusqu'au point de non retour, jusqu'à l'irréparable.

Si le bouquin est moins « dérangeant » et moins « percutant » que Sukkwan Island il n'en reste pas moins agréable à lire, comme pour son prédécesseur à éviter toutefois en période de blues à l'âme…
Lien : http://amnezik666.wordpress...
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Il y a plus qu'un air de famille entre Sukkwan Island et Désolations, les deux romans de David Vann, le dernier en date étant largement meilleur que le premier, dont la complaisance morbide n'a visiblement pas refroidi une critique dans l'ensemble élogieuse. Désolations commence plutôt bien, avec de longues descriptions d'une nature belle et farouche, celle d'Alaska, et des allers et retours entre plusieurs couples qui ont en commun de battre de l'aile. En particulier celui d'Irene et Gary, ce dernier persistant dans son idée de construire une cabane dans une île déserte, au grand dam de son épouse. Peu à peu, tout se dérègle, et un climat malsain commence à apparaître, que la plume de David Vann prend plaisir à contempler. Il y a chez cet auteur un pessimisme intrinsèque quant à notre condition d'être humain voué à ne s'épanouir que dans la solitude, ce qui peut se concevoir, mais surtout un goût pour enfoncer ses personnages dans la médiocrité (ils sont presque tous sans exception lâches et égoïstes), qui est déprimant au possible. Par bonheur, il ne ressort pas de sa manche un coup de théâtre sordide comme dans Sukkwan Island, il se contente de nous amener sans espoir de retour vers un dénouement qui ne pourra être que tragique. Plus fouillé du point de vue psychologique et moins manipulateur que son premier roman, Désolations laisse cependant une impression désagréable.
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Est-ce que l'amour, c'est suivre l'autre même si on pense que ses idées, ses projets sont complètement fous ? Ou bien agit-on juste par peur de se rebeller, de dire enfin non, et sans doute, de voir se rompre d'un coup les années de vie commune et de partage ?

Une question que se pose Irène, qui accepte de suivre Gary et de l'aider à construire la cabane dont il rêve sur Caribou Island en Alaska, une île perdue et inhabitée, inhospitalière au possible. Les éléments se déchaînent contre eux et elle est consciente que cette cabane n'est pour son mari qu'une fuite en avant de plus, une utopie à laquelle se raccrocher pour (se) faire croire qu'il est capable de réaliser ses rêves. Mais Irène s'accroche, au péril même de sa vie. Des maux de têtes insupportables l'assaillent qui la laissent épuisée, quasiment aveugle et impotente, mais elle participe à l'obsession de la cabane comme un automate qu'on n'arriverait pas à débrancher…

Leur fille observe et ne comprend pas ses parents, mais a déjà bien du mal à s'occuper de son propre couple vacillant pour leur apporter son aide, qui n'est de toute façon pas souhaitée.

Pas de page 113 ici, la fameuse page qui nous a fait sursauter dans Sukkwan Island. Mais une lente montée de la folie et du drame qui pèse, pèse… Si j'ai beaucoup aimé ce roman, il m'a cependant paru extrêmement déprimant. Vous le savez, amis lecteurs, j'ai un mal fou avec les gens qui se laissent vivre, qui se laissent mener par le bout du nez et acceptent leur propre malheur sans ruer dans les brancards. Cette Irène, comme j'avais envie de la secouer, de lui botter les fesses en lui disant « barre toi, mais barre toi de là, ton homme aura ta perte ! ». Rhoda également se voile la face… de même que le père. Chacun d'eux continue sur une voie qu'il sait périlleuse, dangereuse, mais ne veut pas s'en détourner, accepter qu'on puisse se tromper, et renoncer parfois aussi par sagesse.

Ici, on est seul face à la nature, qui n'a rien d'accueillant et de chaleureux. Mais les protagonistes de l'histoire sont également seuls face à eux-mêmes, dans leur folie, dans leur obsession, leur volonté bornée. La désolation, c'est celle du paysage aride et violent, mais aussi celle des coeurs, secs et racornis. C'est l'angoisse insidieuse qui monte au fil des pages, qui se diffuse dans les pensées, qui fait craindre le pire. C'est la menace de la tragédie qui plane sur les têtes, l'attente d'une fin inévitablement violente et malheureuse, implacable et à laquelle il est vain de tenter d'échapper…

La virginité du territoire, de cette île isolée pourra-t-elle rendre jeunesse et amour au couple ? La vie au contact de la nature les ramènera-t-elle vers leurs racines ? C'est ce que veut croire Gary, mais la nature ici est rebelle et sauvage et ne s'en laisse pas conter…

Un roman magnifique, mais bien désolant. Tant de gâchis dans les vies…

Lien : http://liliba.canalblog.com/..
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L'auteur a-t-il voulu surfer sur le succès de Sukkwan Island? Quelle déception: il nous offre avec Désolations qu'une pale copie de son 1er roman, qui ne peut se résumer qu'à son titre...
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Merveille d'écriture et de roman, empli d'humanité et de réalité qui, même si elle n'est pas trrès optimiste est tout à fait réaliste. Gros coup de coeur.
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On retrouve le même thème que dans son précédent roman, le rachat d'une virginité par le retour à la terre...

loin d'être raté, je conseille cependant de lire d'abord Sukkan Island qui à mon goût recèle tout le génie narratif de son auteur

Ici nous avons des retours entre la civilisation et le havre de paix imaginé
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Ouvrage remarquable sur la solitude, les relations de couple, les remises en question, sur les choix de l'existence ; le tout dans une Alaska moderne, entre pêche, construction de cabanes et séances de sauna.
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Une fois de plus David Vann part du rêve de la cabane sur une île solitaire pour nous envoyer dans un univers de froid sentiments d'ou l'amour semble absent. Glacial à souhait. C'est un monde ou l'on ne parle pas ; on y vit ses ressentiments seul, les laissant cloner jusqu'à l'explosion. Si comme moi vous aimez lire les dernière pages en premier abstenez-vous.
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