La stabilité fait imploser l’amour en douce poussière, lentement mais inexorablement, il est essentiel d’en être averti, et le transmue en une morne indifférence ou en une tendre amitié, ce qui n’est certes pas à négliger par les temps qui courent. En échange, sécurité, protection, éloignement des prédateurs, quiétude de l’esprit et point de solitude compacte mais une solitude allègre, à l’occasion.
Il faut savoir ce qu’on veut.
Toute vérité vient à point à qui sait attendre.
La lune éclaire la sidérale obscurité de l’univers, guide nos pas dans les ténèbres et commande aux mouvements de toutes les mers du globe sans même lever le petit doigt.
Le surdosage peut entraîner le rejet définitif de l’objet aimé, un peu à la manière dont une absorption outrancière de noisettes se rappelle à votre souvenir plus de trente ans plus tard. Il en va du surdosage en noisettes comme du surdosage en amour : s’il n’est pas traité dans les temps, l’effet peut être irrémédiable. Exigez sur-le-champ qu’on baisse la dose, il en va de votre survie, s’agissant d’amour.
Il est donc indispensable à l’homme de se dégotter un ennemi vite fait et si possible plusieurs, et ce dès son plus jeune âge. Car sans ennemi, l’individu ne sait pas qui il est, et il en est embêté à l’extrême.
Le lion, car j’ai le regard chevillé sur ma structure, ne fout strictement rien de la journée pendant que la lionne, encore mal acquise aux principes de l’égalité, se lève dès l’aube pour aller au boulot, la nuit aussi en heures supplémentaires, fait les courses, prépare la bouffe, s’occupe des petits, toilette, éducation, jeux, apprentissage de la position couchée pour les jeunes mâles et debout pour les jeunes femelles. Il serait injuste cependant de dénier au lion toute forme d’activité. Le lion surveille. Et c’est énorme. D’un œil las et souverain, il guette les environs (mais sans scruter le bus, attention, car le lion est un sage et non un homme) et permet ainsi à la lionne d’aller vaquer à ses menues occupations en toute sécurité.
Tout vient à point à qui sait attendre, patience mon garçon.
Distrayez l’homme et les exposés les plus rudes pénétreront sans peine.
Si la distraction peut sembler la plus futile des occupations humaines, ce n’est là qu’apparence, et trompeuse, qu’on se souvienne du concept du ver de terre, je tiens mon fil, je ne le lâche pas. Car sans distraction, point n’est possible de faire avaler les aphorismes les plus ardus à l’être humain. L’esprit renâcle, il se cabre devant la difficulté, la paresse survient, engloutissant l’effort, et le livre se voit délaissé.