L’homme est très fortiche pour se poser des questions mais dès qu’il s’agit d’y répondre, il n’y a plus personne.
Les digressions, les méandres, les bavardages insignes propres aux écrivains aussi talentueux qu’inutiles à l’humanité sont la mort du recueil de vérités. Charpenter, ordonner, croiser sans mollir le fil de chaîne et le fil de trame, c’est le secret du recueil efficace.
Rien ne m’arrête, rien ne m’effraie, hormis, et c’est humaine nature, les objets déconcertants que sont pour tout un chacun les chiens, les vaches, les skis, l’avion, les papillons de nuit, la montagne, la mer et autres vétilles. De par ce caractère peu commun, j’ai la bonne fortune d’allier l’esprit des Lettres avec l’esprit des Sciences, qui seront ici hautement profitables, l’esprit de rangement des placards et d’essuyage des miettes, de rares capacités de perception de l’âme humaine, que je lis tel un livre ouvert, que cette âme soit bantoue ou de Villiers-d’Écaudart, secondées par des facultés de mémorisation hors normes.
On n’a que trop tardé. Que depuis trente mille ans on recule pour mieux sauter, soit, je veux bien l’admettre. Mais un jour advient où trop, c’est trop, et où il est impérieux de saisir le taureau par les cornes. Par cette métaphore j’ai nommé la Vie, et ses mystères. Chaque jour nouveau délivre son lot de questions insolubles et si l’on additionne en mois, en années, concevez la somme d’incertitudes qui nous écrase, imprimant à nos existences cette démarche chancelante faite de millions de bourdes inlassablement répétées.
Les vérités sur l’existence sont des flèches d’or qui visent à la cible en un jet, tout bonnement, et le caractère éminemment petit de l’ouvrage atteste les certitudes de l’auteur, dont l’esprit pénétrant n’a que faire des dilutions. Un véritable bâtisseur de Traité sait les choses et il y va droit, sans regimber. En quelque cent feuillets, l’affaire doit être réglée.